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(CEVIPOF) LE BAROMÈTRE DE LA VIE POLITIQUE !

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Cevipof : Le rapport qui accuse

 


 
 
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Commandé, pour cette dernière édition, par le Cese (Conseil économique, social et environnemental) et réalisé par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), le baromètre de la vie politique dresse chaque année, depuis 2009, l’audit le plus approfondi de l’état de l’opinion française.

Sondés viaplusieurs centaines de questions par l’institut OpinionWay, les Français s’y livrent sur eux-mêmes, leur pays, leurs valeurs et leurs représentants.

Pour la première fois depuis sa création, près d’un tiers des pages n’ont pas été rendues publiques. A les lire, on comprend pourquoi.

Ce rapport témoigne, en effet, d’un pessimisme généralisé et d’une défiance inégalée à l’encontre de nos institutions, de la classe politique et du chef de l’État — qui « inquiète » 67 % des Français.

Entre quête d’autorité, droitisation tous azimuts, rejet de l’Europe et de la mondialisation, c’est à une France fracturée et ulcérée que fait face la gauche, moins de deux ans après son accession au pouvoir.

Val.actuelles

C’est la part des Français qui prédisent que « la situation économique du pays va se dégrader au cours des douze prochains mois », et ils sont presque aussi nombreux (60 %, + 5 points en un an) à penser la même chose pour leur propre situation financière.

Mais cette inquiétude va très au-delà des questions pécuniaires.

Quand on leur demande quels sont les qualificatifs qui caractérisent le mieux leur état d’esprit, les Français ne sont que 10 % à répondre la « confiance ». Contre 12 % qui répondent la « peur », 30 % la « méfiance », 31 % la « lassitude » et 34 % la « morosité »

Jamais depuis la création de ce baromètre les Français n’ont été aussi résignés et inquiets pour leur avenir. Idem concernant celui de leurs enfants.

À la question : « Pensez-vous que les jeunes d’aujourd’hui auront plus, autant ou moins de chances de réussir que leurs parents dans la société française de demain ? », ils ne sont que 3 % à répondre « plus de chances », contre 72 % « moins de chances ».

La moitié d’entre eux (51 %) estime même qu’ « aujourd’hui, pour assurer leur avenir professionnel, les jeunes ont intérêt à quitter la France ».

 

La défiance des Français vis-à-vis de l’État n’a jamais été aussi forte : 75 % d’entre eux ne lui font « pas confiance », dont 36 % « pas du tout ».

A l’opposé, seuls… 2 % lui font « tout à fait confiance ». À travers l’État, ce sont toutes les institutions, ou presque, qui sont aujourd’hui discréditées aux yeux d’une écrasante majorité de Français : 68 % ne font pas confiance à l’institution présidentielle, 74 % se défient du gouvernement. Idem, entre autres, pour l’Assemblée nationale (63 %) et le Sénat (61 %). Pour les Français, le verdict est sans appel : « la démocratie ne fonctionne pas bien » (69 %, + 15 points en un an !), notamment parce qu’elle a « du mal à prendre des décisions » et provoque « trop de disputes » (67 %).

La justice n’est pas épargnée : 65 % ne lui font pas confiance. Pour les médias, c’est encore pire : plus de trois Français sur quatre s’en méfient (76 %).

 

Le rejet des partis politiques est quasi unanime : 88 % des Français ne leur font pas confiance, 83 % considèrent qu’il ne sert à rien de militer dans un parti politique.

A la question : « Quand vous pensez à la politique, pouvez-vous me dire ce que vous éprouvez ? », le tiercé de tête des réponses des Français est « méfiance » (36 %), « dégoût » (31 %) et « ennui » (11 %)…

Seuls 5 % y trouvent de l’ « espoir » et 1 % du « respect » ! Hormis les maires, tous les élus sont perçus négativement. Principal reproche à leur être adressé : « ne pas se préoccuper [des] gens » — un jugement partagé par 87 % des Français, dont 49 % qui estiment qu’ils ne se « préoccupent pas du tout » d’eux. Politiques de gauche et de droite sont jetés dans le même sac : seuls 18 % des Français font confiance aux premiers et 21 % aux seconds pour diriger la France, tandis que 60 % n’ont confiance « ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays ».

 

Aussi incroyable que cela puisse paraître — d’où, sans doute, la censure de cette question par le Cevipof —, pas moins de 50 % des Français jugent « très bon » ou « assez bon » un système politique consistant à « avoir à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections » — en clair : une monarchie ou une dictature…

Considérant, pour 40 % d’entre eux, que « les démocraties ne savent pas bien maintenir l’ordre », le besoin d’autorité au sommet de l’État est tel que 12 % des Français vont jusqu’à souhaiter que « l’armée dirige le pays » !

