Samir Geagea candidat à la présidentielle au Liban
Samir et Strida Geagea
Michel Garroté, réd en chef — Le chrétien Samir Geagea a occupé d’importantes fonctions au sein des Forces Libanaises pendant une partie de la guerre dite civile de 1975-1990.
Dans les années 1980, une direction collégiale se met en place à la tête des Forces Libanaises.
Deux personnalités très distinctes, Samir Geagea, un homme qui prie, médecin de profession, et Elie Hobeïka, un opportuniste sanguinaire, se partagent les responsabilités à la direction des Forces libanaises.
En 1985, Elie Hobeïka trahit les siens en se mettant aux ordres du dictateur syrien Hafez el Assad.
Samir Geagea, lui, reste fidèle. En 1990, l’ineffable général « chrétien » Michel Aoun, un mythomane qui se prend pour de Gaulle, lance, à la tête de l’armée libanaise, une offensive aussi effroyable que stupide contre les Forces Libanaises de Samir Geagea.
L’incommensurable idiotie de Michel Aoun – aujourd’hui allié du Hezbollah et donc de l’Iran – divise le camp chrétien et permet aux Syriens d’avoir un régime libanais à leur solde.
Mais le mandat de l’actuel président libanais Michel Sleiman arrive à terme le 25 mai et le pays est entré depuis le 25 mars dans la phase des deux mois durant lesquels le Parlement doit élire le nouveau chef de l’Etat.
D’après la Constitution, ce dernier est nécessairement de confession catholique maronite, tandis que le Premier ministre est sunnite et le président du Parlement est chiite.
Le parti chrétien des Forces libanaises a été le premier à présenter officiellement son candidat, Samir Geagea.
Originaire de Bcharré, village chrétien du Nord Liban, né le 26 octobre 1952 dans la banlieue de Beyrouth Est, Samir Geagea rejoint le parti Kataeb dès son adolescence. En 1975, il s’impose comme un combattant de premier ordre et prend la tête des Forces libanaises en 1986. Après la fuite du général Aoun en octobre 1990 et la mainmise syrienne sur le pays, le régime de Damas lui offre de nombreux postes ministériels au sein d’un gouvernement pro-syrien.
Geagea refuse catégoriquement toute forme de collaboration. Pressé de se soumettre ou de prendre le chemin de l’exil, il choisit de rester, advienne que pourra.
Le 21 octobre 1990, Dani Chamoun, leader chrétien opposé à l’invasion syrienne, est sauvagement assassiné avec sa famille.
Le dimanche 27 février 1994, c’est une bombe qui explose dans l’église Notre-Dame de la Délivrance, tuant neuf personnes et en blessant des dizaines d’autres.
Geagea est arrêté le 21 avril 1994 et accusé de ces crimes lors d’un véritable procès soviétique, mais aussi des assassinats de l’ex-Premier ministre Rachid Karamé, de l’ex-membre des Forces libanaises Elias Zayek, ainsi que d’une tentative d’assassinat sur le ministre Michel Murr.
Face à l’évidence du complot politico-judiciaire visant à écarter définitivement un opposant de poids, des avocats internationaux assistent la défense.
Geagea est acquitté pour l’attentat de l’église mais condamné à la prison à vie pour les autres chefs d’accusation.
Il est incarcéré durant onze années dans un cachot d’isolement de 3 mètres par 3 au troisième sous-sol du ministère de la Défense. Il met à profit ces années pour méditer.
Puis, ayant enfin accès à la lecture, il se consacre à l’étude de la philosophie et de la théologie. Amnistié par le nouveau parlement issu de la Révolution du Cèdre le 18 juillet 2005, il part à l’étranger, pour subir des examens médicaux, et rentre au Liban en octobre.
Samir Geagea est considéré comme le principal leader chrétien de l’Alliance du 14 mars.
