La question de l’abattage rituel est sensible.
La sénatrice UDI Sylvie Goy-Chavent en fait l’expérience.
La rapporteure de la mission d’information du Sénat sur la filière viande, composée de 27 sénateurs de toutes tendances, fait l’objet d’accusation d’antisémitisme et de menaces de mort.
La cause ? La proposition de la mission d’imposer un étiquetage non stigmatisant sur le mode d’abattage des animaux.
Il s’agit de savoir si l’animal a été abattu avec étourdissement ou sans. L’abattage sans étourdissement répond aux besoins des rituels religieux, qu’il s’agisse de viande halal ou casher.
A titre personnel, Sylvie Goy-Chavent avait déposé une proposition de loi afin de rendre obligatoire l'étourdissement des animaux avant tout abattage, notamment en raison de la souffrance animal.
La position de la mission est plus mesurée : une simple indication à destination du consommateur.
De l’insulte aux menaces de mort
Une position que n’accepte pas le webzine israélien JSSnews.com.
Ce site est « modéré » par Jonathan-Simon Sellem, ancien candidat centriste indépendant proche de l’UDI aux élections législatives dans la 8e circonscription des Français de l’étranger, qui inclut Israël.
Dans un article titré « abattage rituel : interdit en Pologne, une sénatrice antisémite (?) tente de l’interdire en France », le site pose (à peine) la question de l’antisémitisme de la sénatrice.
Les commentaires qui suivent vont encore plus loin : pour nombre d’entre eux, ils vont de l’insulte aux menaces de mort.
Extraits : « Goy, elle porte bien son nom. Ces gens sont pathétiques par leur acharnement antijuif », « propos « typiquement antisémites »…. », « QI d’autruche ».
Et les menaces de mort : « Moi je propose que l’on égorge Sylvie Goy-Chavent pour « voir » combien de temps elle va rester consciente… Mais c’est pour l’étude après tout… – l’amour de la science !
Faut pas nous mettre au défi ou nous tester… »
« Je suis abasourdie »
Sylvie Goy-Chavent dénonce aujourd’hui « des menaces très graves, des menaces de mort, des menaces sur ma personne et des insultes grave sur mes origines, des insultes raciales, de tout ordre.
C’est l’incompréhension.
Je suis abasourdie de voir ça », affirme la sénatrice UDI, interrogée par Public Sénat.
Elle ajoute : « Finalement, je me retrouve être la victime d’une cabale. Je trouve ça dramatique ». Elle a porté plainte.
Les accusations d’antisémitisme la « choque terriblement ». « Je suis issue d’une famille de résistants, je me rends aux commémorations pour le souvenir du peuple juif qui a souffert pendant la guerre », souligne-t-elle.
Elle précise n’avoir « subi aucune menace au niveau du culte musulman ».
Assurant que « ce n’est pas du tout la volonté de la mission de stigmatiser qui que ce soit », elle met en avant « la liberté de conscience du consommateur, savoir ce qu’il achète » pour justifier la position sur l’étiquetage.
Elle souligne qu’« il y a énormément d’animaux qui sont déclassés, qui ne sont pas jugés compatibles avec le casher, mais qui pourtant sont abattus rituellement.
Tous ces animaux, qui peuvent atteindre 70%, sont donc envoyés dans le circuit traditionnel.
Nous avons estimé normal que le consommateur soit conscient de ce fait ».
« Il y a des histoires d’argent derrière ça »
Sylvie Goy-Chavent pointe également le rôle de l’aspect financier dans ce débat sur l’abattage rituel. « Il nous a été dit pendant l’audition que les sacrificateurs religieux étaient payés par les cultes, en l’occurrence par le culte juif », affirme la sénatrice de l’Ain.
Elle ajoute : « Il y a des histoires d’argent derrière ça, puisqu’on nous a annoncé jusqu’à 1 euro par kilo équivalent carcasse d’animaux sortant des abattoirs, somme reversée au culte.
En effet il y a beaucoup d’argent en jeu.
Et c’est peut-être ça qui éveille la haine. Mais c’est quand même très grave ».
Sur ce point, la présidente PS de la mission, la sénatrice Bernadette Bourzai, ne rejoint pas sa collègue : « Les enjeux financiers, on ne nous les a pas démontrés, et je n’irai pas sur ce terrain-là », affirme-t-elle.
Elle juge en revanche « complètement scandaleuses » les menaces de morts contre sa collègue. « Je n’accepte pas cela. Si on est sensible à la question de la souffrance animale, il est normal de savoir » le mode d’abattage, affirme la sénatrice de Corrèze.
Pour Bernadette Bourzai, la position retenue par la mission sénatoriale est une « proposition raisonnable ».
source http://www.citoyens-et-francais.fr/article-sylvie-goy-chavent-pointe-le-role-de-l-aspect-financier-dans-ce-debat-sur-l-abattage-rituel-119916049.html