Quantcast
Channel: JEAN-MARIE LEBRAUD
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5872

NE RÉVEILLEZ PAS L' OURS ( POUTINE ) QUI DORT !

$
0
0


Vladimir Poutine : l'ours de la Taïga russe se dresse face aux Etats-Unis – VOSTFR


 

Dans cet extrait des échanges avec les journalistes lors du Forum de Valdaï tenu le 24 octobre 2014 (voir le discours complet de Vladimir Poutine prononcé à l’occasion), le Président russe fait un bref mais magistral rappel de de l’état  des relations internationales de 1945 à nos jours, en mettant l’accent sur les crises récentes qui ont toutes pour origine l’arrogance et l’hybris des Etats-Unis et la soumission de leurs vassaux (Afghanistan, Yougoslavie, Irak, Libye, Syrie…).

A travers l’image de l’Ours de la Taïga, il réaffirme sa détermination à défendre la souveraineté et les intérêts nationaux de la Russie contre toute agression, à l’instar de ce qui s’est passé en Crimée, ainsi que l’attachement de la Russie à un monde multipolaire régi par le droit international.

Dans le second extrait, qui provient des échanges avec les journalistes lors de la conférence de presse annuelle du 18 décembre 2014, le Président russe Vladimir Poutine file sa métaphore de l’ours de la Taïga pour affirmer que face à l’impérialisme des Etats-Unis, il n’y a qu’une alternative : l’humiliation de la vassalité, ou la dignité d’une attitude souveraine, qui nécessite une position de force, et entraîne irrémédiablement l’hostilité et l’agression américaines au gré de divers crises qui ne constituent que des prétextes.

Vladimir Poutine se livre chaque année à cet exercice qui peut durer jusqu’à quatre heures, et durant lequel il répond de manière impromptue aux questions les plus agressives de journalistes du monde entier.

Ce franc-parler, cette hauteur de vues et cette stature sont, hélas, introuvables en France, de l’extrême gauche à l’extrême droite de l’échiquier politique, que ce soit parmi les (prétendus) admirateurs de Vladimir Poutine ou ses contempteurs.

 

 

Transcription



Premier extrait :

 

Texte original (russe) : http://kremlin.ru/news/46860

Traduction (anglais) : http://eng.kremlin.ru/news/23137

Version française et vidéo : http://www.sayed7asan.blogspot.fr

 


[...]



Journaliste britannique SEUMAS MILNE (retraduit depuis le Russe): J’aimerais poser une double question.

 

Premièrement, Monsieur le Président, pensez-vous que les actions de la Russie en Ukraine et en Crimée durant ces derniers mois constituaient une réaction au fait que les règles aient été violées, et donc un exemple d’administration d’Etat sans règles ? Et la seconde partie de ma question est la suivante : la Russie considère-t-elle ces violations mondiales des règles comme un signal pour changer sa position ? Il a été dit ici même, ces jours-ci, que la Russie ne peut pas être le leader dans la situation mondiale actuelle. Cependant, elle fait preuve des qualités d’un leader. Comment répondriez-vous à cela ?

 

VLADIMIR POUTINE : Puis-je vous demander de reformuler la seconde partie de votre question, s’il vous plaît ? Quelle est précisément votre deuxième question ?

 

SEUMAS MILNE : Il a été dit ici même que la Russie ne peut pas aspirer à une position de leadership dans le monde actuel, compte tenu des circonstances survenues après l’effondrement de l’Union soviétique, mais qu’elle peut exercer une influence décisive sur l’identité du leader. Est-il possible que la Russie change sa position, se réoriente, comme vous l’avez noté à l’égard du Moyen-Orient et des questions liées au programme nucléaire de l’Iran ?
 

VLADIMIR POUTINE : La Russie ne change jamais d’orientation. Nous sommes un pays avec une orientation traditionnelle qui met l’accent sur la coopération et la recherche de solutions communes. Voilà le premier point.


Deuxièmement, nous ne prétendons aucunement au leadership mondial. L’idée que la Russie recherche une sorte d’exclusivité ou d’exceptionnalisme est totalement fausse. Je l’ai signalé dans mon discours. Nous n’exigeons pas de place spéciale sous le soleil, mais nous agissons simplement sur la base selon laquelle tous les participants au dialogue international doivent respecter les intérêts de chacun. Nous sommes prêts à respecter les intérêts de nos partenaires, mais nous attendons le même respect pour nos intérêts.


