Casier judiciaire recommandé.
Le gouvernement Ayrault lance en cette rentrée la « Garantie Jeunes » : 483 euros versés aux moins de vingt-cinq ans sans travail.
En d’autres termes, le RSA étendu à toute une classe d’âge. Pour l’instant, à titre « expérimental ».
A défaut d’être triés sur le volet, les cobayes seront, pour beaucoup, choisis sur casier.
Une prime à la « probation » chère à Taubira ? Même pas. Ordre de Bruxelles.
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On avait fini par l’oublier, coucou le revoilou ! A la manoeuvre de cette nouvelle charge sociale (pour les contribuables qui bossent) se trouve le tout nouveau « Monsieur Pauvreté » du gouvernement, François Chérèque, qui a présidé pendant dix ans aux destinées de la CFDT et s’est métamorphosé en haut fonctionnaire par la grâce du conseil des ministres.
Depuis trente ans, les gouvernements, dont les décisions détruisent les emplois, dépensent une partie de leurs emprunts pour financer une politique de communication.
Objectif : faire croire qu’ils luttent contre le chômage. En d’autres termes, balader des générations de jeunes chômeurs de sigles en sigles.
Stages d’initiation à la Vie professionnelle (SIVP), Préparation active à la qualification et l’emploi (Paque), Trajets d’accès à l’Emploi (Trace), Contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis), Contrat d’autonomie, Revenu contractualisé d’autonomie (RCA)…
La liste est longue de ces « dispositifs » qui, tous, ont échoué.
On ne change pas une formule qui perd
Jugement sévère de méchant libéral ? Non, aveu du premier ministre dans son courrier du 6 février 2013 à la Directrice générale de l’emploi et de la formation professionnelle.
Aucun de ces dispositifs n’a « jamais résolu la double problématique : sortir de la pauvreté et bénéficier d’un accompagnement intensif jusqu’à l’emploi durable ».
Moyennant quoi, depuis un an, le gouvernement socialiste persévère dans la même voie : Emplois d’avenir, Contrats de génération, développement des contrats aidés…
Autant de projets financés par l’argent public. Tous promis à la même absence de résultats durables.
C’est dans ce contexte qu’est apparu l’ancien secrétaire général de la CFDT, François Chérèque. A peine démissionnaire de son syndicat, il a été nommé par François Hollande, le 7 janvier 2013, Inspecteur général des Affaires sociales.
Avant lui, Fadela Amara avait bénéficié de ce coup de baguette magique républicaine qui permet de toucher 7 250 euros net par mois. Une belle augmentation par rapport aux 4 500 euros versés par la CDFT.
Un bonheur n’arrivant jamais seul, François Chérèque est devenu, cinq jours plus tard, président du « think tank » socialiste Terra Nova.
Les financiers de Terra Nova ? Areva, le groupe Casino, EADS, Sanofi, EDF, Suez, Microsoft, Vivendi…
De vrais socialistes !
Depuis sa nomination, François Chérèque n’a eu de cesse de consciencieusement œuvrer à concrétiser un projet qui ne doit rien à l’Etat français et à peu près tout à Bruxelles : l’extension du RSA aux moins de vingt-cinq ans sous le nom sympatoche de « Garantie Jeunes ».
C’est en effet suite au Conseil européen de juin 2012 et à ses préconisations écrites que le Conseil interministériel de lutte contre les exclusions a avalisé cette garantie.
En d’autres termes, si la France socialiste crée ce dispositif, financé en partie par emprunt auprès des banques internationales, c’est sur instruction supranationale. Le pauvre doit rapporter aux riches.
La Garantie Jeunes n’est rien d’autre, en fait, que le RSA étendu aux moins de vingt-cinq ans.
En contrepartie de quoi, le bénéficiaire s’engage à venir aux convocations d’un travailleur social (qui lui doit son emploi) et d’accepter la formation ou le stage proposé. Bref, rien de nouveau sous le soleil des Missions locales.
Au gouvernement, on cause engliche
Ce qui est plus singulier, en revanche, c’est le public visé. Il s’agit des « NEETs ». Kesako ? Un terme anglo-saxon, très en vogue en ce moment dans l’administration française, et qui signifie : « Not in Education, Employement or Training ».
En Français courant, il désigne ceux qui ne sont ni à l’école, ni en formation, ni au travail. Et qui perçoivent, eux ou leur famille, moins de 483 euros par mois.
Cet acronyme est couramment utilisé dans les textes de l’Union européenne et a été pieusement repris par le rapport gouvernemental, co-signé d’un certain Marc Gurgand, Paris School of Economics ! Welcome in Paris, France !
Et ce rapport tient à souligner nommément quel public, parmi ces « NEETs », devra bénéficier de la manne étatique. On vous le donne en mille : les jeunes en « sortie de mesure judiciaire ». Une sorte de Garantie « Djeune » en quelque sorte…
Le dispositif sera testé dès cette rentrée dans dix départements qui se sont portés volontaires. Il s’agit généralement de départements comme la Dordogne ou le Vaucluse, dont les exécutifs socialistes, bien incapables de créer le moindre développement économique réel, se précipitent à chaque nouvelle occasion sur les subventions.
En 2014, dix autres départements rejoindront les heureux gagnants. Côté « jeunes », ils devraient être 100 000, fin 2014, à percevoir cette garantie. 100 000 sur un public total de 850 000.
Même pas 12 %… C’est dire l’intérêt d’une mesure qui va quand même coûter aux Français une somme que le gouvernement affirme ne pas pouvoir estimer pour l’heure.
C’est bien la peine d’avoir fait l’ENA ! On va les aider : 100 000 jeunes à 483 euros par mois, cela fait un coût maximal annuel de 580 millions d’euros.
Certes, tous les jeunes ne percevront pas le maximum de la garantie, mais l’addition devrait quand même dépasser les 300 millions par an.
Seulement 2 % du déficit de la Sécurité sociale. Pourquoi se priver…
Yves Theurin
Article de l’hebdomadaire “Minute” du 28 août 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.
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