LES CABOTINS AUX AFFAIRES ?
La chute de l’emploi continue….
Auran Derien
le 03/05/2014
Les populations s’enfoncent dans le marécage que devient l’Europe.
Le phénomène de la chute, de la mort lente, se déroule sous nos yeux.
Nous vivons un meurtre économique de masse pendant que les poseurs et autres grimaciers veulent nous vendre aux multinationales américaines, peut-être fascinés par le fait qu’un jeune américain qui a fait au moins deux ans d’études supérieures va changer d’emploi en moyenne onze fois dans sa vie.
Il semble que les dirigeants ramollisent leur caractère.
Les élites politiques, sélectionnées par le monde des affaires, ont une mentalité de boutiquier: ils sont trop simples pour se préoccuper du peuple, et d’esprit trop lent pour s’intéresser à ce qui se passe ailleurs que dans leur ferme orwellienne. Pourtant, la politique de l’emploi pourrait être autre chose qu’une farce jouée par des cabotins.
Depuis 1997, on a beaucoup parlé de la politique de l’emploi en Europe, les petits bourgeois de la Commission fumant de slogans nouveaux et s’exaltant à propos de l’économie du savoir.
Pendant que ces crânes solennels mais creux rédigeaient des rapports, la population s’enfonçait dans la pauvreté.
Toutes les industries ont chuté et les syndicats ne font plus rien pour les aider à se maintenir.
Le racket fiscal tombe sur les seules entreprises restantes et gérées par des européens de l’ancien temps, car aucune diaspora venue du vaste monde ne paye d’impôts ; les petits fonctionnaires pratiquent l’art du faux, n’ayant plus le courage ni souvent la volonté de traiter ces fraudeurs comme ils le méritent.
On veut bien admettre que les transformations technologiques aient des effets sur l’emploi, surtout lorsque l’obsession de réduire le nombre de personnes pour augmenter la productivité se généralise.
Pourtant le progrès technique est en marche depuis le milieu du XVIIIème siècle et s’est généralisé à la plupart des communautés organisées dans le monde sans pour autant que toutes les zones s’écroulent.
On suggère que l’obsession de la flexibilité, pour chaque travailleur sauf pour le personnel politique, change les structures de l’emploi et déplace les employés comme des marchandises.
•L’incertitude est pire que tout pour une organisation complexe, qui a atteint une certaine ampleur. Beaucoup d’acteurs ont un rôle à jouer en tant que clefs de voûte de l’ensemble et cela leur est impossible lorsque l’incertitude devient permanente.
Il convient donc d’organiser des séquences “sûres” d’emploi et de mobilité.
La sécurité se manifeste par le maintien de l’emploi (pas nécessairement le même) ou par un environnement prévisible en terme de revenu et d’alternatives.
•La nécessaire articulation entre la sécurité et la flexibilité.
On affirme que cette articulation reste aujourd’hui l’idéal des hommes d’honneur car elle se préoccupe simultanément de la protection sociale des employés, d’un droit du travail équitable, d’une politique active de la part des Autorités.
A travers l’Europe, nombreux sont les économistes ayant souligné les possibilités de diverses innovations, à condition que la politique parlante et gesticulante ne les laisse pas mourir.
Trois pays du Nord de l’Europe et deux du Sud ont retenu l’attention des économistes.
En Hollande, le partage des tâches a toujours été privilégié : entre hommes et femmes, entre employés à plein temps et à temps partiel. En Finlande, les personnes de plus de 45 ans ont été incitées à rester actives et le moment de la retraite dépend d’un choix personnel.
Au Danemark, chaque employé en arrêt de travail, pour quelque raison que ce soit, laisse le temps disponible à un travailleur sans emploi.
En Italie, l’innovation a consisté à fonder des bourses du temps.
Les individus disposent d’un compte-temps où ils peuvent accumuler ou utiliser des heures, dans le cadre d’une organisation collective du temps de la vie urbaine. Les horaires de fonctionnement des services publics, des entreprises privées, les spécificités des familles ont été mises en synergie dans certaines villes.
Enfin, n’oublions pas les possibilités des coopératives dont le pays basque a donné d’excellents exemples. Les coopératives offrent l’opportunité de rassembler professionnels et bénévoles, subventions publiques et contributions privées, afin de satisfaire des besoins solvables ou non.
Toute cette ferblanterie sociale ne vaut rien et s’écroule sous le poids de sa propre médiocrité. Aucune élite n’est sélectionnée pour mettre en place, durablement, avec fermeté, les conditions dans lesquelles chacun pourrait mener une vie décente.
Le monde de la finance choisit des collaborateurs sans talent, sans esprit, sans rien, hormis l’obscurantisme.
Le désert nous rattrape.
Deux ouvrages restent des références :Bernard Gazier : Vers un nouveau modèle social, Flammarion, Champs, 2005.
Peter Auer-Bernard Gazier : L’introuvable sécurité de l’emploi, Flammarion, 2006.
Source et publication: http://metamag.fr/metamag-2009-Les-cabotins-aux-affaires---La-chute-de-l’emploi-continue…..html