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TRIBUNE LIBRE,POINT DE VUE ET CONSTAT !

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Nous défendre face aux barbares : une réponse au djihadisme

Publié le 27 août 2014  
 

Les Occidentaux ont ouvert la voie aux djihadistes en ne défendant pas leur patrimoine et leur civilisation.

 

Par Philippe Bouchat

Hamas (Crédits : Zoriah, licence creative commons)

 

 

J’ai beaucoup hésité à écrire les lignes qui suivent, car je ne peux exclure que la forme de mon propos entrave le fond de ma pensée et que l’on se méprenne ainsi sur mes intentions.

Alors d’emblée, je tiens à le préciser avec fermeté : rien de ce qui suit n’est dirigé contre l’islam, grande religion qui n’a rien à voir avec ce que les barbares islamistes en Irak, en Syrie ou ailleurs dans le monde font en son nom. Cette précision étant faite, j’en viens à développer mon propos.

 

Les trois caractéristiques fondamentales de l’Occident

S’il est difficile de dater le début de l’histoire occidentale, en revanche plusieurs traits de caractère permettent d’en dessiner les contours.

Tout d’abord, l’Occident est la civilisation qui a vu émerger la raison. Depuis que nos ancêtres de l’Antiquité, dans le monde grec, ont décidé de ne plus se satisfaire des explications mythologiques pour comprendre le monde qui les entourait, la Raison a mené une lutte acharnée contre tous les obscurantismes.

 

L’Église catholique – qui a souvent eu maille à partir avec la Raison par le passé – reconnaît maintenant officiellement que la Foi ne peut porter atteinte à la Raison et que cette dernière est une porte d’accès à la première (voir en ce sens l’encyclique « Ratio et Fides » de Jean-Paul II).

 

La Raison a également permis à la philosophie de voir le jour ; elle a contribué – et contribue toujours – à la progression quotidienne de la science.

Qu’on le veuille ou non, si l’Occident demeure la première civilisation de ce monde, elle le doit en grande partie à l’émergence de la Raison dans sa sphère d’influence.

Ensuite, il y a le christianisme.

Que nos sociétés soient complètement – et heureusement – sécularisées n’enlève absolument rien au fait que la rencontre du christianisme avec le monde gréco-romain a complètement bouleversé le sens de l’Histoire.

Même s’il est de bon ton, en France et en Belgique, de critiquer le fait religieux en général et le christianisme en particulier, c’est oublier que la majeure partie de la population occidentale est de confession chrétienne et que sa pratique est encore vivace dans de nombreux pays.

Et même chez nous, personne ne peut sérieusement nier que nos populations sont majoritairement de culture chrétienne (voir les jours fériés calqués sur les fêtes chrétiennes, les fêtes de Noël et de la Saint-Nicolas célébrées même par les non croyants, etc.).

Enfin – et sans prétendre à l’exhaustivité – il y a le droit qui résulte à la fois de la raison et du christianisme. Le droit est l’invention propre à l’Occident qui permet de prévenir et régler pacifiquement les différends existants dans la société.

C’est d’ailleurs en partie pour cela que les discours axés sur les droits de l’homme n’ont aucune résonance auprès, par exemple, des autorités et de la majeure partie de la population chinoise : le droit n’est pas un instrument oriental de règlement des différends ; pour cela, il y a tout un système de relations fondées sur les anciens (le ‘ren’) et le respect de l’autorité.

Raison, christianisme, droit : telles sont pour moi les caractéristiques fondamentales de l’Occident, censées protéger notre bien suprême : notre liberté. L’Occident est en effet la civilisation de la liberté.

 

Or, que constate-on aujourd’hui en Occident ?

 

Les principes et valeurs de liberté bafoués

Thomas d'Aquin

Thomas d’Aquin

La raison est menacée par les fous de Dieu et les intégristes de tous bords, mais aussi par la médiocratie dans laquelle la « culture » de masse et le refus systématique de l’excellence nous ont plongés.

Le sens du Dieu chrétien n’est plus enseigné et toutes les valeurs prônées par lui – comme le respect de la Vérité et de la Vie – sont attaquées en règle par les tenants du relativisme et les libertins les plus obtus qui confondent allègrement liberté et licence. La laïcité – indispensable au bien-vivre ensemble – est souvent pervertie en un anticléricalisme aussi stupide qu’inutile.