 

Les Français grondent : ils sont 61 % à se dire « prêts à participer à une manifestation », alors qu’ils n’étaient que la moitié en 2010.

 

Seuls 12 % n’y sont « pas prêts du tout ». Lorsqu’on leur demande « ce qui permet aux citoyens d’exercer le plus d’influence sur les décisions prises en France », « manifester dans la rue » (32 %), « boycotter des entreprises ou des produits » (29 %) et « faire grève » (23 %) recueillent ensemble largement plus de suffrages que « voter aux élections » (63 %) — laquelle proposition n’est citée en premier que par un Français sur deux (51 %) !

 

Près de 9 Français sur 10 (87 %) — un résultat censuré par le Cevipof — jugent que Hollande n’a pas « l’étofe d’un président de la République. » Une chute de vingt points en deux ans.

Le même nombre (88%) estime qu’il n’est pas à la « hauteur pour gérer la crise économique » (-17 points).

La défiance à son égard est telle que 67% des Français vont jusqu’à affirmer que le chef de l’Etat les… «  inquiète » alors qu’ils n’étaient que 33% dans ce cas avant son élection.

C’est d’abord sa « politique » (43%) qui explique cette violente décrue. Reviennent aussi, dans les libres propos recueillis auprès des Français son « indécision » et son manque d’autorité. Jean-Marc Ayrault n’est pas épargné : seuls 25% des Français lui font confiance, soit autant que… « les représentants de la société civile au Conseil économique, social et environnemental » que personnes ne connaît.

 

Pour plus d’un tiers des Français (34%) Marine Le Pen est juste après Sarkozy(36%) le responsable politique dont ils sont le plus « satisfaits ». Onze points devant Borloo, 13 points devant Bayrou, 14 devant Hollande, etc.

Ce sont d’abord ses « positions politiques » et son « franc parler » qui expliquent sa percée : pour 23% des Français, « elle dit la vérité ».

A égalité avec l’UMP, le Front national est aujourd’hui perçu comme le parti qui « représente le mieux l’opposition de droite ».

Cette « lepénisation des esprits » est particulièrement perceptible sur deux points : l’immigration et la peine de mort.

Près de sept Français sur dix (87%) estiment qu’ « il y a trop d’immigrés en France », contre la moitié (49%) en 2008.

Concernant la peine de mort, ils n’étaient que 35% à se déclarer favorables à son rétablissement en 2011, contre 50% aujourd’hui.

 

Non rendu public par le Cevipof, le résultat est un camouflet pour tous ceux qui brocardent la France et son identité : 75% des Français sont fiers de l’être. Ils ne sont que 19% à se dire « pas très fiers » et 5% « pas fiers du tout ».

Inversement la méfiance vis-à-vis de l’Europe  n’a jamais été aussi massive : seulement 35% considèrent que « le fait pour la France de faire partie de l’Union européenne est « une bonne chose ». A 89% les Français se sentent « seulement français » ou « plus français qu’européens, contre 30% qui se disent « autant européens que français ».

Du sentiment d’appartenance à la France à celui de résistance à l’Europe , le pas est vite franchis : pour 63% des Français il faut « défendre la nation française contre l’Europe ». Une idée qui s’applique plus largement à la mondialisation : 47% estiment que la France doit « se protéger davantage du monde d’aujourd’hui », contre 23% seulement – moins de la moitié de  ceux qui demandent plus de protection – qui réclament de « s’ouvrir davantage au monde d’aujourd’hui ».

Soit un résultat totalement inversé depuis 2012.

 

En rupture avec l’Etat, les Français s’en remettent à l’initiative individuelle. A la question : « Pour faire face aux difficultés économiques, pensez-vous qu’il faut que l’Etat fasse confiance aux entreprises et leur donne plus de liberté ou, au contraire, que l’Etat les contrôle et les réglemente plus étroitement ? » Ils répondent majoritairement «  confiance aux entreprises » et «  plus de liberté » (59%).

Soit un résultat exactement inverse de celui d’octobre 2011 (58%)pour plus de réglementation.

A noter encore, ce désaveu cinglant pour les syndicats : 71% ne leur font pas confiance. Une baisse de sept points en un an.

L’image des banques, pourtant si décriée, progresse elle de quatre points durant la même période.

Arnaud Folch

Source : Valeurs actuelles, 24/01/2014

Correspondance Polémia – 27/04/2014

Image : Centre de recherches politiques de Sciences Po


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