Les BRICS encerclent à leur tour ceux qui encerclent l’île du monde !
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BRICS est un acronyme anglais pour désigner un groupe de cinq pays qui se réunissent en sommet annuels : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (en anglais : Brazil, Russia, India, China, South Africa). Avant l'ajout de ce dernier pays en 2011, le groupe était appelé BRIC. Rarement utilisé, l'équivalent français de cet acronyme est l’ABRIC (Afrique du Sud, Brésil, Russie, Inde et Chine1), BRASIC ou encore BRICA2.
Les cinq pays composant les BRICS sont pour la plupart considérés comme les plus importantes des grandes puissances émergentes.
En 2014, Ils sont respectivement les septième, huitième, dixième, deuxième et vingt-neuvième puissances mondiales (au sens du PIB nominal) et septième, sixième, troisième, deuxième et vingt-cinquième en parité de pouvoir d'achat. Ils comptent 40 % de la population mondiale3 et, en 2015, ils devraient assurer 61 % de la croissance mondiale selon le FMI4. Leur place dans l'économie mondiale croît fortement : 16 % du PIB mondial en 2001, 27 % en 2011 et d'après des estimations, 40 % en 20255. Les pays développés produisent aujourd'hui moins de la moitié de la richesse mondiale, dépassés par la poussée économique des grands pays émergents (dont les principaux : Brésil, Chine, Inde, Russie…) et des autres pays en développement (dont l'Afrique du Sud)6. En 2011, les BRICS totalisaient un PIB de 11 221 milliards pour près de 3 milliards d’habitants7. En 2014, a eux cinq, les BRICS affichent désormais un PIB commun de presque 14 000 milliards de dollars8, soit presque autant que celui des 28 pays de l'Union Européenne réunis (18 874) et proche de celui des États-Unis d'Amérique (17 528).
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Les décisions prises les 16 et 17 juillet dernier au sommet de Fortaleza par les BRICS sont d’une importance capitale.
Alain de Benoist, dans un excellent entretien , a raison de le souligner.
En quelques lignes, tout est dit.
Tous ceux qui, dès le choc initial des subprimes, ont indiqué que nous n’étions pas seulement confrontés à une crise financière d’une ampleur exceptionnelle, mais bien plutôt au tout début d’une crise géopolitique majeure, voyaient juste. Nous y sommes. Sur fond de « montée des périls », pour reprendre l’expression qu’utilisait Jules Romains dans les « Hommes de bonne volonté » à propos d’une autre période tourmentée de notre histoire, les accords de Fortaleza ainsi que la progressive prise de conscience, par les BRICS, de leurs intérêts communs marquent un tournant.
Si l’on raisonne géopolitiquement et planétairement, du fait de ces accords, les Anglo-Saxons et leurs satellites, confortablement installés jusqu’alors sur leur arc de « containment » de la Russie et de l’Eurasie – qui, selon la politique suivie fidèlement depuis Mackinder jusqu’à Brzeziński, s’étend de l’Atlantique au Pacifique Nord –, se trouvent, maintenant, en position d’assiégés… Les BRICS encerclent à leur tour ceux qui encerclent l’île du monde !
Les Américains sont parfaitement conscients de ce double risque économique et géopolitique. Ils ne sont pas près de baisser la garde.
Leur parade face aux stratégies de « dédollarisation » est double :
1) Sur le plan technologique : maintenir en permanence un écart important, non négociable, entre eux et le reste du monde. Ceci se traduit, en particulier sur le plan militaire, par les théories de la « Full-Spectrum Dominance » et de son corollaire, la « Prompt Global Strike », expressions suffisamment claires en elles-mêmes pour qu’il n’y ait guère besoin de les traduire…
2) Sur le plan géopolitique : « arraisonner » définitivement le monde, pour reprendre l’expression de Heidegger, au moyen d’une stratégie offensive et extrêmement invasive de contrôle et de colonisation numérique de la planète, en s’appuyant sur une nébuleuse très complexe et structurée qui va de la NSA à Facebook ou Twitter, en passant par Amazon, Cisco, Verizon, Google, etc., le tout imprégné du messianisme bienveillant propre à la « nation indispensable » chère à M. Clinton.
Il est donc très probable que, pour aboutir, la stratégie de Fortaleza devra s’appuyer sur une contre-stratégie numérique d’une ampleur considérable.
En l’absence de celle-ci, un nouvel équilibre n’a aucune chance de s’instaurer et le dollar restera maître du monde.
Les Chinois, véritables leaders des BRICS, l’ont parfaitement compris et se préparent au grand affrontement technologique.
L’Europe, dans tout cela, est-elle prête à se « désarraisonner » ? Poser la question, c’est – hélas ! – y répondre.
Source :Boulevard Voltaire