La délinquance gagne les plages
De nombreuses stations balnéaires enregistrent une hausse de l'insécurité, qu'elles peinent à enrayer.
«Alors que le mois de juillet n'est pas encore terminé, nous totalisons déjà autant de procédures que pour toute la saison 2012 sur les plages de la région », s'alarme un CRS-MNS (maître-nageur sauveteur) affecté en Languedoc-Roussillon. L'été dernier, dans les colonnes du Midi libre, l'un de ses supérieurs évoquait déjà une hausse régulière de la délinquance de l'ordre de «6 % par an». Une statistique bien partie, donc, pour gonfler encore. «Ces temps-ci, la météo est particulièrement chaude et les plages sont bondées, ce qui accroît aussi mathématiquement les comportements délictueux », observe un autre CRS-MNS qui officie sur la Côte d'Opale.
Les incidents en effet se multiplient. Une ville comme Le Havre, par exemple, serait particulièrement touchée. «Là-bas, il ne se passe pratiquement pas une journée sans qu'il y ait des bagarres entre bandes de jeunes sur la plage», raconte un policier. À Nice, deux de ses collègues ont été violemment agressés mardi dernier.
Appartenant à l'une des 13 compagnies de CRS envoyées l'été en renfort dans les zones de forte affluence jugées les plus exposées à la délinquance par le ministère de l'Intérieur (voir infographie), ils patrouillaient sur la promenade des Anglais à VTT lorsqu'ils ont demandé à trois jeunes originaires de la région parisienne de ne pas se promener torse nu. «Le ton est monté, les lacrymos des policiers n'ont pas fonctionné et la petite bande en a profité pour s'emparer de leurs matraques télescopiques et les frapper», détaille une source policière.
Alcool et cannabis
«La Côte d'Azur n'est pas un défouloir pour délinquants en vacances», a, quant à lui, tonné le syndicat Alliance dans un communiqué. «L'été, des bandes de voyous se déplacent des banlieues vers le littoral, explique Éric Mildenberger, son délégué général CRS. Or nous avons perdu l'équivalent de dix compagnies de CRS en cinq ans, soit 1900 hommes sur 12.000…»
En bord de mer, certains petits délinquants ne font pas bon ménage avec les vacanciers venus en famille les sacs remplis de crème solaire, de pelles et de seaux. «Des jeunes considèrent que fumer du cannabis est entré dans les mœurs et ne se gênent pas pour le faire sur la plage, raconte Éric Janssens, délégué national CRS-MNS d'Unité SGP Police. D'autres consomment de l'alcool, se baladent avec des chiens dangereux sans muselière, mettent la musique à fond, sans compter l'inflation de tout un tas d'autres incivilités qui peuvent dégénérer, comme à Marseille où un policier aurait pu périr noyé alors que tout était parti d'un jet de sable…»
Les événements violents récemment déroulés sur les rivages de la Cité phocéenne ne surprennent pas outre mesure un policier basé au Touquet: «Le manque d'effectifs commence à se faire sentir. Ici, on est passé de 9 à 5 pour 1500 mètres de plage, on est à la limite minimale.» En quelques années, le nombre de CRS-MNS - ces forces de l'ordre affectées à la fois à la surveillance des baignades et à la prévention de la délinquance sur les plages - a chuté de près d'un tiers, passant de 641 en 2007 à 471 aujourd'hui. En 2002, on en comptait encore 722, déployés dans 126 des quelque 380 communes du littoral français pourvues de plages. «Aujourd'hui, nous ne sommes plus présents que dans 99 d'entre elles et certains délinquants se tiennent au courant de nos affectations pour éviter les stations où nous demeurons…», regrette Éric Janssens, présent chaque année sur la plage de Port-la-Nouvelle (Aude).
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Source:http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/07/26/01016-20130726ARTFIG00514-la-delinquance-gagne-les-plages.php