LA FIN DES ILLUSIONS : QUE FAIRE EN CAS DE CONVOCATION POLICIÈRE?
Vous trouvez, un matin, une convocation au commissariat dans votre boîte aux lettres. Inutile de téléphoner, ils ne vous donneront aucun renseignement. Vous pouvez choisir de ne pas y aller, car rien ne prouve que vous l’avez reçue (quoique depuis quelques temps la police se déplace de plus en plus à domicile pour les délivrer) mais imaginons que la curiosité vous y pousse.
Déjà, si vous êtes convoqué, c’est que ce n’est pas très grave : si ça l’était, ils auraient débarqué chez vous pour vous embarquer! Deux autres points révélateurs : si vous êtes convoqué dans un commissariat de quartier, c’est moins grave qu’au commissariat central; si vous êtes reçu par un policier en uniforme, c’est moins préoccupant que par un officier en civil.
Habillez-vous et coiffez-vous le plus innocemment possible pour vous rendre sur place. Au début ça se déroule toujours de la même façon : le policier qui vous reçoit commence par dire "Je ne sais plus pour quelle raison je vous ai fait venir" (sous-entendu : ce n’est pas bien grave) puis vous pose quelques questions anodines pour vous mettre à l’aise, vous détendre. Là, première précaution à prendre : même aux questions les plus simples et les plus évidentes, laissez passer quelques secondes avant de répondre; ainsi, lorsque vous serez face à une question embarrassante, le laps de temps que vous mettre à répondre ne leur paraîtra pas suspect.
Voila que, maintenant, votre interrogateur en vient au vif du sujet : vous avez tenu des propos répréhensibles sur Internet. Là se pose à vous une question cruciale, à laquelle il n’est pas toujours aisé de répondre : comment le sait-il, et en a t-il la preuve?
- soit vous avez posté sous votre propre nom, et là évidemment ils n’ont pas eu grand mal à vous identifier! Tant pis pour vous… tout ça ne fut que vaine gloriole, vous auriez été plus utile en continuant le combat anonymement qu’en vous offrant comme victime expiatoire face à une population amorphe qui pensera que, de toutes façons, c’est bien fait pour vous.
- soit vous avez posté anonymement, et ils sont remontés à vous via votre IP. Donc la précaution de base à prendre lorsque vous postez, et que vous désirez garder vraiment votre anonymat : le faire toujours sous proxy, même si vous avez un blog wordpress ou quelqu’autre hébergeur américain, ou russe, ou je-ne-sais-quoi : ce qui est sécure aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. Rappelez-vous : le mois dernier Twitter a refusé de se soumettre aux diktats du ju!f français :http://rivarol.over-blog.com/article-pied-de-nez-de-twitter-a-l-uejf-114242023.html . Fort bien! Mais ça ne va pas durer, se doute t-on en lisant l’article, car on y apprend que Twitter s’est tout de même dit prêt à coopérer, en proposant de délivrer une commission rogatoire pour obtenir la communication des données, ou engager une procédure «d’exequatur» aux États-Unis ,ce qui permettra au jugement français d’être ratifié par la justice U.S. Ca doit être pour ça que le tout aussi américain facebook a eu balancé des usagers français à la police de leur pays – dont l’auteure de ces lignes.
