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LES PRÉMICES D' UNE GUERRE CIVILE ??? ( SUITE )

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Violences contre les forces de l'ordre : 38 blessés par jour

 Par Christophe CornevinService infographie du Figaro

Mis à jour le 23/10/2012 à 22:16 | publié le 23/10/2012 à 18:39  
Un policier blessé en 2006, lors d'une manifestation contre le CPE.
Un policier blessé en 2006, lors d'une manifestation contre le CPE. Crédits photo : THOMAS COEX/AFP

INFO LE FIGARO - Sur le front d'une délinquance violente, policiers et gendarmes paient un lourd tribut. L'uniforme est devenu une cible.

Le chauffard, surpris à La Grave-de-Peille, village de l'arrière-pays niçois, n'a laissé aucune chance au major Daniel Brière, numéro deux de la brigade de recherche de Nice.

À la vue du gendarme qui tentait de l'intercepter, à pied et l'arme à la main, il a appuyé sur l'accélérateur de la Mini Cooper volée le matin même.

Percuté à vive allure et de plein fouet, le militaire a été projeté à une dizaine de mètres. Il a succombé à ses multiples blessures, à l'hôpital. Décrit par sa hiérarchie comme un «grand professionnel de la police judiciaire, avec une personnalité rayonnante», ce militaire de 52 ans était père de deux enfants.

Deux jours auparavant, un brigadier était grièvement brûlé au visage à Pipriac, en Ille-et-Vilaine, par un cocktail Molotov jeté par un jeune déséquilibré. Transféré au service des grands brûlés d'un hôpital à Nantes, le sous-officier conservera à vie les stigmates de la sauvage agression.

Haine devenue ordinaire

Côté police, le tableau n'est guère meilleur. La consultation du Bulletin quotidien de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) en dit plus long que n'importe quel discours sur les attaques incessantes qu'encaissent les fonctionnaires, jour après jour.

Dans une cité du XVe arrondissement de Marseille, une patrouille de la BAC reçoit une pluie de projectiles alors qu'elle intervient jeudi dernier peu avant minuit sur cinq receleurs. Une lourde brique, balancée depuis le haut d'un immeuble, traverse le pare-brise de la voiture de police. Par miracle, les fonctionnaires, ainsi qu'un gardé à vue, s'en sortent indemnes.

À Lyon, trois jours plus tôt, un agent de la sécurité publique est roué de coups à l'extérieur d'une clinique des Minguettes par le frère d'un jeune homme poignardé à mort. Lors d'échauffourées déclenchées à la nuit tombée, les policiers sont caillassés par des inconnus qui dégradent trois voitures de police.

Une quarantaine de tirs de grenades et de balles de défense ont été nécessaires pour rétablir le calme. Peu avant, à Chilly-Mazarin (Essonne), trois agents en voiture étaient blessés aux cervicales, aux jambes et au bassin après avoir été percutés de plein fouet par un cambrioleur de 19 ans.

Brigade anticriminalité tombée dans une embuscade à Nice, policière tirée par les cheveux et frappée au visage par une furie à Meaux, patrouilles essuyant des jets de cocktails Molotov et de bouteilles d'acide chlorhydrique à Brive-la-Gaillarde, coup de feu contre la vitre de l'École nationale de police de Draveil… La litanie est sans fin. Chronique d'une haine devenue ordinaire, elle émaille la vie des commissariats et des brigades.

Selon nos informations, les forces de l'ordre ont eu à déplorer pas moins de 10.331 blessés en service depuis le début de l'année dans leur engagement contre la délinquance et le crime quotidien. Soit en moyenne 38 victimes par jour! Le chiffre, effarant et auquel s'ajoutent déjà six morts en opération, confirme une tendance lourde et calamiteuse. En 2011, quelque 11 257 policiers et 2 176 gendarmes ont été impliqués dans des agressions ou des accidents dans le cadre de leurs missions. Sept y ont perdu la vie. Les opérations dites «de routine» n'existent plus depuis des lustres.

Et, dans les rangs des forces de l'ordre, des voix s'élèvent pour exprimer une vive lassitude, voire une colère mâtinée d'incompréhension, face à la bouffée de violence visant l'uniforme. Las de jouer les punching-balls, policiers et gendarmes en ont ras le képi. Un message reçu cinq sur cinq par le ministère de l'Intérieur, qui partage au quotidien la souffrance des troupes sur le terrain. «Jour après jour, les comptes rendus d'opération rappellent à quel point le métier est dangereux, observe-t-on dans l'entourage de Manuel Valls. On y voit des gens forcer des barrages, refuser les contrôles, se heurter aux effectifs pour rendre les interventions de plus en plus compliquées. Dans nos rangs, on ne compte plus les mâchoires brisées, les poignets cassés ou encore les balles qui traversent les jambes…»

Panoplie de défense étoffée

Les risques du métier sont tels que des consignes ont été données pour limiter, voire faire cesser, les chasses et les courses-poursuites quand elles sont estimées trop dangereuses. «La sécurité des effectifs est érigée en priorité absolue, martèle-t-on place Beauvau. Nous repensons sans cesse les équipements de protection pour faire face aux nouvelles donnes du terrain, pour renforcer la cuirasse des unités d'intervention sans pour autant les déshumaniser. Tout est question de dosage…»

Afin d'éviter la multiplication des «expériences trop traumatisantes», la panoplie de défense non létale s'est étoffée, avec la généralisation du bâton de type «tonfa», le pistolet à impulsion électrique, ou encore la bombe lacrymogène. Le port du gilet pare-balles, jadis réservé aux seules unités d'élite, est devenu obligatoire dans tous les services.

Il a permis d'épargner des dizaines de vies humaines. Dimanche dernier, deux gendarmes de la brigade de Dole ont été blessés par balles, dont un grièvement, par un forcené incarcéré depuis lors pour «tentative d'assassinat».

 

 

Par Christophe Cornevin
GRAND REPORTER,

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