Massacre des chrétiens: on finit de bronzer et on avise…
Par Alain Sanders
Je ne pensais que j’aurais à faire un jour un compliment à Fabius. Mais je le fais volontiers pour sa déclaration qui a tranché d’avec la sempiternelle langue de bois (ce bois dont on fait les cercueils…) : « Je sais bien que, dans les pays occidentaux, c’est la période des vacances, mais enfin… Quand des gens crèvent, on rentre de vacances. »
Des dizaines de milliers de chrétiens – pour ceux qui n’ont pas encore été massacrés – sont toujours sous la menace directe des fous d’Allah. Il n’empêche que les JT télévisés s’ouvrent tous sur les bulletins météo (plus « météo des plages ») et des reportages compassionnels sur ces pauvres aoûtiens qui se font rincer…
Il y a quelques jours, un quotidien du matin faisait sa une – trois quarts de page – avec la photo d’une estivante alanguie sur une plage et ce gros titre : « Dis-moi comment tu bronzes. »
Avec des articles surréalistes quand, dans le même temps, des hommes, des femmes, des enfants, nos coreligionnaires, crèvent (pour reprendre le mot de Fabius). Des articles genre : « A la plage, on peaufine son teint de rentrée » ; « Les vacances, c’est (…) pour boire du rosé » ; « Je peux préparer ma peau au soleil en cabine » etc.
Il aura fallu des jours et des jours pour que leur Europe consente à prendre quelques mesures (et bien dérisoires, vu l’urgence) pour venir en aide à ces malheureux pourchassés par les tueurs de l’autoproclamé Etat islamique.
Les témoignages des rescapés – chrétiens, yézidis, kurdes – sont effrayants : « Les jolies femmes ont été vendues entre quinze et vingt dollars chacune. Ils vendent les femmes comme des animaux. » Et ça, c’est pour les « chanceuses »… Les autres ? « Les femmes ont été éventrées et les enfants décapités. Le sang coule comme une rivière. » Les survivants arrivent de Mossoul, de Qaraqosh, de la plaine de Ninive.
Spécialiste de l’Orient, Sébastien de Courtois témoigne de ce qu’il a vu dans le Kurdistan :
— Dans un camp fait de bric et de broc installé dans un jardin devant l’église Saint-Simon, yézidis et chrétiens vivent ensemble. (…) C’est une cour des miracles. (…) C’est une situation tragique.
Mais tout cela, si on comprend bien, a moins d’importance que l’annonce (elle a fait la une de plusieurs médias) par Ribéry (qui est musulman, soit dit en passant) qu’il renonçait à sa carrière internationale…
Archevêque de Mossoul jusqu’en 2012, Mgr Georges Casmoussa dit son désespoir :
— Je n’ai jamais connu de situation aussi désastreuse.
La priorité est maintenant de libérer les plaines de Ninive et de les placer sous protection militaire internationale, afin que les déplacés puissent retrouver leurs foyers et rester dans leur pays.
Rester dans leur pays ? Une maman, arrivée de Qaraqosh avec ses enfants, répond par avance : « Pourquoi rester dans un pays qui ne veut plus de nous ? Nous détestons cet Irak-là, il n’est plus le nôtre. »
Mais surtout pas d’amalgame, bien sûr…
Même si les sectateurs de l’Etat islamique, comme le nom l’indique, ne se réclament pas des mormons, des siddahs, du centre védantique, d’Hare Krishna, de l’ordre martiniste, de la méditation transcendantale ou des darbystes.
Mais de l’islam. Pur et dur.