Jihadistes. Salim Benghalem, le bourreau français recherché par les USA
L'ado gringalet du Val-de-Marne serait devenu l'un des bourreaux du groupe État islamique (EI): Salim Benghalem.
Il est recherché par Washington.
Le département d'État américain, qui a ajouté son nom à sa liste des « combattants terroristes étrangers », le décrit comme « un Français extrémiste basé en Syrie, membre de l'organisation État islamique, qui effectue des exécutions pour le compte du groupe ».
L'ado gringalet du Val-de-Marne, qui aimait fumer du shit et sortir en boîte, serait devenu l'un des bourreaux du groupe État islamique (EI): Salim Benghalem, 34 ans, est désormais inscrit sur la liste des jihadistes recherchés par les États-Unis, au grand étonnement de ses proches.
« Un peu gringalet »
Car l'image est en contradiction avec celle esquissée par ceux qui l'ont connu: « Un musulman » parti poursuivre « un idéal de justice » en Syrie, oui. Mais « certainement pas un bourreau ».
Ses proches préfèrent décrire un garçon joyeux, « un peu gringalet », quatrième d'une famille de sept enfants installée dans un petit pavillon de Cachan (Val-de-Marne), avec qui « il s'entendait bien ».
En 2012, Salim Benghalem les quitte pourtant soudainement, sans prévenir, laissant aussi sur place une femme et deux jeunes enfants.
Il attendra quatre jours pour contacter sa famille, à qui il révèle avoir rejoint l'EI en Syrie.
« Il n'avait pas sa place en France. Il en a trouvé une là-bas »
« Il n'avait pas sa place en France. Il en a trouvé une là-bas », justifie sous couvert d'anonymat un membre de son entourage.
Cette place, selon ce dernier, serait de « mettre des amendes » pour le compte de l'organisation « pour possession illégale de cigarettes, ou des choses comme ça ». « Mais ce n'est pas un bourreau! » insiste-t-il.
Le dernier contact familial a lieu en août, toujours à Alep, sous les bombardements: il porte alors une petite barbe.
Salim Benghalem n'en est pas à son premier départ subit.
En 2001, il était déjà allé en Algérie, pays d'origine de sa famille, pour échapper à la justice: il était soupçonné de meurtre et de tentative de meurtre, sur fond de règlement de comptes entre bandes rivales.
Pendant un an, il échange, déjà, avec ses proches en se faisant appeler « Dahleb » (le nom d'un ancien footballeur algérien du PSG), puis rentre « de son plein gré » en 2002 et est interpellé.
Sorties nocturnes, filles et alcool
Après cinq ans en détention provisoire, il est condamné en 2007 à onze ans de réclusion criminelle. Mais grâce à « sa bonne conduite » et à « son repentir », il bénéficie peu après d'un régime de semi-liberté, puis d'une liberté conditionnelle, avant d'être définitivement libre en 2010, détaille son avocat de l'époque, Me Léon Lef Forster.
Contacté par l'AFP, ce dernier se dit « stupéfait » par son évolution. « Il était musulman non pratiquant, faisant simplement le ramadan, sans excès de religiosité », assure-t-il.
« La personne dont on parle aujourd'hui ne correspond pas au jeune homme que j'ai connu. »
Un de ses amis d'enfance reprend : « C'était un mec très drôle, très taquin. Il aimait faire des blagues et avait la joie de vivre. » « Et ce n'était pas quelqu'un de spécialement courageux.
Quand il y avait une altercation, il n'était pas en première ligne. »
Enquête antiterroriste
Le jeune homme, surnommé « chicot » par ses amis à cause d'une incisive de travers, arrête ses études et ne finit pas son CAP de vente en alternance.
Il enchaîne les petits boulots: caissier de supermarché, électricien, surveillant de cantine...
Son temps libre est fait de « sorties nocturnes, avec tout ce que cela implique: des filles, un peu d'alcool, mais pour lui surtout du shit », souffle son ami d'enfance.
« Quand je l'ai revu après sa sortie de prison, j'ai ressenti de la maturité », mais rien qui laisse supposer une quelconque radicalisation, développe-t-il.
« Je ne crois pas que quelqu'un puisse expliquer ce qui s'est passé. »
En France, le nom de Salim Benghalem était apparu dans une enquête antiterroriste, qui avait conduit au démantèlement d'une filière jihadiste en novembre 2013 dans le Val-de-Marne, selon une source proche du dossier.
Il était alors déjà en Syrie.
Source et publication: http://www.ouest-france.fr/jihadistes-salim-benghalem-le-bourreau-francais-recherche-par-les-usa-2867775