Partisan du désarmement du Hezbollah au profit de la seule armée libanaise, Samir Geagea a refusé de participer au gouvernement d’union nationale formé ces dernières semaines, en raison de l’action militaire effective de la milice du Hezbollah dans le conflit syrien, cet engagement impliquant directement le Liban et mettant ainsi en danger l’équilibre précaire des composantes politiques et confessionnelles du pays.
Le parti chrétien des Forces Libanaises mérite de gagner
Concernant les fausses accusations contre Samir Geagea, revenons à 1982.
Elie Hobeïka, en ce temps-là, était le chef du « Deuxième bureau » (service de renseignement) des Forces libanaises chrétiennes, dirigées par Bachir Gemayel, qui lui, venait d’être élu président du Liban et aussitôt assassiné.
Dès le début des événements de Sabra et Chatila, toutes les informations indiquaient que le responsable du massacre était Élie Hobeïka, à l’époque, pro-israélien. Hobeïka ne fut pas inquiété.
En 1990, il retourna sa veste et entra, sans remords ni scrupules, dans le camp pro-syrien, qu’il avait, autrefois, combattu.
Comme le « chrétien » Michel Aoun aujourd’hui.
Hobeïka fut élu député pro-syrien au Parlement libanais. Enfin, Hobeïka devint ministre dans le gouvernement de Rafic Hariri, libanais sunnite d’origine saoudienne.
En juillet 2001, Hobeïka, sorti de politique et reconverti dans les affaires, avait déclaré à la presse qu’il s’apprêtait, soi-disant, à fournir de
s preuves sur ce qui s’était, selon lui, réellement passé dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila. Sorti de politique et devenu homme d’affaires, Hobeïka est alors une énigme, puisqu’il fut simultanément pro-israélien puis pro-syrien.
En sa nouvelle qualité de businessman, pourquoi Hobeïka prétend-il, vouloir fournir des preuves, sur ce qui s’était, selon lui, réellement passé dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila ?
En quoi un homme issu des services du renseignement en temps de guerre, devenu successivement pro-israélien, pro-syrien puis businessman pro-argent, les trois fois par pur opportunisme, en quoi les révélations d’un tel homme, auraient-elles eu une quelconque valeur ?
Le 24 janvier 2002, à 9h40, la carrière en dents de scie d’Hobeïka, se termine, avec fracas. Sa voiture est pulvérisée, par une bombe télécommandée, placée dans une Mercedes, stationnée dans une rue du quartier de Hazmiéh, à Beyrouth. La bombe explose au moment où Hobeïka, et ses trois assistants, Fares Suweïdan, Mitri Ajram et Walid Zein passent, à bord de leur Range Rover, au niveau de la Mercedes. Les quatre passagers de la Range Rover meurent sur le coup. Bons baisers de Damas.
Le fait est que certains vont développer, à partir de 2005, toutes sortes de thèses, plus fumeuses les unes que les autres, sur ce qui se serait, soi-disant, réellement passé à Sabra et Chatila en 1982.
Et sur ce que Hobeïka avait, soi-disant à révéler. En 2005, dans certaines mouvances américaines pro-arabes du renseignement et de la presse, quelques fêlés font circuler la légende, selon laquelle Israël aurait, soi-disant, acheminé, par avion, des membres de l’Armée du Sud Liban, l’ASL (une milice chrétienne sous le commandement du major Saad Haddad) ; des membres de l’ASL déposés à l’aéroport de Beyrouth, à bord d’un avion de transport de l’armée de l’air israélienne ; des membres de l’ASL qui auraient alors investit, selon cette nouvelle légende, Sabra et Chatila.
Exit la responsabilité des Forces libanaises et d’Elie Hobeïka.
Toujours en 2005, dans certaines mouvances américaines pro-arabes, du renseignement et de la presse, quelques fêlés font circuler la légende, selon laquelle une unité secrète de l’armée israélienne serait soi-disant entré la première dans Sabra et Chatila, donc avant les membres de l’Armée du Sud Liban dirigée par le major Saad Haddad.
