Le président ukrainien Petro Porochenko a signé le 14 novembre un décret gouvernemental ordonnant l’interruption du fonctionnement de toutes les institutions étatiques dans les républiques de Donetsk et Lougansk. Une décision accueillie avec stupeur par Moscou et effroi par les populations de ces deux régions.
Couper les ponts
La réponse de Kiev à la tenue d’élections dans les républiques autoproclamées de Donetsk (RPD) et Lougansk (RPL) le 2 novembre dernier ne s’est pas faite attendre. Dès le 4, le Conseil de sécurité national ukrainien (SNBO) proposait au gouvernement un plan de « mesures immédiates pour la stabilisation de la situation socio-économique » dans ces régions. Celui-ci, entériné par Petro Porochenko le 14 novembre, prévoit notamment « la suspension du fonctionnement des entreprises, institutions, représentations, filiales et organisations de l’État dans les villes situées dans la zone antiterroriste des régions de Donetsk et Lougansk, ainsi que l’évacuation des membres de leur personnel (avec leur consentement) et le rapatriement des biens mobiliers et des documents. »
Le texte demande également au ministère de la justice ukrainien de transférer de cette zone vers d’autres villes les tribunaux, les condamnés et les détenus, ainsi que de prévoir un plan d’amnistie des individus inculpés pour des délits mineurs. La Banque centrale ukrainienne, quant à elle, est invitée à suspendre la gestion des comptes bancaires des sociétés et citoyens des régions de Donetsk et Lougansk dans le courant du mois.
Le gouvernement encourage enfin le ministère de l’énergie à remettre en état les centrales électriques et de chauffage de ces régions.
Un « génocide »
La nouvelle a été très mal accueillie par le président russe, qui assistait au sommet du G20 à Brisbane les 15 et 16 novembre. « Je pense qu’il s’agit d’une grave erreur.
Les Ukrainiens se coupent eux-mêmes de ces régions ! Pourquoi ? », a-t-il interrogé, rappelant que la Russie n’était jamais allée jusque-là en Tchétchénie.
« Même lors des plus fortes tensions de la guerre en Tchétchénie, nous n’avons jamais cessé de payer les retraites et les allocations des habitants de la république tchétchène, a-t-il martelé face aux journalistes russes.
Nous avons même continué de verser à la région les subventions du budget fédéral. Alors que cela semblait un peu idiot, vu que les gens qui contrôlaient la situation sur place volaient cet argent et pouvaient aussi l’utiliser à des fins peu nobles… Mais au bout du compte, c’était la seule chose à faire : la population a estimé notre soutien. »
« Pourquoi, aujourd’hui, le pouvoir à Kiev se coupe-t-il de ces territoires ? Je ne le comprends pas. Enfin si, on peut le comprendre – c’est probablement pour faire des économies budgétaires.
Mais le moment est très mal choisi pour ce genre de préoccupations », a déclaré le président russe.
Le Premier ministre de la république de Lougansk, Igor Plotnitski, n’a pas mâché ses mots : il ne voit dans cette décision ni plus ni moins qu’un « acte de génocide et la perte de notre peuple ». « Il est révoltant de voir que ce nouveau riche, arrivé au pouvoir sur les cadavres de Maïdan, est soutenu par l’Union européenne et les États-Unis, alors qu’il agit selon les pires traditions nazies et veut transformer le Donbass en un vaste camp de concentration » a-t-il asséné publiquement.
Plus serein, le dirigeant de la république voisine de Donetsk Alexandre Zakhartchenko a interprété cette mesure comme un signe de faiblesse de la part de Kiev. « Ce blocus économique ne nous fait pas peur. Nous vivons dans cet isolement depuis deux mois déjà.
Cette décision signifie simplement que Kiev nous reconnaîtra très prochainement », a-t-il affirmé, cité par RIA Novosti.
Le 19 novembre, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué la possibilité qu’en se retirant du Donbass, Kiev se prépare en réalité à mener une nouvelle opération militaire dans cette région. « Il existe une école de pensée qui soutient que derrière ce décret du 14 novembre, il y a une volonté de préparer le terrain pour une nouvelle intervention militaire et une nouvelle tentative de résoudre le problème par la force », a-t-il déclaré.
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