La norme juridique, à force d’être si abondante et si complexe, a perdu de son autorité naturelle ; les comportements déviants sont de plus en plus nombreux et nos sociétés sont de plus en plus violentes tournant ainsi le dos à ce qui fut une avancée majeure à l’histoire de l’humanité.

Quant à la situation de la liberté, il suffit de lire les nombreux et excellents articles publiés par Contrepoints et dans tous les forums libéraux pour se convaincre à quel point elle est malmenée, méprisée et combattue.

Nous sommes ainsi arrivés dans une situation où les Occidentaux aiment se tirer plusieurs balles dans le pied et se cracher eux-mêmes à la figure. En effet, se rend-on compte que chaque fois qu’on attaque la raison, le christianisme, le droit ou la liberté, c’est notre identité même que l’on renie ?

Le dénigrement de soi

Alain Finkielkraut a superbement analysé cela dans son ouvrage de référence L’identité malheureuse : à force de vouloir s’excuser des atrocités que nous avons pu commettre par le passé, à force de vouloir préférer l’étranger à soi-même, à force de se vouloir ouverts sans la moindre réciprocité, on en est arrivé à une situation où l’on ne sait plus qui on est et où le réflexe identitaire ne sait plus s’exprimer que par la violence et la haine de l’autre.

La relation avec l’islam est symptomatique de cette situation de dénigrement de soi. Les communautaristes les plus doctrinaires – qui ont l’oreille d’une grande partie des mouvements de gauche – ont permis, voire suscité que des « accommodements dits raisonnables »1 soient tolérés, comme les repas halal dans les cantines scolaires, l’absence de jeunes musulmanes aux cours de natation, le refus de se faire soigner par des médecins féminins, etc. Cette tolérance a débouché sur des dérives comme les prières de rue, la demande d’interdiction de porc dans les cantines, l’endoctrinement et la radicalisation de certains jeunes, pour ne citer que ces quelques exemples.

En réaction, la haine de l’autre – du musulman en particulier – et la parole raciste se sont libérées et banalisées.

C’est ce rejet de ce qui nous fonde, de ce qui nous identifie qui explique grandement le succès croissant du Front national, parti que je tiens pour républicain, même si ses propositions sont à l’opposé des valeurs dans lesquelles je crois.

Nous bafouons nous-mêmes nos valeurs ; comment ne pas s’étonner dès lors que nos ennemis ne les bafouent pas également ?

Nous avons ouvert la voie aux djihadistes en ne défendant pas notre patrimoine et notre civilisation ; il n’est ainsi pas anodin que nos pays sont devenus des bases arrière de l’islamisme radical et que des centaines (des milliers ?) de jeunes nationaux partent de chez nous pour mener la guerre aux « infidèles » qui les ont pourtant accueillis et nourris.

Revenir aux sources de la civilisation occidentale

La seule solution pour sauver notre bien précieux qu’est la liberté et de ne pas sombrer dans le délire raciste et haineux est d’en revenir aux sources de notre civilisation.

Concrètement, nous devons revaloriser la raison et l’esprit critique ; nous devons redonner au droit ses lettres de noblesse en arrêtant de légiférer pour tout et n’importe quoi.

Et enfin, nous devons retrouver le sens de notre civilisation chrétienne. Attention, je n’entends nullement faire du prosélytisme – ce qui est à la fois contraire au libéralisme et christianisme bien compris –, mais plutôt rappeler que le christianisme, même si nous n’avons pas la foi, est ce qui forge notre culture.

Et pour ce faire, défendre les chrétiens d’Orient serait non seulement faire œuvre humanitaire, faire reculer la barbarie, mais aussi renouer avec notre tradition historique. Il faut retrouver le sens de la croisade, au sens de protection des chrétiens où qu’ils se trouvent – le Vatican a d’ailleurs ouvert la voie en ce sens, en déclarant licite d’utiliser les armes dans ce cas.

 

Mais sans se tromper de cible : l’ennemi n’est pas l’islam, mais les djihadistes qui sèment la terreur en son nom.

Ce n’est qu’en s’affirmant positivement comme espace de raison, de Foi, de droit et de liberté qu’on pourra s’ouvrir sereinement à l’autre et faire reculer le racisme et le djihad ici et là-bas.

 

Source: Contrepoint


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