Six prévenus blanchis. Un policier était en garde à vue au jour du procès
La sulfureuse affaire des policiers de la Bac Nord, soupçonnés d’avoir racketté des dealers, a abouti à 15 mises en examen, dont 7 ont été écroués.
C’est le premier dossier qui aboutit à une relaxe quasi générale depuis qu’a surgi la tumultueuse affaire de la Brigade anticriminalité (Bac) Nord. Une sorte de « dommage collatéral » qui n’oserait dire son nom. Il y a quelques jours, des magistrats avaient en effet confié, y compris dans nos colonnes, leur questionnement, voire leur désarroi, à l’examen de certains dossiers. Comment juger dès lors que pèse le soupçon sur la validité de certains procès-verbaux ? Faut-il croire le « voyou » ou le flic ripou ? Vaste débat. En tout cas, la parole des policiers ne serait plus tout à fait parole d’Évangile. Même si ceux de la Bac Nord font porter à leurs collègues un chapeau bien trop grand.
Mais c’est bien un dossier dans lequel la Bac Nord était prétendument victime qui a été jugé le 4 octobre dernier par le tribunal correctionnel de Marseille. Une intervention policière qui, le 9 septembre, à 18 h 30, à la cité La Martine, à Notre-Dame-Limite (15e), avait failli tourner au drame lors d’un baptême. Une trentaine de personnes avaient vu débouler un véhicule de police banalisé. Or, le policier cité dans le dossier n’était autre qu’un des suspects dans l’affaire controversée de la Bac Nord. Au jour de l’audience, il était même en garde à vue… Difficile, pour lui, de se constituer partie civile. Cette affaire serait probablement déjà classée sous une pile de dossiers fort semblables si la personnalité du fonctionnaire en question n’avait alerté le parquet. Autant dire que le procureur de la République avait dit ses doutes, au point de requérir la relaxe pour l’essentiel des prévenus.
« Toujours les mêmes insultes »
Ce fut chose faite hier. Le tribunal a effectivement prononcé six relaxes sur sept au bénéfice du doute. Les prévenus répondaient d’ »outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, menaces de mort et dégradations volontaires ». Il était aussi question de jets de projectiles.
Le seul condamné, âgé de 19 ans, était absent aux débats et disposait déjà d’un casier judiciaire. Il a écopé de six mois de prison ferme. En défense, Me Christine D’Arrigo avait fait valoir les « incohérences » dans les déclarations des policiers qui, « comme par hasard, étaient toujours victimes des mêmes insultes dans le même ordre par des personnes différentes ». Des déclarations d’autant moins crédibles, selon l’avocate, que « les insultes prétendues émanaient d’un homme de 52 ans, jamais condamné, amputé d’une jambe et qui aurait sauté, tel Superman, sur le véhicule banalisé pour tenter d’agresser le policier de la Bac ». Le parquet fera-t-il appel de cette relaxe ? On peut en douter, compte tenu du contexte. Il faut savoir mettre un point final aux histoires qui font peur.
Denis Trossero
La Provence
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