ilne faut pas que notre justice oublie qu’elle n’est rendue qu’au nom du peuple français.
Elle n’est que l’instrument que le peuple souverain délègue pour appliquer les lois. Or, quand le principal suspect dans le meurtre d’un disc-jockey, battu à mort en 2011 en Seine-Saint-Denis, est libéré à cause du manque d’encre dans un télécopieur, on peut se poser des questions sur les fondements même de la justice.
La nuit de la Saint-Sylvestre 2011, un père de famille de 33 ans et DJ amateur était frappé à mort par une dizaine de personnes pour avoir refusé l’entrée d’une soirée qu’il organisait au Blanc-Mesnil.
Considéré comme le principal suspect, un homme était interpellé peu de temps après les faits et écroué.
Cet homme vient de sortir de la maison d’arrêt de Villepinte simplement parce que le parquet de Bobigny a commis une erreur matérielle ayant entraîné la non-réception d’un document par la chambre de l’instruction. Vous pouvez imaginer la réaction des proches de la victime ?
Allez donc expliquer à la famille que son assassin, qui s’est acharné sur lui, a pu sortir en toute légalité parce qu’il n’y n’avait pas d’encre dans le fax du tribunal.
Le plus grave est qu’il y a des précédents : le 21 janvier dernier, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Poitiers libérait d’office Quentin Faucher, soupçonné d’une tentative de meurtre à Niort.
Elle sanctionnait une détention jugée illégale depuis 94 jours, les magistrats estimant que le jeune homme avait été victime d’une atteinte à son droit d’accéder à un juge.
En octobre 2012, un homme soupçonné de deux homicides en Seine-Saint-Denis en 2009 et 2011 était libéré après une erreur de procédure.
Cet homme de 32 ans, suspecté d’un meurtre à Saint-Ouen le 26 septembre 2009, avait été arrêté en flagrant délit d’assassinat à Pantin le 8 juin 2011.
Il a été libéré de la prison de Fresnes où il était écroué suite à une « erreur dans la prise en compte de la date » à partir de laquelle sa détention provisoire devait être prolongée.
En février 2011, un surveillant d’école mis en examen pour des agressions sexuelles sur deux enfants était remis en liberté à la suite d’erreurs de procédure. Ecroué en septembre 2010 pour des faits d’agression sexuelle, cet homme de 33 ans avait reconnu avoir commis des attouchements sur deux écoliers de 7 et 8 ans dans une école primaire de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, et s’être livré à d’autres actes pédophiles depuis 1998.
On arrête donc un coupable après des mois ou des années d’enquête et on le relâche parce que la justice n’a pas fait correctement son travail ? Et si, après une telle libération, survenait un nouveau drame ? S’il arrivait un nouveau meurtre imputable, en somme, au raté de la photocopieuse ?
Certes, la loi est la loi et il ne peut y avoir deux poids deux mesures en la matière.
Mais alors, les personnels de justice, quels qu’ils soient, doivent eux aussi être jugés lorsqu’ils ont failli, comme tout citoyen. Car sinon, qui peut assurer que, restant impunis, de tels actes ne pourraient pas – dans le cas d’une erreur de date invalidant une procédure par exemple –, parfois, devenir volontaires…
Et puis, de grâce, cessons d’assommer justice et police de paperasses obligeant ainsi les fonctionnaires à négliger leurs tâches primordiales…
source et publication: http://www.bvoltaire.fr/jeanpierrefabrebernadac/pas-dencre-pour-le-fax-libere-lassassin,50183?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=6633cf32e2-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-6633cf32e2-30403221