Le piège ukrainien
- Écrit par JOURDIER Francois
- samedi 15 novembre 2014 13:47
… et pourtant si on regarde les actions récentes de la France à l’extérieur, on ne peut que constater qu’elles sont motivées non par l’intérêt de la France mais par d’autres raisons comme l’intérêt des Etats-Unis camouflés en OTAN, ou de bons sentiments comme la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Il en fut ainsi en Libye où la France, sous couvert de l’OTAN mena une guerre irresponsable qui déstabilisa le Sahel et dont nous n’avons pas fini de payer les conséquences.
Il en est maintenant ainsi en Ukraine où l’Union Européenne s’est engagée avec la France, dans un conflit où nous n’avons rien à gagner ce qui n’a fait qu’aggraver la situation.
Que les Etats-Unis veuillent contrer la Russie et l’empêcher de redevenir une grande puissance est à la limite compréhensible, mais l’Europe ! Quand comprendra-t-on que notre intérêt en tant qu’Européens et Français est d’établir des rapports confiants et utiles avec la Russie ? Actuellement nous faisons tout le contraire.
Le début de la crise ukrainienne a été le projet d’accord à Vilnius entre l’Union Européenne, projet d’abord avorté et que nous avons signé ensuite avec l’oligarque chocolatier Petro Porochenko, parvenu au pouvoir à Kiev dans des conditions douteuses.
Il sera très difficile maintenant de ne pas admettre l’Ukraine dans l’UE même si on peut estimer qu’elle n’y a pas sa place et qu’elle nous coutera très cher.
L’Ukraine est un pays ruiné de 45 millions d’habitants auquel il manque quelque 40 milliards de dollars, dont l’économie, et en particulier l’industrie, est imbriquée dans celle de la Russie.
Les Etats-Unis, qui ont vassalisé l’Europe grâce à l’OTAN, la pousse à s’étendre toujours plus vers l’est en particulier depuis la réunification de l’Allemagne, pour contenir l’influence russe.
Nous avons reconnu la validité des élections législatives ukrainiennes du 26 octobre dont les provinces russophones du Donbass étaient exclues.
Il sera bien difficile maintenant de recoller les morceaux, d’autant que Kiev cherche à reconquérir ses provinces perdues par la force bombardant ses villes comme Bachar al Assad, sans soulever notre indignation.
Si l’Europe ne s’en était pas mêlée, l’affaire si elle avait seulement existé, serait depuis longtemps réglée par un accord entre l’Ukraine et la Russie, au profit des deux pays. Nous sommes maintenant partis dans une crise qui peut durer plusieurs années.
Mais l’Europe et la France sont aussi perdantes, la Russie étant un fournisseur et un client. N’avons-nous rien de mieux à faire pour rétablir notre économie ?
Ce qui est intéressant c’est de voir que pour d’autres c’est "business as usual".
Il est temps de négocier avec la Russie et l’Ukraine mais sans les Etats Unis, une sortie de crise acceptable et profitable à tous, sinon nous allons voir la Russie faute d’un accord avec l’Europe, se tourner vers la Chine.
JOURDIER Francois
Né le 9 juin 1930
Marié - 6 enfants
Contre amiral (2°S)
Ecole navale (1949)
Directeur du Centre d'Essais de la Méditerranée (1981-1986)
Inspection des Armements nucléaires (1978-1980)
Commandant du Bâtiment Atelier Jules Verne (1975-1976)
Etat-major des Forces Françaises du Sud de l'Océan Indien
à Madagascar puis à la Réunion (1972-1974)
Commandement du bâtiment de débarquement de chars (BDC) Bidassoa (1968-1969)
Ecole des Applications militaires de l'énergie atomique (1963-1968)
Divers embarquements
Guerre d'Indochine dans les forces fluviales du Sud VietNam (1952-1954)
Ouvrages
La désinformation et le journal Le Monde (2004) Indochine 1952-1954 - Les Luc Binh - Souvenirs d'un marin du fleuve (2008)
De Judas à Tartuffe - Lettres au Monde (2009)
Distinctions
Officier de la Légion d'Honneur
Officier de l'Ordre National du Mérite
Croix de guerre des TOE (Théâtre des opérations extérieures)
Chevalier des palmes académiques
Source: http://www.magistro.fr/index.php/magistro