Lundi : Hommage à l’Abbé Perrot et aux martyrs du nationalisme breton
BREIZATAO – FEIZHABREIZH (20/04/2014) Evel boaz e vo lidet un oferenn e chapel Itron Varia Koad Kev Skrigneg d’al lun Fask da zont, 21 a viz Ebrel da deiz eur goude merenn (15 eur).
Ar bloaz-mañ e vo lidet er stumm dreist-ordinal, da lavarout eo e latin, war-bouez ar brezegenn a vo e brezhoneg, gant ar beleg Anton Ar Barzh. Warlene ne oa ket bet a oferenn.
Ar wech kentañ e vo ar bloaz-mañ, abaoe 50 vloaz, ma vo lidet eno an Oferenn en doare dreist-ordinal.
Ar wech kentañ e vo ivez aboae keit all ma vezo distaget ur brezegenn e brezhoneg en un Oferenn e latin.
Gant holl vignoned Lun Fask Koad Kev e c’hello izili Emglev An Tiegezhioù en em gavout en deiz-se evit pediñ evit hor c’henvroiz o deus gouestlet un tamm eus o buhez d’ar vro a oa bet fiziet enno gant Doue.
Lod ac’hanomp a c’hello en em gavout er Groaz Yann-Vari-Perrot diouzh ar beure: emgavda 10e :plasenn bourk Skrigneg (an aesañ-toud evit ar re a zeu evit ar wech kentañ. N’o devo goude nemet heuliañ an dud all. Eil lec’h-emgav: 10e30 e-tal ar groaz ruz a verk al lec’h ma oa bet lazhet an Aotrou Perrot. N’eo ket Ar Groaz Ruz, hag a zo ur geriadenn vihan war an hent Bolazeg-Karaez. Just a-walc’h emañ kroaz an Aotrou Perrot war an hent a gas eus Bouk Skrigneg da-gaout Ar Groaz Ruz, ur c’hilometr pe zaou a-raok Ar Groaz Ruz. Goude-se e vezer boaz da zebriñ war a-dreñv chapel IV Koad-Kev, e ti mari-Glazur, pe neuze en un ti debriñ.
Comme chaque lundi de Pâques, fête de la résurrection du Christ, les Bretons honorent la mémoire de l’Abbé Yann Vari Perrot, assassiné par les terroristes communistes français, parce que prêtre et défenseur de la nation bretonne.
Sont également honorés tous les martyrs morts pour que la nation bretonne vive. Est également commémorée la Pâques 1916 durant laquelle les nationalistes irlandais s’insurgèrent contre l’impérialisme anglais.
Le rendez-vous est fixé à Scrignac, Place de l’Eglise, à 10 H 00
10 H 00 : rendez-vous place de l’église
10 H 30 : cérémonie de la croix érigé près du lieu du crime
11 H 15 : recueillement sur la tombe de l’abbé à la chapelle Koad Kev
11 H 30 : assemblée générale ordinaire de l’association
12 H 30 : déjeuner
15 H 00 : messe
Déjeuner
Apéritif
Salade composée
Jambon à l’os, pommes de terre, ratatouille
Fromage
Dessert
Adulte : 15 euros
Enfant : 8 euros
POUR EN SAVOIR PLUS
Jean-Marie Perrot est élevé dans une famille de paysans parlant le breton. Après des études à l'Institut des Frères des Écoles à Guingamp en 1889, il y exprime le désir de devenir prêtre. Il part alors faire ses humanités au Petit Séminaire de Pont-Croix.
Après une année passée à Brest au sein du 19e régiment d’infanterie, il rentre au Grand Séminaire deQuimper, puis devient vicaire à Saint-Vougay en 1904, où il entreprend la création d’un patronage Paotred Sant-Nougaoù il forme la jeunesse au travers de cercles d’études, d’une chorale et d’un groupe de théâtre.
Il est l'oncle de Louis Lalouer.
