A Bruxelles, le sapin de Noël fait polémique
Par Gary AssoulinePublié le 12/11/2012 à 17:51
Le conifère installé traditionnellement sur la Grand-Place de Bruxelles est remplacé cette année par une structure métallique lumineuse, suscitant des réactions parfois islamophobes.
C'est un sapin «électronique» de 24 mètres de haut qui remplacera cette année le traditionnel arbre de Noël de la Grand-Place de Bruxelles. Mis en avant à l'occasion de la célébration des fêtes de fin d'année dans la capitale belge, le Xmas Tree, un «sapin 2.0» en acier du label créatif 1024 Architecture, s'inscrit dans une démarche artistique qui a vocation à «dépoussiérer Noël», selon la municipalité.
Mais cette volonté de modernité initiée par le maire bruxellois, Freddy Thielemans, n'est pas du goût d'une partie de la population.
C'est le cas d'une élue locale du parti chrétien-démocrate flamand CD&V, Bianca Debaets, qui a avancé l'argument du motif religieux à l'origine de cet abandon du sapin naturel, selon Le Soir. Pour la conseillère, tout a commencé quand l'appellation «Marché de Noël» a été remplacée par celle de «Plaisirs d'Hivers», balayant toute «référence à la fête de Noël». «Qu'arrivera-t-il ensuite? La suppression des œufs de Pâques parce qu'ils se réfèrent à Pâques?», demandait la conseillère municipale dans une interview à Brusselnieuws.
Elle regrettait également la disparition de la crèche de la Nativité ; une crèche qui sera pourtant montée comme chaque année, a rassuré le maire.
Une tournure islamophobe sur Internet
Suite aux propos de l'élue, une pétition en ligne a été lancée samedi, donnant à cette affaire une tournure islamophobe. «On ne pliera pas devant les musulmans», écrit un internaute sur cette page qui recueillait près de 12.000 signataires lundi soir. «Ce n'est pas à nous de nous adapter, nous sommes chez nous», ajoute un autre. «Pour une Belgique belge», écrit un troisième.
L'installation sur la Grand-Place de Bruxelles (DR)
Sur Facebook, des groupes appelant au boycott de l'évènement organisé par la municipalité, ou appelant au retour du sapin naturel, se sont multipliés. «Aujourd'hui, le but est de se servir de l'art pour faire disparaître un symbole païen, christianisé avec le temps par les églises», dénonce l'un d'eux, qui n'hésite pas à parler d'un processus de liquidation des traditions dans une démarche électoraliste.
Pour le porte-parole de la mairie socialiste de Bruxelles, Nicolas Dassonville, la communauté musulmane n'est pas à l'origine du changement de sapin. «Ce n'est pas parce que certains fondamentalistes s'agitent sur Internet que nous allons remettre en question notre décision, a-t-il déclaré.
Ceux qui prétendent que nous voulons supprimer les symboles de Noël se trompent lourdement».
Dans un communiqué, l'élue chrétienne-démocrate a regretté lundi la tournure prise par sa déclaration. Si elle avoue que l'arbre de Noël n'est pas «un symbole chrétien ou religieux», elle confirme que c'est bien, selon elle, la référence à la fête chrétienne de Noël qui lui a valu d'être banni. «Une ville historique comme Bruxelles ne se doit-elle pas d'être sensible aux traditions?
Et ne devrait-elle pas être une ville multi-religieuse qui laisse ouvertement de la place pour chaque philosophie de vie?
Pour beaucoup de gens qui ne sont pas chrétiens, l'arbre fait aussi partie intégrale de la fête», conclut-elle.