Un choc entre deux projets et deux personnalités : le patron de l'UMP et la cheftaine du FN ont débattu âprement sur LCI mercredi soir.
Ce n'est un secret pour personne : Jean-François Copé et Marine Le Pen se détestent.
Pas seulement pour cause de divergences politiques et idéologiques, mais aussi parce que c'est une question de caractère. "Il est puant et plein de morgue", grimace en privé la présidente du FN au sujet de son homologue UMP. Et ce dernier n'en pense pas moins.
Alors, mercredi soir sur LCI, Jean-François Copé et Marine Le Pen n'ont pas pris de gants pour s'affronter. Dans une ambiance tendue, les échanges ont été âpres et sans concession. D'autant plus que les sondages donnent l'UMP et le FN au coude à coude pour les élections européennes du 25 mai, aux alentours de 23 %. Voilà les moments forts du débat.
20 h 50 : premières attaques. Vêtue sobrement d'une veste noire, Marine Le Pen toise son adversaire Jean-François Copé, lequel porte costume et cravate bleu marine. "N'oublions jamais que, si François Hollande est au pouvoir aujourd'hui, c'est parce que vous lui avez largement fait le marchepied en appelant à faire battre Nicolas Sarkozy en 2012", lance le patron de l'UMP.
Et Marine Le Pen de répliquer : "Non, voyez-vous, François Hollande a admis lui-même avec une certaine modestie que, s'il a gagné, c'est parce que Nicolas Sarkozy avait perdu !" Bref, le ton est donné : les deux adversaires ne feront pas de quartier et il n'y aura pas de round d'observation.
REGARDEZ cet extrait :
21 h 5 : la réforme territoriale voulue par François Hollande divise. Si Jean-François Copé explique que la priorité des Français n'est "pas de réorganiser le territoire", il admet qu'il faudrait "fusionner les conseils généraux et les conseils régionaux". Pas question d'en entendre parler pour sa rivale frontiste, qui veut "conserver les départements" : "Notre organisation à nous est : communes, départements, nation, et non pas communautés d'agglo, régions et Europe."
21 h 30 : "Vous jouez sans arrêt sur la peur." Voilà le refrain préféré de Jean-François Copé, accusant ainsi sa rivale de faire campagne sur des sujets démagogiques. Même si le journaliste Éric Revel tente de faire porter les échanges sur le fond, Copé et Le Pen multiplient les uppercuts.
Très offensif, le patron de l'UMP se montre parfois un peu suffisant, lâchant, par exemple, lors d'un échange sur la sortie de l'euro : "Madame Le Pen, même en classe de sixième, on est d'accord avec cela !" L'ex-candidate à l'Élysée renchérit, justifiant son attitude : "Je suis agressive parce que vous être méprisant, votre morgue revient." Copé reproche au FN de vouloir une "France qui se replie sur elle-même".
Quant à Marine Le Pen, elle note que les statuts du PPE - dont est membre l'UMP au Parlement européen - "prévoient l'intégration fédérale de l'UE".
Une façon de renvoyer l'UMP à ses dissensions internes.
Votre économiste est celui de Mélenchon ?
21 h 40 : le traité transatlantique au coeur du débat. Jean-François Copé défend ce traité dont les négociations sont encore en cours avec les États-Unis : "L'intérêt est de mettre des normes communes et des règles du jeu entre les États-Unis et l'Europe. Si elles ne sont pas respectées, ce sera non et il n'y aura pas de traité. Mais si le traité est signé, eh bien, nous aurons de meilleures armes pour vendre nos produits." Marine Le Pen ne l'entend pas ainsi : "Cet accord est une véritable folie.
Les Américains vont nous imposer leurs propres normes et cet accord signera la disparition de l'agriculture française."
21 h 50 : c'est cette fois sur l'euro que les deux rivaux croisent le fer. "Cette monnaie asphyxie notre économie. Et l'euro n'est pas notre seul problème : il y a aussi l'absence totale de protectionnisme et de patriotisme économique", juge Le Pen.
Narquois, Copé l'interrompt : "Votre économiste est celui de Jean-Luc Mélenchon ? C'est bien cela ? Ce n'est pas grave ! Assumez ! C'est juste pour que les Français le sachent !" Une allusion à la récente déclaration de Mélenchon : "La question n'est plus de savoir si on doit sortir de l'euro, mais quand et comment on le fera."
Le Pen manquant de consistance sur ce sujet, c'est Copé qui conclut : "Vous êtes sacrément fragile sur les questions économiques."
Marine Le Pen s'énerve : "Ne me faites pas un procès en incompétence, surtout vu votre bilan à la tête du pays !"
REGARDEZ cet extrait sur l'euro :
22 heures : dernier round sur l'espace Schengen. Marine Le Pen réclame la suppression pure et simple de l'espace Schengen, cet espace de libre circulation des personnes entre les États signataires de l'accord appliqué en 1995. "Droite et gauche ne changeront rien là-dessus !
Les entrées de clandestins en Europe sont en hausse de 48 %", explique la présidente du FN, citant le dernier bilan de l'agence Frontex chargée de surveiller les frontières de l'UE.
Et Copé - qui plaide pour "un gouvernement plus politique" de l'espace Schengen - de lever les yeux au ciel : "Sortir de Schengen, c'est pénaliser 65 millions de Français qui devront attendre deux heures aux douanes !"
Marine Le Pen le coupe aussitôt : "C'est l'argument bobo par excellence !"
REGARDEZ cet extrait sur l'espace Schengen :
À défaut de voir un vainqueur triompher par K-O, les téléspectateurs ont vu deux personnalités et deux projets s'affronter. Qui aura convaincu ?
Réponse le dimanche 25 mai lors des élections européennes.
Source et publication: http://www.lepoint.fr/politique/cope-le-pen-pas-de-vainqueur-par-k-o-15-05-2014-1823071_20.php#xtor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20140515