Emigration juive : assiste-t-on à un chassé-croisé ?
Le 22 juillet, à Ashkelon, ville israélienne proche de Gaza, 6.000 Franco-Israéliens ont afflué de tout le pays pour enterrer le soldat Jordan Bensemoun, mort au combat à 22 ans.
Ce garçon avait émigré de Lyon à l’âge de 16 ans pour s’engager dans le corps d’élite de l’armée israélienne.
La France est en tête des pays d’émigration vers Israël sur les huit premiers mois de l’année 2014 avec 4 566 Français ayant fait leur alya (« montée » vers Israël).
Rappelons que la population juive est estimée à 600.000 personnes. Déjà l’année 2013 avait connu une hausse spectaculaire des départs pour Israël: 52 % de plus qu’en 2012, soit 2.904 personnes contre 1.916 l’année précédente.
Ceux qui ont émigré en Israël en 2013 sont plus âgés que la moyenne des immigrants des autres pays: l’âge médian est de 38,3 ans, contre 31,6 ans pour les autres olim (« immigrants »).
On note que 49% d’entre eux ont totalisé au moins 16 années d’études et la proportion de ceux qui ont une profession scientifique, libérale ou technique, est élevée (30% d’entre eux).
Le gouvernement Netanyahou a opportunément lancé un plan d’action, « pour investir d’urgence dans la promotion de l’alya et l’aide à l’intégration des juifs de France ».
D’ici à 2017, il espère attirer 40.000 Français, en plus des 150.000 déjà présents en Israël. D’ici à quelques mois seront reconnus tous les diplômes d’État français pour faciliter l’immigration. De son côté, l’Agence juive a annoncé le renforcement de ses effectifs à Paris où, depuis un an, quelque 30.000 personnes ont assisté à des réunions d’information sur l’alya.
Il ne faut certes pas oublier que, comme dans toute démarche d’intégration dans un pays étranger, les difficultés ne manquent pas pour le nouvel Israélien.
On estime qu’environ 20 à 30% des immigrants repartent d’Israël pour revenir au pays de départ, ou pour immigrer ailleurs.
La raison de cette hausse inédite des départs (d’aucuns parlent de fuites) est évidente. Au 1er trimestre 2014 (chiffres officiels les plus récents), on a observé 55% de hausse des actes antijuifs et 44% d’accroissement des menaces antijuives, par rapport au 1er trimestre 2013.
Avec le prétexte du conflit Hamas/Israël, les chiffres de juillet et août ne feront qu’aggraver cette croissance exponentielle.
L’anti-judaïsme actuel n’a rien à voir avec l’antisémitisme franco-français des années 1890 à 1940.
Celui-ci (notamment celui de l’Action Française) était violent en paroles et en écrits, mais ne passait pas à l’acte.
Aujourd’hui, nous assistons à des manifestations « ethniques » barbares et criminogènes.
Entre-temps, bien sûr l’immigration en France d’extra-européens, légaux ou illégaux, souvent musulmans et anti-juifs notoires, se poursuit imperturbablement.
Ce n’est pas faire injure à la vérité de dire que dans ce chassé-croisé, la France n’y gagne pas au change.
http://www.bvoltaire.fr/patrickcanonges/emigration-juive-assiste-t-on-chasse-croise,103020?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=213f25a72a-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-213f25a72a-30403221&mc_cid=213f25a72a&mc_eid=35158644a0