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LE DOSSIER SUR LA RELATION DU POLITIQUE ET DU MILITAIRE ........

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Le Point.fr - Publié le 09/05/14 à 11h38 

Les conseils de deux anciens chefs d'état-major des armées à Pierre de Villiers

Jacques Lanxade et Henri Bentégeat sont féroces avec la réforme de la gouvernance des armées de Le Drian et de Hollande. Ils l'écrivent noir sur blanc.

 

Par Jean Guisnel

 

La dernière livraison du Casoar, la revue trimestrielle de la Saint-Cyrienne, l'association des anciens de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, consacre un épais dossier à la relation entre le politique et le militaire.

Parmi les multiples contributions, deux retiennent particulièrement l'attention : celles de deux anciens chefs d'état-major des armées (Cema), l'amiral Jacques Lanxade (Cema d'avril 1991 à septembre 1995) et le général Henri Bentégeat, qui prit son poste onze ans après lui (d'octobre 2002 à octobre 2006). 

Si on se souvient que ces deux cadres militaires furent chacun chef de l'état-major particulier du président de la République (le premier avec François Mitterrand, le second avec Jacques Chirac) avant de prendre leurs fonctions, on conviendra qu'ils sont effectivement à même d'évoquer cette relation complexe.

D'autant plus qu'ils sont tous deux demeurés des observateurs attentifs de la vie des armes et de leurs relations avec le pouvoir.

Aujourd'hui rangés des voitures, ils n'ont pas la plume dans la poche...

"Ingérence des cabinets"

On sait que les armées ne vivent pas aussi placidement qu'elles le prétendent la conduite rênes courtes des affaires opérationnelles par le cabinet du ministre de la Défense.

Le rôle du Cema a été réduit par la réforme récemment mise en place, et Jacques Lanxade, qui ne passe pas pour un excité, conteste deux évolutions majeures en écrivant : "Il est légitime que le ministre de la Défense soit impliqué dans la gestion des crises, mais sous la réserve, tant que la Constitution n'aura pas institué un régime présidentiel comme aux États-Unis, que ceci ne porte pas atteinte au rôle du Cema, qui doit demeurer responsable vis-à-vis du président de la conduite des opérations." 

Et d'enfoncer le clou : "Il y a donc lieu, à cet égard, d'organiser clairement les conditions dans lesquelles le ministre dispose des moyens de suivre la situation militaire, tout en évitant le risque d'ingérence des cabinets."

L'ancien responsable conseille au nouveau Cema, le général Pierre de Villiers, de "s'opposer à toute nouvelle ingérence du cabinet [du ministre de la Défense, NDLR] dans la conduite des opérations, car ce serait retomber dans les erreurs du passé". Henri Bentégeat est du même avis quand il écrit que le Cema se doit d'"interdire que des conseillers de ministre s'ingèrent dans la conduite des affaires courantes en contournant l'autorité du Cema".

"Ramper comme des limaces"

Jacques Lanxade regrette par ailleurs les pouvoirs accrus que la réforme a accordés au secrétaire général pour l'administration (SGA).

Il conteste notamment que ce dernier se soit vu attribuer la responsabilité des ressources humaines de la Défense, initiative qualifiée de "grave erreur, qui aura des conséquences opérationnelles et devra être un jour rectifiée".

Il estime enfin que l'ensemble de cette réforme porte "le risque grave, sous prétexte de concentrer les militaires sur leur coeur de métier, de les confiner, et d'abord leur haute hiérarchie, dans la stricte action de combat sur le terrain".

Pierre de Villiers ne manquera pas d'apprécier à sa juste valeur le "bréviaire superflu" qu'Henri Bentégeat a rédigé à l'intention de ses successeurs.

Le premier de ses conseils d'ami tient en trois mots "savoir dire non" : "Tout Cema se doit d'être hanté par le spectre de Gamelin".

Deuxième conseil, toujours en trois mots : "Tenir son rang", car "on a connu des officiers généraux, imbus de leurs étoiles et odieux avec leurs subordonnés, ramper comme des limaces devant le moindre grouillot de cabinet".

Là, Henri Bentégeat en dit trop ou trop peu : nous exigeons des noms !

Et aussi quand il écrit qu'il a connu "des chefs d'état-major qui abandonnaient à leurs adjoints des pans entiers de leur charge.

Ces derniers, orphelins de leur chef, se vendaient à qui voulait les prendre."

 

source et publication:   http://mobile.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/les-conseils-de-deux-anciens-chefs-d-etat-major-des-armees-a-pierre-de-villiers-09-05-2014-1820818_53.php


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