Car il faut bien garder à l’esprit que si Twitter n’est pas obligé de donner les IP de ses usagers à la justice d’un pays étranger, rien ne l’en empêche non plus. Concrètement : si la police d’un pays adresse une demande à Twitter pour connaître l’IP d’un internaute "raciste", et si l’employé de Twitter recevant ladite demande s’appelle N’diaye ou Levy, il y a toutes les chances pour qu’il accède aussitôt à la requête policière étrangère… d’ailleurs ça se précise :http://www.usinenouvelle.com/article/fleur-pellerin-twitter-a-tout-interet-a-s-adapter-a-la-loi-francaise.N189095
Oh! Certes, les proxys ne sont pas la parade absolue, mais il faut savoir qu’une demande d’identification coûte entre 60 et 70€ à l’organisme qui la fait. Si l’IP obtenue est celle d’un proxy , il faut encore faire de longues – et donc coûteuses ! – recherches. Et il faut que les IP obtenues soient recevables en justice, donc obtenues légalement et pas par des bidouilleurs inféodés à la police! Ajoutez à cela que, pour « bétonner » le dossier, il vaut mieux qu’ils aient plusieurs posts de la même personne, et là on arrive vite à plusieurs centaines d’euros… or vu les nombre de blogs dénonçant le sionisme etc… il est douteux qu’ils fassent ça pour tous. Ils ne condamneront que les plus faciles : ceux qui postent sous leur véritable IP, ceux qui reconnaissent spontanément les faits, se laissant impressionner etc… donc face à votre interrogateur, niez pour l’obliger à produire ses preuves. S’il n’en a pas, il bluffe, alors ne vous laissez pas impressionner par ses menaces. Si ce sont des captures d’écran, sommez-le de produire la preuve qu’elles ont été faites au commissariat, par un officier de police judiciaire, et non pas apportées par un citoyen lambda – si tel est le cas, criez au faux. Passez l’après-midi en garde-à-vue s’il le faut, ça sera toujours mieux qu’une amende ou une peine de prison avec sursis six mois plus tard, car il faut savoir qu’en cas de mise en GAV l’avocat que vous devez très légalement rencontrer dans la première heure n’aura pas accès à votre dossier, et que vous ne le verrez plus pendant vingt heures.
En toutes circonstances demeurez calme et courtois : les fonctionnaires de police font juste leur travail, ne leur donnez pas des prétextes pour en faire une affaire personnelle. Lorsqu’ils tempêtent, feignez d’être impressionné, d’avoir peur : tout ce que vous direz ensuite ne leur en paraîtra que plus vrai. Mais surtout – surtout! – à aucun moment ne leur accordez la moindre confiance! Leur boulot, c’est de vous enfoncer, pas de vous aider à mieux vivre.
Une autre chose, certes désagréable à admettre et même à envisager, mais qui n’en est pas moins vraie : la tentation, proposée par les interrogateurs de la police, de dénoncer des camarades pour obtenir l’indulgence du procureur. Très mauvais calcul! Car dès lors que le prévenu admet être plusieurs à œuvrer, ses amis est lui peuvent être considérés comme "bande organisée" ainsi que définie à l’article 132-71 du code pénal, ce qui contribue à aggraver l’infraction à laquelle elle se rattache à cause de sa préparation, et peut même – selon ce qu’ont fait ceux que vous pouvez avoir la tentation de dénoncer – se transformer en association de malfaiteurs, délit prévu à l’article 450-1 du code pénal! La délation ne vous sauvera donc pas mais fera empirer votre peine!
Une autre arme employée par les policiers interrogateurs est la présence récurrente de plages de silence, pendant lesquelles ils font mine de taper votre déposition, ou de vérifier quelque chose. Ils savent que les esprits occidentaux n’y sont plus guère accoutumés, et vont chercher à le remplir par n’importe quoi, y compris des babillements révélateurs. C’est là que, si vous n’y prenez pas garde, vous risquez de laisser échapper ce qu’ils ne vous ont pas demandé, et qui va vous enfoncer ! Veillez donc à vous retenir – ou mieux, mais uniquement si vous vous en sentez les capacités, de feindre l’affolement et de lâcher des pseudo-informations qu’ils vont croire révélatrices, mais vont toutes les mener dans des impasses. Mais soyez sûr de votre coup ! Car plus vous en direz, plus il vous sera difficile de vous y retrouver par la suite !
Si vraiment votre interrogateur est sûr de son coup, parce que vous avez été dénoncé par exemple, il peut vous menacer en affirmant que le procureur va ordonner une perquisition. Rien n’est plus faux, seul un juge peut délivrer la commission rogatoire permettant une perquisition. En revanche le police peut perquisitionner chez vous si vous l’y autorisez, et vous fait alors signer un registre ad hoc. Ca peut vous être proposé comme alternative à la garde à vue – et celle-ci peut être plus ou moins pénible selon les policiers qui vous ont en charge : vous pouvez la passer dans une cellule individuelle, ou une cellule commune avec des clochards ivres qui vous vomissent dessus, et la cuvette des chiottes sans rideaux au milieu de la pièce! A été édité un petit manuel dont le but est de donner corps, par une généralisation du silence, à l’extension la plus universelle possible du sabotage du travail policier, et qui est à télécharger ici http://www.mecanopolis.org/?p=14260 et/ou là :http://1libertaire.free.fr/GavbrochureA5.pdf : lisez-le attentivement . Si vous n’avez pas eu le temps de préparer une fable réaliste, mieux vaut effectivement vous en tenir au mutisme. Sinon, à chaque question demandez « Suis-je obligé de répondre ? », il paraîtrait qu’ils sont censés vous le dire (sans garantie, je n’ai pas eu personnellement l’occasion de vérifier).
