Livres de l’été / Racaille Football Club (4/5)
Le 8 août 2013
Durant cet été, Boulevard Voltaire veut mettre à l’honneur des livres qui, nous semble-t-il, sont remarquables pour le constat qu’ils dressent ou les questions qu’ils posent.
Des livres dont nous vous avons déjà parlé, pour la plupart.
Nous vous proposerons donc, chaque semaine, du lundi au vendredi, cinq extraits d’un de ces ouvrages.
Et pour poursuivre ce voyage dans les meilleurs des essais de ces derniers mois, des morceaux choisis du livre de Daniel Riolo,Racaille football club ?
Fantasmes et réalités du foot français (Éditions Hugo & Cie)
Ce que Kepel appelle la « halalisation » de l’équipe de France devient un phénomène concret durant la période Domenech.
Le sélectionneur national, en poste de 2004 à 2010, va non seulement ouvrir la porte au religieux en équipe de France, mais il va en quelque sorte l’imposer à tous.
En 2008, dans un entretien accordé au mensuel So Foot, Éric Abidal, converti à l’islam, réclamait clairement le halal pour tout le monde.
Dans un propos d’une naïveté qui confine à l’ignorance, le défenseur des Bleus déclarait :« Je ne vois pas où est le problème. Nous, on veut, les autres, ça les gêne pas, alors autant que ce soit comme ça pour tout le monde. »
Vikash Dhorasoo, ancien international, racontait, dans l’émission « 100 % foot », sur la chaîne M6, que l’équipe de France devait se rendre au « Jamel Comedy Club ».
Une soirée de détente au milieu d’un stage international.
Les joueurs devaient dîner sur place et Raymond Domenech avait officiellement demandé au théâtre un buffet 100 % halal pour ses joueurs.
Non pas deux buffets, un pour les musulmans et un autre pour les non-musulmans, non, un seul buffet.
Un seul choix qui s’impose à tous.
L’équipe de France, représentante d’un pays laïque, avançait hors du château de Clairefontaine avec des signes religieux ostentatoires.
Lorsqu’il a succédé à Domenech, Laurent Blanc est revenu sur cet acquis religieux.
Dans l’émission « Stade 2 », le nouveau patron de l’équipe de France avait annoncé sa décision de mettre fin au « tout-halal » et de revenir à un schéma plus classique de repas « à la carte ».
Pour ne pas froisser les susceptibilités, Blanc avait tout de même dû réunir au préalable ses cadres musulmans afin de leur annoncer sa décision.
Quant à la viande de porc, elle restait hors menu, pour ménager les susceptibilités.
Ce qui était choquant dans cette histoire, c’était plutôt la façon dont on venait d’apprendre que les mœurs avaient à ce point évolué au sein d’une équipe nationale représentant la France.
Un retour à la normalisation qui n’avait pas dissipé une présence religieuse toujours bien présente.
En janvier 2011, lors de la course de voitures du Trophée Andros, à Isola 2000, l’ancien gardien international Fabien Barthez racontait ses visites à Clairefontaine, au cours desquelles il allait filer un coup de main à son ami Laurent Blanc.
Au moment du dîner, notamment en présence de l’ex-ministre de l’Industrie et maire de Nice Christian Estrosi, Barthez répond volontiers aux questions des curieux sur ce qu’est devenue « notre » équipe de France.
L’ambiance est festive et la parole relâchée.
L’ex-gardien des Bleus évoque l’évolution des mentalités et explique : « Quand on entre dans le vestiaire, on se croirait dans une mosquée… »
Incontestablement, la nouvelle génération semble particulièrement impliquée dans la pratique religieuse.
Qu’il s’agisse du récent « Allah akbar » de Samir Nasri, à la suite de son titre de champion d’Angleterre, en 2012, des invocations de Franck Ribéry avant les matchs ou des déclarations d’Éric Abidal, il n’a échappé à personne que certains Bleus assument et revendiquent un nouvel élan spirituel.
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