Nous n’avons pas changé notre attitude à l’égard de la situation au Moyen-Orient, du programme nucléaire iranien, de la crise nord-coréenne, de la lutte contre le terrorisme et la criminalité en général, du trafic de drogue. Nous n’avons jamais modifié la moindre de nos priorités, même sous la pression d’actions hostiles de la part de nos partenaires occidentaux, qui sont menés, cela est manifeste dans les circonstances actuelles et nous le savons tous, par les États-Unis. Même face à des sanctions, nous n’avons pas changé de position.


Mais ici aussi, toute chose à ses limites. Je présume qu’il est possible que des circonstances extérieures puissent nous contraindre à changer certaines de nos positions, mais jusqu’à présent, de telles situations extrêmes ne se sont pas présentées, et nous n’avons pas l’intention de changer quoi que ce soit. Voilà pour la première question.

 

L’autre point concernait nos actions en Crimée. Je me suis exprimé à ce sujet à plusieurs reprises, mais s’il le faut, je peux me répéter. Je vous renvoie au deuxième paragraphe de l’article 1 de la Charte des Nations Unies, relatif au droit des nations à l’autodétermination. Tous ces principes ont été consignés par écrit, et non pas seulement en tant que droit à l’autodétermination, mais comme le but même de l’Organisation des Nations Unies. Lisez attentivement l’article pour voir ce qu’il dit.


Je ne comprends pas pourquoi les gens qui vivent en Crimée n’auraient pas ce droit, autant que les personnes qui vivent, disons, au Kosovo. Cela a également été mentionné ici. Pourquoi est-ce que dans un cas, le blanc est considéré comme blanc, et dans un autre cas, le même blanc est déclaré noir ? C’est complètement absurde, et nous n’accepterons jamais cela. Voilà le premier point.


Le deuxième point concernant ce sujet est une chose extrêmement importante que personne n’évoque, et sur laquelle je tiens à attirer l’attention. Que s’est-il passé en Crimée ? Tout d’abord, un coup d’Etat a renversé le régime légitime à Kiev. Quoi que les gens puissent dire, c’est pour moi une évidence : il y a eu une prise du pouvoir par les armes.


Dans divers endroits du monde, des gens ont accueilli ces événements avec bienveillance, ne réalisant pas à quoi cela pourrait mener, tandis que dans d’autres régions, les populations étaient terrifiées de voir que des extrémistes, des nationalistes et des gens d’extrême droite, y compris des néo-nazis, s’étaient emparés du pouvoir. Ces populations craignaient pour leur avenir et pour leurs familles, et elles ont réagi en conséquence. En Crimée, le peuple a tenu un référendum.


Je souhaite attirer votre attention sur cela. Ce n’est pas en vain que nous, en Russie, disons qu’un référendum a été organisé en Crimée. La décision de tenir un référendum a été prise par l’autorité représentative légitime de Crimée, à savoir le Parlement de Crimée, élu il y a quelques années selon la loi ukrainienne, et avant tous ces graves événements. Cette autorité légitime a annoncé un référendum, puis sur la base des résultats de ce référendum, tout comme le Kosovo, ils ont adopté une déclaration d’indépendance, puis ont demandé à la Fédération de Russie d’accepter la Crimée au sein de l’Etat russe.


Vous savez, quoi qu’on puisse dire, et quels que soient les efforts de contorsion déployés pour agencer les faits, il sera très difficile de récuser ce point de vue, étant donnée la formulation de la décision du tribunal de l’ONU qui a clairement indiqué, au sujet du précédent du Kosovo, que le consentement du pouvoir suprême d’un pays quant à la question de l’autodétermination n’est pas nécessaire.

 

Vous savez, dans de telles situations, j’ai toujours aimé évoquer ce que les sages d’antan disaient. Rappelez-vous cette phrase merveilleuse : ce qui est autorisé à Jupiter n’est pas permis aux vaches. Nous ne pouvons pas accepter une telle approche. Peut-être que la vache ne sera pas autorisée à faire telle chose, mais je tiens à vous dire que l’ours ne se donnera même pas la peine de solliciter une quelconque autorisation. Généralement, il est considéré comme le maître de la taïga, et je sais de source sûre qu’il n’a aucune intention de migrer vers d’autres zones climatiques, où il serait mal à l’aise. Mais il ne laissera personne s’emparer de sa taïga. Je crois que cela est clair.

