Fêtes de Pâques : pourquoi certaines célébrations sont autorisées dans la rue
Les prières de rue font l'objet d'une interdiction depuis 2011.
Pourtant, certaines processions chrétiennes défilent, notamment pour Pâques.
Une messe est célébrée dans la rue, en plein Paris, pour le Dimanche des Rameaux, le 13 avril 2014. (LUDOVIC MARIN / AFP)Par Francetv info
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Quelle est la différence entre une prière de rue et une autre prière de rue, aux yeux de la loi ? La question refait surface avec les célébrations de Pâques, accompagnées de processions, comme le dimanche des Rameaux ou le Vendredi saint. Dimanche 13 avril, justement, la coprésidente du Parti de gauche, Martine Billard, a déploré qu'une messe soit célébrée en pleine rue, à Paris.
Avait-elle raison d'y voir un acte illégal, équivalent aux prières de rue musulmanes qui ont tant fait parler d'elles dans le nord de la capitale ? Eléments de réponse.
Il existe une tolérance pour les "usages locaux"
Les prières de rue font l'objet d'interdictions depuis septembre 2011. Claude Guéant, alors ministre de l'Intérieur, expliquait au Figaro : "La prière dans la rue doit cesser car elle heurte la sensibilité de nombre de nos compatriotes (...) Cela n'est pas conforme au principe de laïcité qui nous régit".
Différents accords ont été trouvés avec les responsables de la communauté musulmane pour proposer aux croyants de prier le vendredi dans des lieux fermés, prévus pour l'occasion.
En janvier 2012, paraît au Journal officiel une réponse du ministère de l'Intérieur au député UMP Marc Le Fur apportant un éclaircissement sur l'interdiction des prières de rue : "Des cérémonies religieuses peuvent se dérouler à l'extérieur des édifices cultuels.
Les pouvoirs de police des maires et des préfets autorisent ceux-ci à réglementer, voire à interdire ces manifestations extérieures, lorsque celles-ci n'entrent pas dans les usages locaux ou sont susceptibles de troubler l'ordre public. En cas de manifestation inhabituelle, une déclaration préalable au maire est exigée par le décret-loi du 23 octobre 1935.
Le maire a alors la faculté d'interdire la manifestation, ou de la canaliser."
La République reconnaît donc, selon ce texte, les "manifestations traditionnelles" d'un groupe de croyants, qui "se distinguent nettement des rassemblements de fidèles se livrant à la prière dans la rue sans organisation préalable", selon le ministère de l'Intérieur.
Le Vendredi saint, les fidèles chrétiens ont donc le droit de défiler.
Des autorisations préfectorales sont parfois nécessaires
Plus récemment, une prière de rue organisée par les catholiques intégristes de Civitas devant l'Assemblée nationale a fait réagir de nombreux parlementaires, notamment à gauche.
Le député PS du Cher Yann Galut s'était insurgé, fin janvier 2013, du fait que les élus ne puissent s'approcher des manifestants.
Ce rassemblement ponctuel, ne répondant pas à une quelconque "tradition", était-il légal ?
Oui, selon la préfecture de police de Paris, qui avait autorisé l'événement.
"Les prières de rues ne sont pas interdites en tant que telles dès lors que leur périodicité et leur ampleur ne troublent pas l’ordre public", expliquait la préfecture, citée par Le Monde.fr.
Ces manifestations sont alors encadrées par les forces de l'ordre, selon un parcours défini à l'avance, mais pas dispersées par principe.
http://www.francetvinfo.fr/societe/fetes-de-paques-pourquoi-certaines-celebrations-sont-autorisees-dans-la-rue_579395.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20140418-[lestitres-coldroite/titre3]
Jean- François Chemain est diplômé de l’IEP de Paris, diplômé de Droit international, agrégé et docteur en Histoire, déplore la multiplication des procédures judiciaires contre les symboles catholiques dans l’espace public.
La nature, enfin, a horreur du vide. Croire n’est pas seulement une liberté fondamentale de l’Homme, c’est aussi pour lui un besoin: qu’on fasse place nette du christianisme en France, et d’autres croyances prendront cette place, qui n’ont pas forcément le même rapport à la liberté, et à la laïcité.
«Tout est chrétien» se désolait Sartre au lendemain de la Guerre … Deux mille ans de christianisme ont laissé dans notre culture, notre langue, nos paysages, nos mentalités des traces si profondes qu’on voit mal comment on pourrait les effacer. Interdire aux cloches de sonner, détruire ensuite les églises, briser les calvaires, cacher les statues, travailler le dimanche, et à Noël, et Pâques, et ne plus prononcer le nom de ces fêtes, ne plus dire «battre sa coulpe» ni «avoir voix au chapitre»… Débaptiser villes et villages portant un nom de saint… Interdire à Madame Taubira de s’appeler Christiane, qui signifie «chrétienne»…
Les «libertaires» qui veulent effacer toute trace de christianisme ont régulièrement fait le lit des totalitarismes.
Allons plus loin: s’il est convenu de prétendre que les valeurs «républicaines» se sont construites contre le christianisme, il est pourtant évident qu’elles en sont, sécularisées, les héritières. D’où peut bien provenir, chez nous, ce souci constant du plus faible, cette compassion pour les prisonniers, cet accueil de l’étranger, cette recherche frénétique de l’égalité, cette méfiance de la richesse, sinon du message évangélique ? […]
Allons encore plus loin: l’idée même de laïcité n’est pas religieusement neutre, puisque c’est une exigence chrétienne ! […]
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