Un quartier sensible de Toulouse est le théâtre depuis quelques nuits d’incidents graves entre jeunes de cités rivales qui règlent désormais leurs comptes à l’arme à feu et mobilisent d’importantes forces de police.

Cette “succession d’incidents graves”, ainsi que les décrit un haut responsable de la police, ont fait un blessé grave et au moins trois blessés plus légers depuis jeudi soir à Bagatelle, quartier du vaste ensemble populaire du Mirail. Dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu’environ 150 policiers et CRS avaient été déployés pour empêcher un dérapage, un ou plusieurs individus ont à nouveau tiré à l’arme à feu.

Ces tensions ont donné lieu à une première sanction lundi, celle d’un jeune, condamné à huit mois de prison ferme pour avoir résisté aux policiers au cours d’une interpellation musclée.

Elles ne sont pas le fait de bandes ennemies qui s’affronteraient pour le contrôle de cages d’escalier ou de trafics qui ne manquent pas au Mirail, disent les autorités. Il s’agit de groupes de jeunes de 20 à 25 ans, certes connus des policiers, mais qui, chaleur et désœuvrement estival aidant, vident surtout de vieilles “embrouilles”. D’un côté, ceux de Bagatelle, de l’autre ceux de La Faourette, autre cité du Mirail. Ils sont peut-être une quinzaine de part et d’autre à se livrer une espèce de guérilla, assurent les autorités.

Cela “ne concerne que quelques individus, absolument pas une population d’un quartier, quelques individus qui nourrissent des inimitiés (…) depuis plusieurs mois, voire plusieurs années et qui passent à la graduation supérieure (…), d’une acrimonie de coups de poing à des armes de poing”, a dit la secrétaire générale de la préfecture Françoise Souliman.

LE PROCUREUR PROMET UNE “RÉPONSE FERME”

Les tensions remontent à jeudi. Ce soir-là, dans des circonstances encore obscures, un jeune de La Faourette a reçu un projectile dans l’abdomen. Hospitalisé dans un état grave, il est depuis tiré d’affaire. Un autre jeune, comme lui connu de la police, a été mis en examen et écroué dimanche pour tentative d’homicide. C’est à l’hôpital qu’il a été interpellé dans la nuit de vendredi à samedi. Il aurait été roué de coups quelques heures auparavant en représailles.

Un autre jeune encore, Osland B., 19 ans, a également été passé à tabac samedi. Couvert de sang et d’hématomes dans la rue, il a refusé de suivre les fonctionnaires de la brigade anticriminalité et a rameuté le voisinage. Les policiers ont essuyé des jets de boules de pétanque, de cailloux et de bouteilles, avant de se dégager en tirant des projectiles en caoutchouc et d’emmener Osland B. Celui-ci a été condamné à huit mois de prison ferme. Déjà maintes fois condamné et en état de récidive, il est parti directement pour la prison.

Entre dimanche après-midi et dimanche soir, une dizaine de vitres de voitures ont essuyé des coups de feu. Des garages ont aussi été visés. Samedi après-midi, une autre personne a été légèrement blessée quand un projectile lui a éraflé le crâne.

La condamnation de lundi et la mise en examen de dimanche illustrent la réponse judiciaire “ferme” promise par le procureur Michel Valet.

Les autorités veulent à la fois éviter ce que la secrétaire générale de la préfecture a appelé des “dommages collatéraux”, et faire en sorte que les autres habitants puissent “vivre tranquillement”. “Nous voulons que la tension redescende le plus vite possible, c’est pour ça qu’on y met tous les moyens nécessaires.”

Le Monde

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