 








 

Quels sont les défis de l’ordre mondial actuel ? Soyons francs et explicites à ce sujet, nous sommes tous des experts. Ici, nous parlons et nous parlons, nous sommes comme des diplomates. Qu’est-il arrivé dans le monde ? Il y avait un système bipolaire. L’Union soviétique s’est effondrée, la puissance qu’était l’Union soviétique a cessé d’exister.


Toutes les règles régissant la vie internationale après la Seconde Guerre mondiale ont été conçues pour un système bipolaire. Il est vrai que l’Union soviétique était désignée comme « la Haute-Volta dotée de missiles ». Peut-être, mais elle avait effectivement des tas de missiles. De plus, nous avions des personnalités politiques aussi brillantes que Nikita Khrouchtchev, qui a martelé le pupitre de l’ONU avec sa chaussure, n’est-ce pas ? Et le monde entier, principalement les Etats-Unis et l’OTAN, se disaient : « Oh, il vaut mieux laisser ce Nikita tranquille, ce fou serait capable de lancer un missile, et ils en ont des tas, alors il est préférable de les traiter avec respect. »

                                    
Maintenant que l’Union soviétique n’existe plus, quelle est la situation et quelles sont les tentations ? Nul besoin de prendre en considération le point de vue de la Russie, qui est très affaiblie, ayant subi des transformations lors de l’effondrement de l’Union soviétique, et nous pouvons donc faire ce que nous voulons, bafouer toutes les règles et toutes les lois.


C’est exactement ce qui se passe. Dominique [de Villepin] ici présent a mentionné l’Irak, la Libye, l’Afghanistan, et avant cela la Yougoslavie. Est-ce que tout cela a été géré conformément au droit international ? Vous voulez nous faire avaler ces boniments ?


Cela signifie que certains pourraient agir à leur guise et bafouer toutes les lois, alors que nous n’aurions même pas la possibilité de protéger les intérêts vitaux de la population russophone et russe en Crimée ? Jamais de la vie !


Je voudrais que tout le monde comprenne cela. Il faut que nous nous débarrassions de cette tentation et de ces tentatives de remodeler le monde à notre convenance. Nous devons construire un système équilibré d’intérêts et de relations qui est préfiguré dans le monde depuis longtemps, et pour cela, il faut seulement être respectueux.


Oui, comme je l’ai déjà dit, nous sommes bien conscients du fait que le monde a changé, et nous sommes prêts à le prendre en considération et à ajuster ce système en conséquence, mais nous ne permettrons jamais à quiconque de complètement ignorer nos intérêts.


La Russie prétend-elle à un quelconque leadership ? Nous n’avons pas besoin d’être une superpuissance, non, cela ne serait qu’une charge supplémentaire pour nous. J’ai déjà évoqué la taïga : elle est immense, inépuisable, et rien que pour développer nos territoires, nous avons besoin de beaucoup de temps, d’efforts et de ressources.


Nous n’avons aucunement besoin de nous ingérer ici ou là, de donner des ordres et de commander les autres, mais nous voulons également que les autres ne se mêlent pas de nos affaires et cessent de se poser en maîtres du sort du monde entier. C’est tout. Et s’il y a un domaine dans lequel la Russie pourrait être un leader, c’est dans la défense des normes du droit international.




[...]







 

Deuxième extrait :



Texte original (russe) : http://www.kremlin.ru/news/47250 

Traduction (anglais) : http://eng.kremlin.ru/news/23406

Version française et vidéo : http://www.sayed7asan.blogspot.fr



[...] 



ANTON VERNITSKY : Anton Vernitsky, de la première chaîne [de Russie]. Vladimir Vladimirovitch, tous les problèmes actuels auxquels notre économie est soumise ne constituent-ils pas le prix à payer pour notre action en Crimée ? Peut-être qu’il est temps d’être honnête à ce sujet et de le reconnaître.