Si vous signez un document, gardez présent à l’esprit que le droit français a ceci de pervers, que cette signature vous engage même si les faits relatés sur le document s’avèrent faux par la suite. Donc si vous avez l’intention de contester ultérieurement un procès-verbal, gardez-vous de le signer : si vous l’avez paraphé, toute contestation devient de ce fait légalement impossible. Certes cela risque de retarder le moment de votre libération, mais gardez à l’esprit que le temps joue pour vous : chaque heure qui passe, une nouvelle affaire vient s’ajouter au travail des policiers, donc au bout d’un moment ils vont avoir envie de se débarrasser de vous.
Les membres de Stormfront Italie, il y a peu, et de Stormfront Allemagne, voici quelques années, postaient sous proxys et sont tombés quand-même. Comment cela est-il arrivé ? D’une façon ne devant rien à la technologie. Certains d’entre eux se sont montrés trop confiants et ont confié des secrets à de parfaits inconnus rencontrés sur le même forum, ou ont voulu les rencontrer. Sitôt que lesdits inconnus – indics ou ju!fs – ont eu leurs noms et adresses, ils les ont communiqués à un magistrat qui a demandé aux fournisseurs d’accès internet des internautes stormfrontiens de lui communiquer leurs journaux de connexion. Et là, proxy ou pas, c’est cuit – et eux n’ont pas été convoqués, mais bel et bien cueillis au saut du lit ! Il est en effet consternant de voir à quel point certains des nôtres sont imprudents : combien, sans que nous ne leur ayons rien demandé, nous ont envoyé dès la seconde prise de contact des photos très personnelles, parfois même avec leur famille ? Et ça vaut pour les désirs de contact réel : quelle absurdité, alors qu’Internet pour la première fois dans l’histoire de la Résistance à un Ordre Etabli permet de se dispenser de ce facteur de risque que sont les rencontres personnelles!
Conclusion : si vous n’êtes que convoqué et que vous êtes sûrs que c’est pour des choses sur Internet, c’est qu’ils n’ont pas de preuve formelle contre vous. Vous avez donc amplement le temps de nettoyer votre ordi, et de mettre tous vos document sensibles sur un ou plusieurs disques durs externes que vous dissimulerez dans les communs de votre immeuble, ou quelqu’autre cachette de votre choix. Et même si vous avez posté sous votre vrai patronyme, ce qui signifie qu’ils se sont naturellement dispensés de demander l’IP au FAI, vous pouvez prétendre qu’il ne s’agit pas de vous ! Certes ils vont tempêter, vous demander qui a pu se faire passer pour vous etc… mais éludez, sans IP ils ne peuvent pas le prouver ! Bien entendu le mieux aura été de supprimer le blog ou les messages délictueux dès réception de la convocation. Il n’y a que 1% de chances que la police fasse une demande d’IP après coup, et 99% qu’elle classe l’affaire sans suites tellement elle est débordée d’affaires qu’elle juge bien plus graves !
Appendice : les proxys. Vous en avez de deux sortes : les « prêts-à-l’emploi » , telshttp://kuvia.eu , http://kproxy.com/ etc (une brève recherche sur le Net vous en montrera des dizaines d’autres) et ceux sous forme de logiciel à installer sur votre ordi ( comme https://www.torproject.org/ ) qui doit être, lui, lancé avant de vous connecter. Ceci fait, vérifiez avec http://mon-ip.com que votre IP est bien modifiée. La connexion en est fortement ralentie, mais permet un anonymat plus que relatif : on peut toujours remonter à vous mais c’est long et onéreux, surtout si, par exemple, après avoir lancé TOR vous postez en plus via un des proxys « prêt-à-l’emploi » précité. A moins de programmer un attentat vous pourrez donc poster avec une assez grande sérénité !