Militantisme avant-guerre
L'association Bleun-Brug (Fleur de Bruyère) a été créée en 1905 par l'abbé Perrot avec sa revue Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne) qui existe depuis 1899, et qu'il dirige à partir de 1911. Nommé vicaire à Saint-Thégonnec au mois de mars 1914, il est mobilisé à Lesneven le 5 août; mais il demande à partir pour le front comme volontaire au Groupe des Brancardiers Divisionnaires. Il est décoré de guerre 1914-1918.
Militant culturel, il possède depuis les années 1910 une aura importante dans l'Emsav, mouvement nationaliste breton.
Il est nommé vicaire à Plouguerneau en 1920. En 1922, Yves Floc'h (futur peintre) devient garçon de presbytère à sa cure. L'abbé Perrot crée le patronage Michel Le Nobletz et organise des représentations théâtrales.
Aussi, à cette occasion Yves Floc'h peint les décors d'une pièce et ses dons sont alors remarqués par le vicaire.
Dès 1932, son secrétaire est Herry Caouissin. Il est l'auteur d'innombrables articles et pièces de théâtre. En poste àSaint-Vougay, l'abbé Perrot est muté en 1930 à Scrignac, bastion du PCF, par sa hiérarchie épiscopale qui désapprouve son engagement politique au-delà du plan culturel.
En 1937, il fait construire à Scrignac la chapelle de Koat-Keo par l'architecte James Bouillé, avec des sculptures deJules-Charles Le Bozec, classée monument historique en 1997, aujourd'hui considérée comme un exemple significatif de la recherche d’une création architecturale bretonne moderne.
En 1938, Jean-Marie Perrot témoigne en faveur de militants nationalistes bretons inculpés pour détérioration de biens publics, après avoir peint des slogans sur les murs des préfectures pour dénoncer « la guerre en faveur des Tchèques » lors de la crise des Sudètes2.
Le 8 juillet 1941, il fait partie de la commission d'écrivains qui adopte l'orthographe unifiée du breton (peurunvan).
Débuts de la Seconde Guerre mondiale
Avec la guerre, son patriotisme breton lui attire l'hostilité grandissante d'une partie de la population, hostile aux séparatistes issus de Breiz Atao qui revendiquent la fin de l'appartenance de la Bretagne à la France, ce qui a alimenté des mises en cause régulières sur son compte.
Dès les années 1930, L’abbé Perrot est connu comme un sympathisant du Parti national breton, une organisation fascisante qui sera ensuite impliquée dans la collaboration. Dès la crise des Sudètes de 1938, le PNB affiche une position pacifiste et appelle les Bretons à refuser de combattre « pour l'impérialisme tchèque. » Dans ce contexte, plusieurs attentats sont perpétrés par des autonomistes membres ou proches du PNB, et plus particulièrement par l'organisation armée Gwenn ha Du de Célestin Lainé.
Le 9 août 1939, cette section spéciale du PNB organise un débarquement d'armes et d'affiches fournies par l'Abwehraux nationalistes bretons, près de Locquirec. Célestin Lainé affirmera en 1957 que l'Abbé Perrot lui avait donné la clé du jardin de l'abbaye pour y déposer « ce qui lui plaira », et que cette cache avait servi à dissimuler une partie de la cargaison récupérée à l'issue du débarquement3.
Le 16 octobre 1939, des fils télégraphiques sont coupés dans la région d'Huelgoat. L'abbé Perrot est dénoncé aux autorités françaises comme étant l'auteur d'un sabotage. Les gendarmes perquisitionnent son presbytère par deux fois et l'abbé Perrot est soumis à un interrogatoire mais n'est pas arrêté car il possède un alibi.
Un gendarme l'accusant publiquement d'être responsable de la coupure des fils, il porte plainte pour diffamation.
Par la suite, l'enquête établit qu'un ballon captif de l'armée était responsable de la coupure des fils. À la demande du colonel de gendarmerie de Quimper, l'abbé retire sa plainte pour diffamation.
