LA FRANCE DANS LE MONDE
Des défis à relever
Hervé Montbard
le 14/01/2015
La politique internationale de la France mérite d’être clarifiée : notre pays n’est pas en mesure de se positionner sur tous les champs de bataille. Il doit choisir en fonction de ses intérêts et de son histoire. Ces choix importants devront être faits en cette année 2015.
Notre armée est actuellement présente au Mali et en Centre-Afrique et y lutte contre les fondamentalistes islamiques dans les opérations Barkhane et Sangaris. Sa présence y est légitime : nous avons une histoire commune avec ces pays et leurs populations nous ont demandé leur aide. Nous y avons des intérêts économiques, culturels et stratégiques à défendre. Mais il faut le dire, dans ces espaces très vastes les quelques milliers d’hommes dont notre armée dispose s’avèrent très modiques pour faire face aux défis auxquels elle est confrontée.De plus le matériel est lui aussi insuffisant, vieillissant, très éprouvé par les conditions climatiques et les particularités du terrain. Et ce n’est pas en réduisant de 2,1 milliards le budget de la Défense que ces équations seront résolues, d’autant plus que désormais 10 000 hommes sont mobilisés dans les rues de nos villes pour défendre la France à laquelle le fondamentalisme islamique a déclaré la guerre.
La France a envoyé quelques avions de chasse et un sous-marin pour intervenir contre les groupes armés de l’Etat Islamique qui sillonnent la Syrie et l’Irak. Ces avions et ce sous-marin n’ont qu’une efficacité limitée et un jour ou l’autre si la coalition internationale veut régler le problème, il faudra bien qu’elle se décide à intervenir au sol. Et disons le nettement, la France n’a pas les moyens de le faire compte-tenu de ses autres engagements. D’autant plus que les Etats-Unis, avec leur intervention irresponsable et irréfléchie en Irak en 2003 sont à l’origine de cette situation. En toute logique, c’est donc aux Etats-Unis de réparer les dommages dont ils sont les principaux responsables. La France devrait se retirer de ce guêpier qui lui coûte cher, qui ne lui rapportera rien et où sa contribution est symbolique.
En Libye, l’intervention hasardeuse de la France, bras armé de l’OTAN,menée en 2011 a réussi à mettre au pouvoir les islamistes, à générer une guerre civile et à armer les groupes fondamentalistes qui sont allés sévir au Sahel. Belle réussite de la diplomatie de Sarkozy et de son gourou malfaisant le dénommé Bernard Henry Lévy! Tout s’est passé dans ce pays comme si un contrat avait été mis sur la tête de Kadhafi et exécuté. Et puis, après nous le déluge…
Pourquoi donc ce contrat alors que le dictateur en poste était le garant de l’unité du pays, celui avec lequel le contrôle du départ des émigrés africains vers l’Europe avait trouvé un début de réponse ? Le désordre, la confusion, la guerre civile et l’anarchie règnent entre Tripoli et Benghazi. La question d’une intervention militaire internationale pour ramener l’ordre et la paix dans le pays est posée.
Elle paraît inéluctable, la seule question est de savoir qui en prendra l’initiative. La France devra-t-elle y participer ? Le pourra-t-elle ?
Enfin, à l’Est de l’Europe, les problèmes de l’Ukraine doivent trouver une solution. Et il faut que Hollande et son gouvernement jouent le jeu de la France, non celui des Etats-Unis et de l’OTAN. Il est évident que les Américains veulent faire tomber l’Ukraine dans le giron de l’OTAN et l’extraire de la zone d’influence russe. Mais la France doit avoir une vision stratégique à long terme. Ce dossier dépend essentiellement de la bonne volonté de Poutine, d’une vision géostratégique de l’Union Européenne et du courage politique du président français. L’Europe sous l’influence de la Pologne et des Etats Baltes tente de faire plier la Russie et s’aligne sur les intérêts américains. La France pâtit grandement de son alignement sur cette position américano-europée
nne. Mais l’espoir d’une entente nouvelle avec Poutine apparaît avec les interrogations de l’Allemagne et d’autres pays comme les Pays-Bas ou le Danemark.Quelques soient nos sentiments à l’égard de Poutine, la logique demande à la France de s’entendre avec la Russie qui reste pour elle un partenaire stratégique important.
Le devoir des gouvernants français est de défendre nos intérêts propres quel qu’en soit le coût. Cela implique qu’une analyse précise de la situation de chaque engagement doit être faite car les intérêts de nos partenaires américains ou britanniques, voire des Européens ne sont pas obligatoirement les nôtres. Cela tout responsable politique devrait le savoir.
Source et publication: http://metamag.fr/metamag-2572-LA-FRANCE-DANS-LE-MONDE-Des-defis-a-relever.html