VLADIMIR POUTINE : Non, ce n’est pas le prix que nous devons payer pour la Crimée. C’est en réalité le prix que nous devons payer pour notre aspiration naturelle à nous préserver en tant que nation, en tant que civilisation, en tant qu’Etat. Je vais vous expliquer cela.

 

Comme je l’ai déjà mentionné en répondant à la question de votre collègue de NTV, après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique (et je l’ai aussi évoqué durant mon Adresse à l’Assemblée Fédérale), la Russie s’est complètement ouverte à nos partenaires [occidentaux]. Quels en ont été les résultats ?


Un soutien direct et total au terrorisme dans le Caucase du Nord. Ils ont directement soutenu le terrorisme, vous comprenez ? Est-ce que c’est ainsi que des partenaires se comportent, normalement ? Je n’entrerai pas dans les détails à ce sujet, mais c’est un fait établi, connu et reconnu de tous.

 

Sur toute question, quelles que soient nos actions, nous devons toujours faire face à des problèmes, à de l’opposition et même à de l’antagonisme [de la part de nos « partenaires » occidentaux].


Permettez-moi de vous rappeler comment le pays se préparait pour les Jeux olympiques de 2014, notre inspiration et notre enthousiasme pour l’organisation d’un événement festif non seulement pour les amateurs de sport russes, mais pour les fans de sport du monde entier. Cependant, et c’est là un fait évident, des tentatives sans précédent et manifestement coordonnées ont été orchestrées afin de discréditer nos efforts pour organiser et héberger les Jeux olympiques, et perturber leur déroulement même. C’est un fait évident ! Pourquoi ont-ils fait ça ? A quoi cela servait-il ? Et je pourrais multiplier les exemples indéfiniment.


Vous savez que durant la réunion du forum de Valdaï, j’ai donné l’exemple de notre symbole le plus emblématique, à savoir celui d’un ours qui veille sur sa taïga. Vous savez quel est le problème ? En poursuivant cette analogie, je me dis parfois qu’il vaudrait peut-être mieux que notre ours se tienne à l’écart. Peut-être qu’il devrait s’asseoir docilement, arrêter de chasser les sangliers et les marcassins à travers la taïga et commencer à manger des baies et du miel. Peut-être qu’alors on le laissera tranquille ?





 






Mais non, on ne le laissera jamais en paix, car il y aura toujours quelqu’un qui s’efforcera de l’enchaîner. Et dès qu’il sera couvert de chaînes, ils lui arracheront les dents et les griffes. Dans cette analogie, je fais référence aux forces de dissuasion nucléaire. Et une fois qu’à Dieu ne plaise, cela se sera produit et qu’ils n’auront plus besoin de l’ours, ils vont immédiatement s’emparer de la taïga.


Car nous avons entendu dire même par des responsables haut placés, et à plusieurs reprises, qu’il est injuste que la Sibérie, avec ses immenses richesses, appartienne entièrement à la Russie. Pourquoi donc est-ce injuste ? Il serait donc juste d’arracher le Texas au Mexique, mais injuste que nous exploitions notre propre territoire – non, nous aurions le devoir de partager ?!


Et ensuite, après que toutes les griffes et les dents aient été arrachées, l’ours ne sera plus d’aucune utilité. Peut-être qu’ils l’empailleront, et ça sera fini.

 

Par conséquent, il ne s’agit pas de la Crimée, mais du fait que nous défendons notre indépendance, notre souveraineté et notre droit à l’existence. C’est ce dont nous devrions tous prendre conscience.


Et si nous considérons que l’un de nos problèmes actuels – y compris notre économie à cause des sanctions – est crucial, ce qui est le cas, car l’impact des sanctions économiques représente 25 à 30 % de l’ensemble de nos problèmes... Mais nous devons prendre une décision : est-ce que nous souhaitons poursuivre de l’avant et lutter, faire évoluer notre économie pour le mieux, soit dit en passant, car nous pouvons profiter de la situation actuelle pour la retourner à notre avantage, et faire en sorte que notre structure économique devienne plus indépendante, est-ce que nous voulons passer par tout ce processus, ou est-ce que nous voulons voir notre peau accrochée sur un mur. C’est le choix que nous devons faire, et cela n’a rien à voir avec la Crimée.


Merci Salah


Viewing all articles
Browse latest Browse all 5872

Trending Articles