Pendant l'Occupation
Pendant l'occupation, l'Abbé Perrot reçoit régulièrement les nationalistes bretons les plus compromis avec l'occupant allemand4.. En novembre 1940, il reçoit également la visite de Joseph Otto Plassmann, directeur du « bureau II des questions raciales de la SS » et chargé par Himmler « de mener des investigations approfondies sur place afin de brosser un tableau précis de la situation ethnique en Bretagne ainsi que de l'état du Mouvement autonomiste breton », puis en août 1942 celle de François Debeauvais accompagné d'un officier du Sicherheitsdienst de Rennes à qui l'Abbé« fait forte impression. »5 Il donne par ailleurs l’hospitalité aux Jeunes des Bagadou Stourm — service d'ordre du PNB — qui manœuvraient dans le Finistère et dont les deux chefs, Yann Goulet et L’Haridon, avaient été arrêtés par la police française avant d'être relâchés par les Allemands.
Selon Kristian Hamon, « dans cette commune, connue avant-guerre pour ses sympathies communistes, il est à craindre que ces visites ne soient de plus en plus mal perçues. » 6
Pendant la guerre, le recteur de Scrignac continue à faire paraître Feiz ha Breiz. Dès 1940, il y publie un article à l'occasion des 700 ans de l'expulsion des Juifs par le duc de Bretagne Jean Le Roux, en 1240, article dans lequel il rappelle la législation édictée par le duc à l'égard des Juifs, (alors que le statut des juifs vient d'être instauré par l'État Français) : une série de mesures discriminatoires qui s'achèvent par ces mots : « Nul ne doit être accusé ou traîné en justice pour les Juifs tués... ».
L'article se poursuit par une justification des persécutions, en citant Saint Thomas d'Aquin qui comparait les Juifs à des passagers parasites et disait d'eux: « Il n'y a qu'une chose à faire d'eux [...], les obliger à restituer leurs rapines, dédommager les passagers dont ils ont endommagé les bagages, et les mettre à ramer à la place des Chrétiens ».
Après cette citation, l'abbé Perrot, la reprenant à son compte, conclut par le commentaire suivant : « Voilà ce que nous devons à nouveau faire d'eux à présent, un peu dans tous les pays d'Europe ».
Cependant, l'abbé Perrot condamne toujours fermement le paganisme chez les national-socialistes, comme le montrent, entre autres exemples, ses débats avec Olier Mordrel7. Jean-Marie Perrot est très ferme dans une lettre à une paroissienne écrite le 29 septembre 1943, peu avant son assassinat :
« J'ai l'honneur de vous faire savoir que le PNB dirigé, par M. Raymond Delaporte, est un parti qui n'a été et ne peut être, tant qu'il se maintiendra dans la voie qu'il suit maintenant, condamné par l'autorité ecclésiastique.
Il n'en est pas de même de certains autres mouvements bretons tels que le groupement dit "Service spécial", dirigé par M. Célestin Lainé, de Ploudalmézeau, qui est nettement néo-païen, et le groupement Nemeton qui rêve de ressusciter la religion celtique.
Ces groupements sont à fuir comme la peste. Vous me demandez ensuite s'il est permis de sympathiser avec les Allemands. Cela va sans dire puisque notre religion nous ordonne d'aimer même nos ennemis (le cardinal Baudrillart, qui était une autorité, prêchait la collaboration avec l'Allemagne).
Néanmoins, il ne faut pas oublier qu'il y a Allemands et Allemands et que les Nazis sont des néo-païens dont il faut rejeter les doctrines parce que destructrices de tout l'ordre chrétien8. »
En 1957, Célestin Lainé reviendra sur cette lettre, affirmant : « On a tu avec soin l'identité du destinataire de la lettre. Cela se comprend. Nous devons déclarer que c'était madame Botros. Son fils, fusillé après la guerre pour avoir été dans l'Abwehr, n'était membre ni du Service Spécial, ni plus tard du Bezen (...).
