Rien n’y fait.
Un jeune Rom se trouve dans le coma après avoir été lynché, roué de coups par une douzaine de personnes qui le soupçonnaient d’avoir cambriolé l’appartement d’une habitante de Pierrefitte-sur-Seine dans le 93.
Le Premier ministre a évidemment condamné cet acte odieux et il a raison.
Mais il a tort de s’arrêter là et de ne pas faire un examen d’intelligence et de conscience qui lui imposerait d’incriminer, derrière la détresse sociale et le racisme ambiant, le désarmement de l’État dans sa mission de sécurité et de protection.
[...] Tout de même, une telle inadaptation à la réalité quotidienne de l’insécurité, un tel mépris, au fond, pour nos concitoyens qui supportent — les plus modestes, paradoxalement, étant les plus touchés car leur sûreté est leur bien principal — vols, cambriolages, agressions et transgressions de toutes sortes sont scandaleux.
[...] Dans le même domaine, je souhaiterais attirer l’attention sur un entretien accordé par Jean-Marie Delarue pour une sorte de bilan de son activité comme Contrôleur général des lieux de privation de liberté (Le Parisien).
Il va être remplacé probablement par Adeline Hazan, et puis-je dire que je crains beaucoup avec cette promotion partisane, compensation d’un échec aux élections municipales. L’idéologie de cette femme, dans un tel poste, va pouvoir se donner libre cours !
[...] Ce qui m’a fait sursauter est un bout de phrase de son interview. Il compare des criminels comme Tony Meilhon qui ne seraient pas comme nous – il y en aurait à peu près 2.000, selon lui, en prison – et tous les autres – 66.000 – seraient « des gens comme vous et moi ».
Je ne comprends pas ce type d’assertion. Sur le plan de l’essence humaine, les criminels et les autres appartiennent à notre monde et l’humanité, dans sa fraternité abstraite et de principe, ne les distingue pas.
Mais, pour le concret, les 66.000 condamnés qu’évoque Jean-Marie Delarue ne sont pas « des gens comme nous ». Ou alors seulement si on ajoute cette précision capitale : des gens qui ont commis des infractions et qui ont été sanctionnés à cause d’elles.
C’est de la démagogie que d’oublier, dans l’appréciation qu’on porte sur les lieux d’enfermement, cette nuance fondamentale. Ils ne sont pas comme nous puisque, jusqu’à nouvel ordre, nous n’avons perpétré ni crimes ni délits. J’entends bien que personne ne peut se dire à l’abri de telles dérives mais on peut raisonnablement supputer que, par exemple, un Jean-Marie Delarue ne s’y abandonnera jamais.
Ce n’est pas rien que de feindre d’abolir, par une générosité mal placée, cette frontière radicale qui sépare le mal parfois seulement fortuit du bien. C’est persuader les détenus, les transgresseurs qu’au fond, ils n’ont pas de comptes à rendre et que la prison est une punition injustifiée. Bien sûr, c’est la société qui est coupable !
Avec un tel propos, le ver est dans la justice et le poison dans l’équité. La rigueur s’affaiblit d’elle-même. Et la gauche se cultive et se félicite.
Cette gauche aurait vraiment besoin d’une bonne droite !
Source et publication: http://www.bvoltaire.fr/philippebilger/gauche-linadaptation-realite-quotidienne-linsecurite,89722?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=98167874d7-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-98167874d7-30403221&mc_cid=98167874d7&mc_eid=35158644a0
Extrait de : La gauche aurait besoin d’une bonne droite !