Nantes. Quand des musulmans témoignent de leur engagement dans la vie politique locale
04/03/2014 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) - « Tous acteurs ! Responsabilité et engagement citoyen dans le cadre des « vendredis du savoir pour une meilleure compréhension de l’islam ».
Le 28 février le centre culturel Al Darwish, lié à la mosquée Assalam (UOIF) de Nantes, organisait un débat sur le thème de l’engagement politique des musulmans, en présence de trois candidats en lice sur des listes concurrentes pour les prochaines municipales de Nantes.
Une rencontre inédite, qui témoigne de la présence des musulmans dans la vie politique de la région.
« Nous avons invité des hommes et non des partis », a tenu à préciser le présentateur de la soirée avant de passer la parole au vice-président de l’Association islamique de l’ouest de la France.
Celui-ci définira l’engagement comme « un projet de vie définissant la valeur d’une personne », déplorant « la montée de l’individualisme et le déclin des normes collectives ».
La première intervenante, Yasmine Ghenaï, née en Algérie, candidate en 10ème position sur la liste du centre et de la droite de Laurence Garnier se présentera comme une militante de l’UDI, expliquant que si elle a quitté l’UMP c’est qu’elle « ne se retrouvait plus dans la droitisation de Sarkozy ».
Après elle, Mounir Belhamiti, en 4ème position sur la liste « écologiste et citoyenne » de Pascale Chiron, expliquera avec plus de faconde son engagement par « l’électrochoc de 2002 avec Le Pen au 2ème tour des présidentielles… conforté par les émeutes de banlieue de 2005, les discriminations et les contrôles au faciès ».
M. Belhamiti se reconnait dans « les valeurs de gauche, partage et solidarité ». Se présentant comme l’assistant du député de Loire-Atlantique François de Rugy (EELV), il prétend « ne pas être adhérent au parti ».
Le troisième intervenant, Omer Demirel, d’origine turque, candidat sur la liste socialiste de Johanna Rolland, dira quant à lui s’être engagé aux Jeunes musulmans de France en 2005.
Animateur dans le quartier de Malakoff, lui aussi affirmera qu’« il n’est pas dans le parti [socialiste] » et se présente comme représentant de la « société civile ».
Ayant rappelé que 86 % des musulmans ont voté Hollande en 2012, «ce qui n’est pas anodin » selon lui, l’animateur interroge les candidats sur les raisons de ce fort pourcentage.
Les candidats des listes écologistes et du PS refuseront de répondre à cette question.
Pour l’un d’eux « il ne faut pas catégoriser », pour l’autre « le musulman ça n’existe pas » (sic) ou « ce vote est une expression sociale ».
La candidate de la liste Garnier affirmera de son côté qu’on ne doit pas faire ce genre d’estimation car « la République est laïque » précisant « ce qui m’intéresse c’est les jeunes, cathos, juifs ou musulmans ».
La suite du débat ne devait pas faire apparaitre beaucoup de différences entre les positions des trois candidats : unanimité pour faire comprendre l’importance du vote « aux jeunes des quartiers», pour refuser les quotas confessionnels, pour un « socle commun, la laïcité ouverte ». L’un des candidats ira même jusqu’à affirmer : « On va tous se retrouver sur la même liste !».
Cet accord apparent ne sera pas sans faire réagir l’auditoire. Applaudi par une partie de l’assistance, un contradicteur interpellera les candidats sur les mesures sociétales votées par le PS : mariage homo, soutien au lobby LGBT, PMA, GPA etc.
Réponses embarrassées des trois candidats : « La loi est votée », « on ne peut revenir en arrière, même si ce ne sont pas nos valeurs ». Omer Demirel affirmera même : « Je n’ai pas ma carte, je ne suis pas le défenseur du PS ». Seul le candidat de la liste Chiron assumera les orientations sociétales chères aux Verts.
L’animateur de la réunion insistera pour finir sur le fait que « tout le monde doit s’engager pour défendre le vote des immigrés ».
Avant de conclure : « On choisit le moindre mal, engagez vous !».
Un débat très instructif.
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