L'abbé Perrot ne condamne pas le Service Spécial parce qu'il était nationaliste extrémiste ; il ne le condamne pas parce qu'il préparait à la lutte armée ; à la lutte armée contre les Français. Il le condamne parce qu'il le croyait néo-païen. »9
Dans une lettre adressée en mars 1943 à Yann Fouéré, il s'en prend en revanche aux jeunes de la commune qui refusent le recensement au STO : « Il faut d'autant plus s'occuper de nos jeunes qu'un vent de communisme souffle en ce moment violemment sur leur tête (...) n'est-il pas temps de protéger sérieusement nos magistrats contre cette bande d'énergumènes qui n'écoutent que la radio de Londres ? »10
L'abbé soutient par ailleurs l'invasion de l'Union soviétique et exalte dans un article de juillet 1943 « Les jeunes dans la fleur de l'âge qui sont allés donner la main aux Allemands pour se battre contre les sauvages de l'Est »11
Bravant l’interdiction de Mgr Duparc de célébrer les fêtes du Bleun-Brug pendant l’occupation, il organise le Bleun-Brugde Tréguier les 29 et 30 août 1942 à l'occasion du 500e anniversaire de la mort du Duc de Bretagne Jean V de Bretagne. En octobre 1942, il est nommé membre du Comité Consultatif de Bretagne (CCB), une assemblée (non élue) mise en place par le Préfet Régional Jean Quénette pour présenter des propositions dans les domaines de la langue et de la culture bretonnes.
L'abbé Perrot aurait aussi caché plusieurs aviateurs alliés, selon une déclaration citée dans l'ouvrage de Jean-Jacques Monnier Résistance et conscience bretonne 12.
A contrario, Kristian Hamon cite13 un exemple d'une de ces lettres de dénonciation de ses paroissiens. D'après Hamon, qui a retrouvé le dossier, un jeune breton, interprète au SD de Quimper sous l'occupation, révèle lors de son interrogatoire comment procédaient les informateurs des allemands pour communiquer leurs informations au SD.
Parmi ceux-ci, de nombreux membres du PNB. Cet interprète (PV du 11/9/1944) cite les noms de Bricler, d'un « barde » de Carhaix, d'un instituteur révoqué de Quimper et du curé de Scrignac14.
Plus tard, son presbytère est partiellement occupé par l'occupant et il est alors accusé à tort d'héberger des soldats allemands. Le 7 août 1943, des manœuvres des Bagadoù Stourm (Groupes de combat) se terminent à Scrignac15
Mort
L'abbé Perrot est abattu le 12 décembre 1943 par Jean Thépaut, résistant membre de l'Organisation spéciale du PCF à Scaër, membre du maquis de Saint-Goazec, pour certains auteurs sur l'ordre du Bureau central de renseignements et d'action de Londres16.
Concernant les raisons de cette exécution,la polémique continue jusqu'à aujourd'hui : a été évoquée la publication dans sa revue Feiz ha Breiz d'un article sur Katyn mais également sa collaboration avec l'occupant et des soupçons de délation. (cf les déclarations d'un traducteur de l'Abwer note 13).
Ces différences d'interprétations varient selon que l'on condamne cette exécution, que l'on en fasse un acte criminel partisan ou un acte de résistance.
Les obsèques de l'abbé Perrot ont lieu à Scrignac le 15 décembre, en présence « du ban et de l'arrière-ban du mouvement breton »17 mais en l'absence de la plupart des habitants du village.
Après l'oraison funèbre prononcée par Monseigneur Duparc, évêque de Quimper, Célestin Lainé rend hommage à l'abbé « à la manière des anciens celtes » en passant une branche d'if au-dessus de son corps18 puis déclare « La guerre est déclarée entre les ennemis de la Bretagne et nous. Ils ont tiré les premiers.
Maintenant nous allons prendre les armes. Nous sommes prêts. »1
Source Wikipédia