Irak : l’occupation de Mossoul par l’EIIL facilitée par des complicités locales
L’occupation aisée de la province de Ninive et de la ville de Mossoul par l’État Islamiques d’Irak et du Levant (EIIL) tient peut-être moins à l’irrépressible avance des deux ou trois mille militants islamistes – l’armée et la police régulières irakiennes disposaient sur place de dix fois plus de combattants… –, qu’à des complicités locales et au soutien de franges de la population à Mossoul.
C'est ce que laisse, en partie, entendre le témoignage d’un prêtre qui a quitté Mossoul pour se réfugier ailleurs dans le province.
Le « calme est apparent » à Mossoul. La population s’est enfuie surtout parce qu’elle craint la réaction de l’armée qui pourrait provoquer des massacres de civils.
La rapide avancée des insurgés ne s’explique pas que par l’intervention de l’extérieur des djihadistes du prétendu État islamique d’Irak et du Levant, mais révèle plutôt l’appui dont ils bénéficient auprès de vastes secteurs des sunnites irakiens, opposés au gouvernement de Bagdad.
Dans le compte rendu présenté à l’Agence Fides par le Père Paolo Thabit Mekko, prêtre chaldéen qui s’est, lui aussi, éloigné de Mossoul et se trouve actuellement à Kramles, dans la plaine de Ninive, le moment dramatique que traverse l’Irak se présente sous un aspect plus délicat et complexe que ne le laisseraient penser les versions sommaires diffusées par la presse internationale.
Selon le prêtre irakien, dans la deuxième ville d’Irak, après la fuite hâtive de l’armée et des forces de police, n’ont eu lieu ni attentats ni fusillades.
Les services et la distribution du carburant sont assurés.
La population demeurée sur place est invitée à retourner au travail. Plusieurs familles ayant fui dans les villages de la plaine de Ninive commencent à revenir dans la ville, au moins pour contrôler leurs maisons. « Selon ce qu’ils racontent, indique le Père Thabit Mekko, il ressort que, parmi les groupes d’hommes armés qui, depuis lundi soir, ont pris le contrôle de Mossoul, une grande partie est composée d’Irakiens de Mossoul ou des environs.
Tous ne peuvent pas être étiquetés comme terroristes étrangers. Certains d’entre eux haranguent la foule dans la rue, disant vouloir garantir l’ordre, protéger la population et combattre l’injustice du gouvernement de Bagdad. Par leurs discours, ils veulent surtout exprimer leur hostilité au gouvernement d’al-Maliki. Des rumeurs indiquent qu’ils auraient nommé un gouverneur ».
Un autre facteur important dans le drame en cours est le rôle joué par les milices kurdes des Peshmergas, qui acquièrent des positions de forces y compris dans des zones contiguës du Kurdistan irakien. « Actuellement, nous sommes protégés également dans notre zone par des soldats kurdes venus d’Erbil », indique le prêtre.
Les Peshmergas kurdes contrôlent les barrages établis sur la route portant de Mossoul à Erbil et sont intervenus également pour protéger la ville de Kirkuk, dont la population compte une forte composante kurde
. « Mais pour l’instant,ajoute-t-il, il n’y a pas eu d’affrontements entre kurdes et miliciens sunnites.
Ces derniers se dirigent vers le sud. Ils veulent arriver à Bagdad et on a l’impression qu’ils ne veulent pas entrer en conflit avec les kurdes dans les régions du nord ».
Depuis hier et pour la première fois depuis la chute du régime de Saddam Hussein, le drapeau kurde flotte sur les bâtiments institutionnels et sur les commissariats de police de la ville d’Alqosh.
« Ce qui nous préoccupe, ajoute le PèreThabit Mekko, est ce que nous entendons à la télévision, où certains disent qu’il faut armer toute la population et l’envoyer combattre les terroristes.
Or, actuellement, toute erreur risque de provoquer un bain de sang ».
Source : Agences
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