Dans la capitale centrafricaine, les cadavres continuent d'affluer dans les hôpitaux.
Si la présence des troupes françaises rassure, les exactions des rebelles se poursuivent.
De notre envoyé spécial
Le déploiement des renforts français a contribué à faire baisser la tension dans Bangui, en particulier dans le centre ville.
Mais si les violences ont diminué, elles n'ont pas cessé. Les cadavres continuent d'arriver dans les hôpitaux.
Ce sont ceux des victimes des affrontements de jeudi dernier entre rebelles Anti-Balaka et ex-Séléka, mais surtout des civils victimes de la brutale répression des troupes de l'ex-Séléka qui a suivi.
Le bilan provisoire était estimé dimanche à plus de 300 morts.
Il devrait encore augmenter, puisque de nombreuses personnes ont été tuées dans les quartiers populaires, et leurs corps parfois enterrés à la hâte.
Quand les gens nous voient, ils sortent des maisons et ils nous applaudissent
Le dispositif militaire français a été considérablement renforcé ce week-end.
L'objectif est le déploiement de 1600 soldats.
Les avions de chasse français continuent de survoler la ville à basse altitude en faisant rugir leurs réacteurs.
Les hélicoptères Puma sont aussi visibles dans le ciel.
Au sol, les français ont augmenté le nombre de leurs patrouilles sur les grandes avenues de Bangui. Les troupes roulent en véhicules blindés, trapes ouvertes, et s'arrêtent parfois sur les carrefours.
Les parachutistes du 8eRPIMa conduisent aussi des patrouilles au sol.
La présence des Français est généralement bien accueillie par la majorité des habitants de Bangui, terrorisés par la Séléka.
«Quand les gens nous voient, ils sortent des maisons et ils nous applaudissent, en particulier dans les quartiers catholiques», dit un officier français déployé avec sa section dans une rue déserte du 5e arrondissement de Bangui.
«Mais on ne peut pas rester très longtemps, et dès qu'on repart, les Séléka arrivent.
C'est pour cette raison qu'on conseille aux gens de ne pas trop sortir pour éviter les vengeances».
La présence des troupes françaises a contribué à faire baisser le nombre des combattants de l'ex-Séléka dans les rues.
Mais on voit toujours leurs camionnettes chargées de soldats rouler entre divers quartiers de Bangui.
Et leur quadrillage de la ville reste efficace.
Ils protègent les quartiers musulmans, et contrôlent les accès aux quartiers chrétiens.
Selon les habitants de ces quartiers, les exactions de l'ex-Séléka continuent, de façon plus diffuse et plus discrète.
Et la peur est toujours présente.
Assistance humanitaire quasi-inexistante
Dans tout Bangui des milliers de personnes ont quitté leurs maisons pour se réfugier soit dans les églises, soit au bord de la piste de l'aéroport de M'Poko.
A Boy-Rabe, la paroisse Saint-Bernard accueille plus de 3000 personnes qui s'entassent dans des conditions d'hygiène précaire à l'intérieur et autour de l'église.
D'autres centres catholiques, comme l'évêché de Bangui ou au centre Don Bosco, accueillent aussi des milliers de réfugiés.
A part la Croix-Rouge et Médecins Sans Frontières, l'assistance humanitaire est quasi-inexistante.
Le rassemblement le plus impressionnant est l'immense foule de réfugiés qui s'est massée autour de l'aéroport M'Poko, cherchant la protection des troupes françaises. Jour et nuit, les gens campent, dormant à même le sol, dans les herbes ou sous les carcasses d'avions dans les hangars désaffectés.
Dans cette foule, le discours est plein d'espoirs dans l'action de la France, mais aussi de ressentiment et de vengeance à l'égard de l'ex-Séléka, mais aussi des musulmans en général.
Le discours de François Hollande samedi a été reçu de façons différentes dans chaque camp.
La majorité des habitants de Bangui a compris que la France allait d'une façon ou d'une autre démettre le président Michel Djotodia.
Les uns s'en réjouissent ouvertement.
Les autres, surtout musulmans et les combattants de l'ex-Séléka n'ont pas l'air de se résigner à cette perspective.
Des premières manifestations anti-françaises ont été signalées dimanche matin à PK-5, le grand quartier musulman de Bangui.
source et publication: http://www.lefigaro.fr/international/2013/12/08/01003-20131208ARTFIG00044-les-violences-diminuent-mais-ne-cessent-pas-a-bangui.php?m_i=C1FC9%2BllWNnmeFLRKmFPKRuWbqN9lUmjGNJMRstJy9ybggsCo