Daesh ou le festin des charognards
Outre le commerce de pétrole, de biens culturels volés et de rançons, le soi-disant Etat Islamique du Levant ou le Daesh profiterait aussi des revenus tirés de la vente d’organes des exécutés.
L’information précitée a pour source les révélations de Mohamed Alhakim, représentant permanent de l’Irak au Conseil de sécurité de l’ONU.
Morbides en soi, les crimes commis par les fanatiques leur rapporteraient également un pactole en sonnant et trébuchant. Ce qui n’est pas sans rappeler les nazis qui vendaient la peau des exécutés aux entreprises spécialisées en maroquinerie sans parler des cheveux et des prothèses dentaires en or.
En principe tout est possible et rien n’est nouveau ici-bas. Le même exercice écoeurant, une véritable chasse à l’homme, se déroulait en Syrie pendant la période active de la guerre qui y fait toujours rage. Il y a 2 ans, Alain Jules, journaliste indépendant, expert en relations internationales, a consenti à répondre à la question de Sputnik portant sur la réalité de ce commerce en Syrie:
Alain Jules. Ce qui est sûr, quand on voit ce qui se passe sur le terrain (…), quand les combattants étrangers meurent en Syrie (…), on s’aperçoit que ces gens-là n’ont pas de sépultures. Soit leurs corps devraient être incinérés — ce qui n’est pas le cas, or, il y a énormément de cadavres — soit ils devraient être enterrés, ce qui n’est pas le cas non plus. Qu’est-ce qu’on en fait alors?Je me demande! Alors il est probable qu’il y ait prélèvement d’organes et puis comme les terroristes d’Al Nosra ont démantelé beaucoup d’usines — toutes les usines dans les environs d’Alep ont été démantelées — au profit de la Turquie, pourquoi ne pas en faire autant avec les organes des Syriens tués ou blessés au profit de Téhéran? (…). Voyez-vous, comme ces gens vendent tout ce qu’ils peuvent vendre, pourquoi ne pas vendre un rein ou un poumon? Ce ne sont pas de vrais combattants, ce ne sont pas de vrais croyants. Ce sont des chasseurs de primes (…).
Il est également vrai qu’avant la Syrie les dépeceurs ont su s’insérer dans le contexte de la pacification de la Yougoslavie où ils pratiquaient les mêmes actes immondes. Suite à un rapport présenté par Dick Marty à la Commission Européenne ce trafic aurait été maîtrisé. En Serbie, cependant, on a atteint le paroxysme de violence avec la découpe des soldats faits prisonniers et même non-anesthésiés quand ils passaient au bistouri. Notre rédaction a mené des investigations et un fin spécialiste de la question, l’éditeur suisse Slobodan Despot, très proche des cercles politiques de son pays respectif, a mis alors le doigt sur la touche:
Sputnik. Existe-t-il un moyen de mettre fin à ce trafic?
Slobodan Despot. Je crois que c’est très simple: on dispose d’une enquête… On dispose des preuves… On dispose du lieu. En plus vous n’êtes pas sans savoir que le Ministère public serbe a recueilli un témoignage direct d’un des participants au trafic d’organes. Il est placé sous protection de la police serbe actuellement. Il suffirait pour le Conseil de l’Europe de diligenter une enquête européenne et non pas locale pour savoir ce qu’il en est et prendre des sanctions. Mais je doute très fort que quelqu’un ait vraiment envie de mettre fin à ce trafic. »Sputnik. En Syrie, les gens ont peur de sortir dans la rue à cause des chasseurs d’organes. Et en Serbie?
Slobodan Despot. Bien sûr! Les Serbes du Kosovo sont sous la menace permanente. C’est celle de se faire enlever pour le trafic d’organes ou tout simplement de se faire tuer dans la rue. C’est une région où la minorité est dans une situation totalement précaire et la preuve de la mauvaise volonté de l’Europe Occidentale l’UE ci-incluse, qu’ils ont reconnu cet Etat qui ne remplit pas les conditions élémentaires du respect des droits humains! Si les gens se font pourchasser dans la rue, si les églises sont brûlées au Kosovo, et que personne ne réagit, pourquoi réagirait-on contre le trafic d’organes?
Et finalement cette opinion est également partagée par un militant de la droite française, professeur de droit international Olivier Tournafond qui non seulement s’indigne du laxisme international, mais demande de strictes mesures de contrôle de ces flux d’organes.
Olivier Tournafond. La question de la vente d’organes de manière criminelle et illicite est prévue par le Droit Français. Le corps humaine est inaliénable et les organes ne peuvent être commercialisés que dans les cas absolument stricts: la loi sur le prélèvement d’organes, etc. Aucun organe produit de manière illicite ne peut être utilisé par voie officielle en tout cas. D’autre part, il n’y aucune possibilité de les utiliser sur le territoire européen, à mon avis! Sans compter qu’il faut quand même remettre les chiffres en perspective: il y a beaucoup d’actes de barbarie effroyables, notamment, des décapitations, des crucifixions… Mais fort heureusement, cela ne touche que quelques dizaines, voire quelques centaines de victimes par an ou à la rigueur, quelques milliers. Mais c’est très médiatisé! Cela étant dit, vous avez plus de chances de mourir en tombant d’une échelle de toit ou dans un accident de circulation que de mourir sous les coups de Daesh! Il faut quand même relativiser! Ce n’est pas des hécatombes énormes qui permettraient d’alimenter le commerce à l’échelle industrielle.Ainsi donc le danger serait un peu surestimé, mais les actes commis sont appelés à faire comprendre à tous les intéressés que l’Etat du Levant entend aller jusqu’au bout.
Autrement dit même si le trafic d’organes il y a, cela ne représente qu’une infime partie des atrocités commises par Daesh à titre quotidien.
Alexandre Artamonov | 01.03.2015
Source : http://fr.sputniknews.com/interviews/20150301/1014952193.html#ixzz3TDeQbSDf