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MARIAGE GAY: JE N' AI PAS ÉTÉ ÉLUE POUR CELÀ ! M-C BOMPART

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Mariage gay : je n’ai pas été élue pour ça !

bollene

 

 

Le 11 septembre 2013

 
Marie-Claude
Bompard
Maire de Bollène

Marie-Claude Bompard, maire de Bollène, dans le Vaucluse, a refusé de célébrer le mariage de deux personnes homosexuelles dans sa commune.

Depuis, c’est l’hallali. Interview exclusive.

Plainte pour obstruction à la loi, plainte pour discrimination… Pourquoi un tel acharnement contre vous ?

Tout simplement parce que j’ai annoncé, en privé, mon refus de procéder à l’union de deux jeunes femmes et que je refusais de déléguer mon pouvoir.

Cette déclaration est parue, sans que j’en sois à l’initiative, un samedi du mois d’août, dans la presse locale.

Immédiatement, elle a été diffusée sur toutes les radios et les chaînes de télévision.

Et le lundi suivant, en fin d’après-midi, j’apprenais, par un journaliste, que le procureur de Carpentras ouvrait une enquête préliminaire à mon encontre !

Mais ce n’est pas fini ! Une semaine plus tard, j’apprends, toujours par un journaliste, que les deux femmes qui souhaitaient se marier portaient plainte contre moi, avec le soutien d’une association.

Cela, d’ailleurs, en totale contradiction avec leurs premières déclarations. Je n’ai pas de nouvelle depuis ces annonces.

Dans la presse, Amandine et Angélique déclarent retirer leur plainte si vous leur faites des excuses publiques et si vous acceptez de les marier.

Elles estiment qu’à cause de vous « la France entière sait ce qui se passe dans [leur] lit ».

Que leur répondez-vous ?

Il faut savoir que j’ai rencontré personnellement ces deux jeunes femmes. Cela s’est fait à ma demande, dans mon bureau, en privé.

D’ailleurs, les propos, du moins de mon point de vue, n’avaient pas vocation à être rendus publics. Il s’agissait d’une discussion entre un maire et deux de ses administrées.

Durant cet entretien, qui a duré presque une heure, j’ai expliqué ma position, j’ai rappelé pourquoi j’étais contre la loi Taubira, j’ai expliqué pourquoi ma conscience ne me permettait pas de procéder à cette cérémonie, comme elle ne me permettait pas de déléguer à un conseiller municipal, fût-il d’opposition et favorable à cette loi.

L’échange a, je crois, été sincère.

Elles m’ont parlé de leur relation, de leur amour, de leurs inquiétudes face à l’avenir. Nous avons échangé, je les ai écoutées, je les ai entendues.

Je les ai assurées que mon combat n’était pas un combat contre les personnes, mais contre la loi Taubira, que leur vie privée ne me regardait pas.

En sortant, elles ont rencontré la presse dans la minute qui a suivi. Les photographes les ont fait poser.

Elles ont donné leurs noms, montré leurs visages.

Ce sont elles qui ont décidé de médiatiser cette affaire.

Elles portent l’entière responsabilité de la médiatisation de cette affaire, purement privée.

En refusant de marier, vous vous êtes mise hors la loi ?

J’ai toujours dit que je n’empêcherais pas la loi de s’appliquer dans la commune, mais que personnellement, je ne pourrais y participer.

Quant à faire moi-même la cérémonie, comme elles le demandent désormais, ma position a été claire.

Et c’est pour apaiser la situation et les pressions administratives, politiques, médiatiques et judiciaires, qu’une de mes adjointes, de sa propre initiative, a appelé le préfet pour lui annoncer qu’elle procéderait à cette cérémonie.

De mon côté, j’ai demandé et je continue à ne demander qu’une chose : qu’on respecte ma conscience, de mère, de citoyenne, d’élue, d’autant que lors de mon élection, la loi Taubira n’existait pas. Je n’ai pas été élue pour ça…

Ce mot « conscience » a été au cœur de votre argumentation. Est-ce, selon vous, le nœud du problème ?

Les maires, les élus, les officiers d’état civil ont des convictions.

Certaines d’entre elles peuvent être gravées au plus profond de leur être, de leur conscience.

C’est le cas aujourd’hui, pour moi, à ce sujet.

On me reproche, parfois, d’avoir évoqué un « viol des consciences ».

Mais c’est exactement de ça qu’il s’agit !

Nous ne sommes pas des machines administratives… Et je ne suis pas la seule à le dire.

Le président de la République lui-même l’avait évoqué au congrès des maires, l’année dernière. Interrogé sur ce sujet, il a déclaré : « Et il y a toujours la liberté de conscience ! » C’est bien que la conscience est au cœur du débat ! C’est d’ailleurs un droit constitutionnel.

J’ai écrit à Manuel Valls à ce sujet. J’attends toujours sa réponse…

Et si ce combat pour la liberté de conscience des élus est difficile, je note avec satisfaction que le rapporteur public du Conseil d’État a estimé que l’absence de la liberté de conscience dans la loi Taubira et la circulaire Valls n’était pas dépourvu de tout caractère « sérieux ». C’est un premier pas, que j’espère décisif…

Quoi qu’il en soit, comme des milliers de maires en France, nous poursuivrons ce combat pour que ce droit nous soit reconnu.

Sans liberté de conscience, il ne peut y avoir de démocratie.

 

http://www.bvoltaire.fr/marieclaudebompard/mariage-gay-je-nai-pas-ete-elue-pour-ca,35318?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=506e578231-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-506e578231-30403221


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