L’avantage de toutes ces légendes, créées, autour d’Hobeïka et autour de Sabra et Chatila, c’est qu’elles blanchissent Hobeïka (dans le massacre de Sabra et Chatila, à l’époque où Hobeïka se disait pro-israélien) et blanchissent la Syrie (dans l’assassinat de Hobeïka à l’époque où celui-ci roulait pour l’argent et en savait trop sur tout le monde, surtout sur les Syriens).
A contrario, ces mêmes légendes permettent d’incriminer Israël. Le problème, c’est que ces légendes se contredisent les unes les autres. En 1983, à Beyrouth, un collaborateur direct d’Hobeïka, collaborateur que je connais depuis 1976, m’a certifié, qu’Hobeïka et les Forces libanaises furent les responsables des événements de Sabra et Chatila.
Le seul reproche à l’égard d’Israël, semblerait être la responsabilité indirecte, plus morale que juridique, qui mettrait en cause des dirigeants israéliens.
Qui mettrait en cause des dirigeants israéliens dont l’erreur serait de n’avoir pas prévu ce qui résulterait de l’entrée des Forces libanaises d’Hobeïka dans Sabra et Chatila.
Ou de n’avoir pas eu suffisamment la présence d’esprit, lorsque les premières rumeurs sur le massacre commencèrent à circuler, d’ordonner à Tsahal, d’intervenir, à Sabra et Chatila ; et d’en faire sortir les Forces libanaises. Tout ceci reste assez surréaliste.
J’ai visité Sabra et Chatila, lorsque je me trouvais au Liban. Sabra et Chatila n’étaient pas des camps de réfugiés palestiniens. Sabra et Chatila était un quartier de Beyrouth. Plus exactement, Sabra et Chatila était une ville dans la ville ; un Etat dans l’Etat. Dans les sous-sols ou plutôt, les galeries souterraines de Sabra et Chatila, l’OLP avait caché, une quantité inouïe, d’armes lourdes et légères. Un aspect de Sabra et Chatila qui n’a jamais intéressé mes confrères. Je n’oublierai jamais ce que j’ai vu au Liban à l’époque. J’ai parcouru le pays dans presque tous les sens.
Au vu du nombre invraisemblable de milices armées de toutes sortes et malgré la tentative de Bachir Gemayel d’unifier les éléments armés chrétiens sous le commandement des Forces libanaises, je ne vois pas comment, l’armée israélienne, aurait pu, dans ce chaos généralisé, maîtriser toutes les situations, y compris celle de Sabra et Chatila.
Et même quant à supposer, qu’Israël serait impliqué dans quelque chose, ici ou là, la seule opération qui me paraîtrait imaginable, serait la saisie, des principaux terroristes cachés.
Il y a eu, au Liban, des massacres, avant et après Sabra et Chatila.
En assassinant le président libanais Bachir Gemayel, le camp arabo-musulman a plongé le Liban dans un tunnel sanglant dont il n’est toujours pas sorti puisque le pays du cèdre est sous la coupe des criminels terroristes du Hezbollah et de la théocratie – intégriste et génocidaire – iranienne.
Et c’est ça, le seul vrai grand massacre.
Aujourd’hui, en 2014, Samir Geagea est le seul candidat à la présidentielle qui puisse éventuellement rendre au Liban sa souveraineté.
Il est le seul qui puisse éventuellement gérer le million de réfugiés syriens présents sur le sol du Liban, un pays de seulement 10’000 km2, soit le quart de la Suisse.
Les médias français, à la fois ignares et gauchistes, nous présentent, encore et toujours, Samir Geagea comme un « chef de guerre » ou comme un « chef de milice ».
Au Liban, certains chrétiens, visiblement mal informés sur la guerre de 1975-1990, soutiennent le chrétien Michel Aoun vendu aux mollahs iraniens. Mais peu importe.
Sous l’impulsion de Samir Geagea, 2014 sera peut-être l’année qui verra enfin l’armée libanaise désarmer le Hezbollah.
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Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info