TRIBUNE LIBRE, LIBRE PROPOS !
Drogue = paix civile ?
Une élue « verte » du XIIIe arrondissement de Paris faite aux pattes dans une enquête sur le blanchiment de l’argent de la drogue : voilà qui assure le spectacle.
Cette dame devra s’expliquer, on croira ou pas à son histoire d’héritage venu de Suisse en billets de banque, peu importe. Mais je ne peux m’empêcher de penser que sa présence dans l’affaire masque l’affaire elle-même.
D’ailleurs, ça n’a pas trainé. En première ligne, le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon. Il a de l’estomac : se prononcer pour la réglementation, donc la légalisation du commerce du cannabis en pleine affaire du blanchiment, c’est assurer le spectacle certes, mais c’est poser crûment la question : qu’est ce qu’on fait avec les familles, les quartiers entiers, qui vivent du shit ? Il n’a pas esquissé de réponse, l’éducation ne suffit pas !
Le commerce de la drogue génère des sommes considérables, une économie parallèle qui fait vivre des centaines de milliers de « fourmis » (et leurs familles) et qui rapporte des fortunes aux vrais patrons de ces réseaux.
Ces fortunes doivent être « blanchies » pour devenir respectables. Il arrive que les polices et les douanes dérangent ces bonnes manières. C’est, semble-t-il, ce qui est en train de se passer.
Que deviendrions-nous si l’usage du cannabis était dépénalisé, voire autorisé, et taxé par l’État, au même titre que le tabac ?
Les grandes fortunes qui se nourrissent de ce commerce illicite seraient bien malheureuses mais se reconvertiraient vite. On n’a pas peur pour elles. En revanche, nos quartiers défavorisés, où le chômage est le lot commun, avec l’illettrisme, la violence tribale et parfois les règlements de compte et le fondamentalisme religieux, ces quartiers verraient leurs moyens de survie menacés.
Car l’économie de la drogue fait aussi tenir debout les marges de notre société.
Quand j’entends le mot marge, je songe à la page des livres : c’est la marge qui fait tenir la page.
Il en est de même avec la société : si les marges s’effondrent, sans revenus, sans ordre, sans lois spécifiques, on ne donne pas cher de la société elle-même.
Bientôt on prendra d’assaut les supermarchés et les camions de livraisons ; prisons et tribunaux seront livrés à la jungle des villes.