Nouvelles preuves du rôle joué par Israël dans la guerre par procuration menée en Syrie
La semaine dernière, on a vu apparaître une vidéo montrant un membre de l’Armée israélienne en train de soigner un rebelle syrien anti-Assad qui avait été blessé. Déjà, l’an dernier, un rapport établi par l’ONU mentionnait des contacts réguliers entre l’Armée israélienne et des « rebelles » syriens dont l’Etat islamique. Le Times d’Israël a parlé de cette vidéo dans un article qui avait pour titre « L’Armée israélienne envoie une vidéo montrant des médecins en train de soigner un rebelle syrien dans le Golan. »[1]
Samedi dernier, l’armée israélienne a diffusé une séquence rare montrant ses médecins s’efforçant de sauver la vie d’un des combattants syriens les plus gravement blessés que le personnel médical ait jamais trouvés sur les Hauteurs du Golan…
L’homme en question était un rebelle syrien appartenant à une organisation anonyme luttant contre le régime d’Assad et ses alliés. Il a reçu un premier traitement à la frontière, puis en Israël et a finalement été en mesure de regagner la Syrie…Depuis le début de la guerre en 2011, l’armée israélienne a soigné à peu près 1600 personnes, des civils et des combattants contre Bachar al-Assad…Il peut sembler bizarre qu’Israël soigne des militants syriens dont beaucoup appartiennent à des organisations islamistes telles que Al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda, d’autant plus que, par le passé, ces groupes n’ont pas caché leur animosité à l’égard de l’état juif. Israël aurait donc décidé d’aborder le problème de façon humanitaire?
Le Times d’Israël s’efforce de présenter l’aide apportée par Israël aux rebelles syriens comme purement « humanitaire ».
Mais, en réalité, si Israël soutient l’opposition syrienne, c’est dans son propre intérêt géopolitique. Cela fait des dizaines d’années que l’establishment israélien a pour objectif géopolitique l’affaiblissement du régime syrien.
Des documents stratégiques datant des années 1980 présentent en détail cet objectif. Oded Yinon, un journaliste israélien qui a eu des liens étroits avec le ministre israélien des Affaires étrangères, a écrit en 1982 un article paru dans un journal de l’Organisation Sioniste Mondiale. Dans cet article qui a pour titre » Une Stratégie pour Israël dans les Années 80« [2] Yinon dit en résumé que « la dissolution de la Syrie et de l’Irak » sont les objectifs « prioritaires d’Israël » dans la région. La dissolution à venir de la Syrie et de l’Irak dans des zones où règnerait l’unicité ethnique ou religieuse, comme au Liban, est, à long terme, la cible prioritaire d’Israël sur le front de l’Est. La dissolution de la force militaire de ces deux états est la cible prioritaire à court terme »(p.11.)
Ce désir stratégique d’affaiblir la Syrie et l’Iraq a été réitéré en 1996 lorsqu’un groupe d’étude mené par le néoconservateur Richard Perle a remis au Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, un rapport sur la politique à mener intitulé: « Une Coupure Nette: Nouvelle Stratégie pour Sécuriser le Royaume. »[3]
On peut lire dans ce rapport:
« Israël peut façonner son environnement stratégique en coopération avec la Turquie et la Jordanie en affaiblissant, en contenant et même en réduisant la Syrie. Cet objectif peut se concentrer sur le départ de Saddam Hussein du pouvoir- ce qui est en soi un objectif stratégique israélien d’importance- comme moyen de contrecarrer les ambitions régionales de la Syrie. »
Plus récemment, des officiels israéliens ont dévoilé en public leur désir de renverser le régime de Damas et de briser l’alliance entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. Dans une interview donnée en 2003, Michael Oren, qui était alors ambassadeur israélien aux Etats-Unis, déclara en public qu’Israël « avait toujours voulu le départ de Bachar al-Assad ». [4] Il ajouta que « le plus grand danger pour Israël (était) l’arc stratégique qui relie Téhéran, Damas et Beyrouth. »
Cependant, depuis le début de la guerre par procuration, Israël ne s’est pas contenté d’apporter une aide médicale à l’opposition syrienne. Tel Aviv a bombardé des territoires syriens régulièrement[5] . De plus, Israël a fourni des armes aux troupes luttant contre Bachar al-Assad. Au mois d’août de l’an dernier, Sharif As-Safouri, à l’époque commandant du Bataillon Al-Haramein de l’Armée syrienne libre, a révélé qu' »il était entré cinq fois en Israël pour rencontrer des officiers israéliens qui, plus tard, lui ont fourni des armes anti-char soviétiques et des armes légères ». Ses propos ont été rapportés dans le Times of Israël.
On a aussi accusé Israël d’avoir créé l’Etat islamique et d’avoir favorisé son ascension. Hassan Firouzabadi, chef du personnel des forces armées iraniennes, a déclaré que l’Etat islamique avait été créé et était soutenu par Israël, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis en vue d’atteindre leurs objectifs personnels. En 2014, un rapport qui semblait venir de Gulf News[6] affirmait, lui aussi, que le chef de l’Etat islamique et soi-disant nouveau calife, Abu Bakr Al Baghdadi, avait été formé par le Mossad[7] . Cependant, la validité de ce rapport a été parfois mise en doute. Il faut aussi noter que certaines informations télévisées affirment que Baghdadi a été gravement blessé[8] ou même tué par un drone lancé en avril par les Américains.
Il n’y a aucun doute là-dessus: Israël joue un rôle-clé dans la tentative de destruction de l’état syrien. Israël s’est rendu coupable de la mort de millions de personnes en apportant son aide aux mercenaires anti-Assad. Selon un rapport de l’ONU, les Syriens occupent, à l’heure actuelle, la 2e position dans la liste mondiale des réfugiés. Ils viennent juste après les Palestiniens. Et tout cela grâce à l’axe du mal OTAN-Israël-Arabie saoudite qui ont financé et soutenu les armées rebelles en Syrie.
Par Steven MacMillan | 19 mai 2015
[1] « IDF posts footage of medics saving Syrian rebel in Golan. »
[2] « A Strategy for Israel in the Nineteen Eighties. »
[3] « A Clean Break: A New Strategy for securing the Realm. »
[4] « always wanted Bashar Assad to go. »
[5] « Syrian territory repeatedly »
[6] Nouvelles du Golfe
[7] Trained by the Mossad
[8] Baghdadi was seriously injured.
Article original: http://journal-neo.org/2015/05/18/more-evidence-of-israel-s-dirty-role-in-the-syrian-proxy-war/
Traduit par Christine Malgorn – Auteur de Syrie, mon amour. 1860, au cœur de la guerre oubliée. Edition Harmattan, 2012 – Voir la vidéo (disponible sur Amazon); et de « Bienvenue au Shéol » paru en avril 2015 (disponible en numérique sur Amazon, et bientôt en format papier). Voir son blog:https://cmalgorn.wordpress.com)