10/11/2012
Syrie : les USA prêts à financer une coalition dominée par les Frères musulmans
Le califat en marche !
Dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU le 25 septembre, Obama a appelé au départ du président syrien Bachar el-Assad, sans dire comment ce départ serait obtenu.
Sur le terrain, les rebelles sont unis contre el-Assad mais divisés entre eux. Ils obtiennent des fonds et des armes de sources différentes, qui passent toutes par la Turquie. Voir ce sitepour une cartographie des groupes rebelles et de leurs financiers.
L'Armée Syrienne Libre (ASL) est formée de militaires du régime el-Assad ayant fait défection. Ils se présentent comme un groupe non sectaire et de tendance laïque, même s'ils ont été infiltrés par des islamistes. Ils ont rédigé un Manifeste destiné à servir de base à une nouvelle constitution. Selon le général Cheikh, interviewé par le Daily Telegraph, il semble que David Cameron serait prêt à les soutenir.
L’ASL a pour concurrents sur le terrain des groupes sectaires liés aux Frères musulmans financés par le Qatar, des rebelles financés par des salafistes haineux basés en Arabie saoudite, et des Syriens mobilisés par Al-Qaïda (el-Nusrah). Le Conseil National Syrien (CNS), basé en Turquie et formé d’exilés, soutenu par les USA jusqu'au 31 octobre, est un concurrent de l’ASL aspirant à diriger la Syrie post-Assad. Ce groupe est dominé par les Frères musulmans.
Après avoir retiré leur soutien au CNS [leçon du désastre de Benghazi ?], les USA cherchent à promouvoir l'Initiative Nationale Syrienne dont l'objectif est de restructurer l'opposition sur des bases plus larges, mais différentes de celles de l’ASL. Divers groupes rebelles, ainsi que des membres du CNS, sont présentement réunis à Doha au Qatar pour en discuter.
L’accès aux armes et au financement est le nerf de la guerre.
Le Général Mustafa al-Cheikh de l'ASL
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Dans une interview avec le Daily Telegraph depuis sa base dans la Syrie occupée par les rebelles, le Général Mustafa al-Cheikh a annoncé la nouvelle structure de leadership de l'Armée syrienne libre (ASL) qu'il dirige.
Il a également salué la décision de David Cameron d’établir des relations avec les rebelles, et même d’envisager leur fournir des armes, mais il a prévenu que la guerre se répand dans les pays voisins, que les rebelles sont divisés, et que la situation est urgente : «En l’absence d’une décision rapide de nous soutenir, nous deviendrons tous des terroristes. Si vous appliquez la pression qui a été appliquée sur la Syrie, ça va exploser dans toutes les directions. Le terrorisme va croître rapidement. »
Le Général Cheikh à été le premier d’une série de généraux de l'armée du régime à faire défection après le Colonel Riad al-Assad à la tête de l’ASL. Les rebelles qui combattent sur le terrain sont divisés entre eux et plusieurs refusent de reconnaître son leadership.
Conscient qu'il s'agit de l’une des principales raisons de la réticence des puissances occidentales à les armer ou à encourager leurs alliés du Moyen-Orient à leur fournir des armes, Cheikh a annoncé vendredi une nouvelle structure de commandement unifiée : la Syrie serait divisée en cinq commandements, chacun dirigé par un général ayant fait défection. Il a également publié un manifeste que tous les leaders rebelles devront signer, et qui exige le respect de l’unité de la Syrie et des droits humains, particulièrement les droits des prisonniers. Il envisage que le manifeste puisse devenir la base d’une nouvelle constitution pour la Syrie.
Il dit que la Grande-Bretagne et d'autres pays devraient rendre leur aide conditionnelle à l'adhésion à ce manifeste, d’autres groupes rebelles étant présentement mieux financés. On dit que l’Arabie saoudite et le Qatar, ainsi que des financiers privés, préfèrent les groupes rebelles islamistes aux groupes à tendance laïque.
Le Qatar est présentement l’hôte d’un nouvel effort en vue d’unir les leaders politiques de l’opposition, mis à mal par des querelles au sein du Conseil national syrien (CNS), et entre le Conseil et d’autres groupements idéologiques.
L’Initiative Nationale Syrienne comprendrait un noyau de 60 membres, un comité militaire et un comité judiciaire. Les 60 membres désigneraient ensuite un gouvernement technocrate pour «diriger la révolution syrienne», y compris dans les régions contrôlées par les rebelles.
«Les Qataris en ont marre de financer un cirque. C'est pourquoi cette nouvelle initiative a été proposée. C'est pourquoi l'opposition comprend qu’il doit y avoir une issue à ces rencontres », a dit un diplomate occidental au Daily Telegraph.
Si une entente est paraphée, l’Initiative recevra un appui financier énorme, dont 280 millions $ des États-Unis, affirment des diplomates du Moyen-Orient impliqués dans la rédaction d’une feuille de route pour la formation d'un gouvernement syrien de transition. Il y aura également des pourparlers sur un soutien militaire.
Quelle forme cela prendra, et qui fournira les armes, est moins évident. Mais Jamal al-Wa'ard, un membre du CNS, a déclaré : «Nous avons négocié un mécanisme par lequel nous pouvons nous défendre contre les avions de Bashar al-Assad», suggérant qu’on leur avait promis de meilleurs systèmes antiaériens, tels que les nouveaux missiles surface-air tirés à l'épaule.
La nouvelle Initiative ne résout pas le problème de l’acheminement de l’aide en Syrie, ou la question de savoir si les rebelles sur le terrain accepteront de recevoir des ordres de politiciens exilés, certains depuis des décennies. Les sceptiques disent aussi que cette Initiative est trop bureaucratique et complexe pour séduire les Syriens ordinaires.
«Cela me rappelle les débuts du CNS. C’est le même plan, une fois de plus», affirme Khaled Salah, membre de l'exécutif du CNS.
Source : Syria: leader of rebels warns they might 'turn into terrorists', Telegraph, 9 novembre 2012. Traduction par Poste de veille
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Session de mobilisation autour du drapeau noir d’Al Nusra, le front d’Al-Qaïda composé de Syriens:
Le résultat :