Combattre l’islamo-terrorisme en Libye implique le soutien à la Syrie (par Aristide Leucate)
La diplomatie française s’agite plus qu’elle n’agit et son action concrète s’avère toujours synonyme d’agitation.
Là où la France devrait faire preuve de réalisme, elle s’obstine dans la moraline droit-de-l’hommiste, religion post-chrétienne où le millénarisme collectif s’est substitué à la quête individuelle du salut (voir, en ce sens, les pages très éclairantes de Jean-Louis Harouel, Revenir à la nation, Jean-Cyrille Godefroy, 2014).
Pourtant, Jean-Yves Le Drian, en dépit d’un certain bon sens (qualité qu’il partage avec Stéphane Le Foll) qui le caractérise au sein d’un gouvernement où les ego les plus narcissiques le disputent aux délirants les plus extrêmes, ne parvient pas à rompre avec cette infernale logique idéologique.
Dans un entretien au Figaro (9 septembre), le ministre de la Défense déclare ainsi que la France doit « agir en Libye et mobiliser la communauté internationale », quitte à s’appuyer sur « le dispositif “Barkhane” […] rempart de l’Europe face au djihadisme du Sahel [pouvant] être amené à “monter” vers la frontière libyenne ».
Dans un éclair saisissant de lucidité impuissante, il ajoute même craindre « qu’il y ait des jonctions entre les différents califats [l’État islamique en constituant la matrice, NDLR] » de la Centrafrique au Cameroun, sans oublier le Nigeria « où Boko Haram s’est, lui aussi, érigé en califat ».
Un tel propos confirme ce que nous disions de l’opération Barkhane lorsqu’elle fut lancée cet été.
Conçue comme un « rempart », elle n’est rien d’autre qu’un outil dérisoire de gestion du terrorisme islamique dans un territoire qui déborde largement le foyer sahélo-saharien d’origine.
François Hollande commence à payer au prix fort les inconséquences magistrales de la destitution-assassinat du colonel Kadhafi ordonnée par Sarkozy avec le soutien nuisible d’un BHL omniprésent.
Intervenir aujourd’hui en Libye, pourquoi faire ?
La situation d’anarchie dans laquelle s’englue actuellement ce vaste désert qui n’a plus d’État est proprement inextricable, les tribus de Cyrénaïques s’affrontant à mort contre celle de la Tripolitaine, luttes par surcroît exacerbées par les abcès de fixation islamo-mafieux s’engouffrant dans la brèche d’irrédentismes pluriséculaires.
Assurément, le verrou libyen que constituait l’ancien satrape Kadhafi qui avait mis en place un subtil système d’alliances tribales barrait la route à toute prétention hégémonique des fous d’Allah, tout au moins dans cette région.
La folie criminelle qui a consisté à susciter artificiellement un pseudo « printemps arabe » en Libye expose dorénavant toute l’Afrique subsaharienne au danger réel d’instauration d’un État islamique d’Afrique noire et du Nord.
L’équation simple mais terriblement audacieuse est donc la suivante : éradiquer l’islamo-terrorisme en Libye implique de soutenir la Syrie, c’est-à-dire se couper du Qatar et de la Turquie, principaux financeurs des djihadistes.
Hollande remonterait dans les sondages quand Sarkozy serait à jamais décrédibilisé.
On peut toujours rêver…