L’armée libanaise adresse une sévère mise en garde contre le risque d’une “guerre absurde”
8 juin 2013 – 17:21
La guerre civile qui fait rage en Syrie dépasse les frontières syriennes. Si la Jordanie est submergée par les réfugiés ayant fui le conflit, la Turquie ou encore l’Irak ont subi des tirs provenant du territoire syrien.
De même que l’armée israélienne, sur le plateau du Golan.
Et il ne pouvait pas en être également autrement pour le Liban, qui plus est avec l’engagement de combattants du Hezbollah, la milice chiite libanaise, aux côtés du régime de Bachar el-Assad.
Ainsi, les incidents frontaliers sont nombreux depuis le début de la crise syrienne. Mais s’il ne s’agissait que de cela, ce serait un moindre mal.
Car les évènements en Syrie ont des conséquences sur les communautés chiites et sunnites présentes au Liban.
Par exemple à Tripoli, deuxième ville du pays du Cèdre, des affrontements violents entre pro et anti Assad se multiplient. Le 6 juin, l’armée libanaise y été la cible de tirs alors qu’elle y était venue pour saisir des stocks d’armes dans les deux quartiers rivaux de Bab el-Tebbaneh (sunnite, comme les rebelles syriens) et Jabal Mohsen (alaouite, comme le président Assad).
En outre, les militaires libanais font régulièrement l’objet d’attaques à la frontière.
La semaine passée, trois d’entre eux ont été tués à Ersal, par des hommes armés.
D’où la sévère mise en garde de l’armée libanaise.
Dans un communiqué publié le 7 juin, cette dernière a en effet appelé “les citoyens à se méfier des complots visant à faire revenir le Liban en arrière et à l’entraîner dans une guerre absurde.”
“Le commandement de l’armée a tenté au cours des derniers mois d’oeuvrer avec fermeté, détermination et patience pour empêcher le Liban de se transformer en un champ de bataille pour les conflits régionaux et éviter le transfert des événements syriens dans ce pays”, peut-on encore lire dans le texte.
“Mais ces derniers jours, certains groupes semblent déterminés à créer des tensions au niveau de la sécurité (…) sur fond de divisions politiques au Liban concernant les développements militaires en Syrie”, y est-il écrit, sans qu’aucune partie ne soit explicitement désignée.
Aussi, après avoir dénoncé les “les rumeurs mensongères et la désinformation propagées par certaines instances politiques et religieuses” l’armée libanaise invite les Libanais à exprimer leurs opinions par des “moyens pacifiques et démocratiques” et à ne pas se laisser entraîner par des groupes dont la violence est le fond de commerce. Et de prévenir fermement : “L’armée répondra aux armes par les armes et n’épargnera aucun effort pour éviter que des innocents payent le prix de plans politiques qui veulent la destruction du Liban.”
Reste à voir quelles conséquences aura cette déclaration. “Les jours qui viennent diront si cette fermeté de ton se maintiendra, sachant que l’expérience des mois passés n’est pas très encourageante sur ce plan”, écrit, sans optimisme, le quotidien L’Orient-Le Jour.
Cette ferme mis en garde de l’état-major libanais a été diffusée alors que le pays connaît les pires difficultés pour former un nouveau gouvernement après la démission du Premier ministre Mikati et que le Hezbollah, très influent, ne souhaite pas qu’il y ait un Etat fort et, par conséquent, une armée puissante. D’ailleurs, l’engagement de ce dernier en Syrie ne manque pas de susciter des polémiques au sein de la classe politique, étant donné que la ligne suivie par Beyrouth consiste à rester neutre dans le conflit syrien.
“Le Liban a d’autant plus besoin de se tenir à distance de ce qui se passe en Syrie que la situation y est brûlante. Nous devons à tout prix préserver l’union nationale.
Et il est évident que l’implication militaire du Hezbollah ne facilite pas les choses.
Ce n’est cependant pas une raison pour baisser les bras.
Le président de la République a été clair sur ce point: nous devons convaincre le Hezbollah de ne pas s’enfoncer davantage en Syrie”, a déclaré, dans les colonnes du Figaro, Tammam Salam, appelé à former un nouveau gouvernement.
Chef du bloc parlementaire du futur et ancien Premier ministre, Fouad Siniora a eu des mots encore plus durs à l’égard de la milice libanaise.
“Aujourd’hui, nous vivons des moments tristes à cause de l’intervention du Hezbollah dans la guerre en Syrie pour soutenir un régime qui assassine son peuple.
Le Hezbollah contrôle le village syrien de Qousseir et s’apprête à intervenir dans d’autres régions syriennes, ce qui montre l’ampleur de l’horrifiante implication en Syrie d’une formation libanaise armée devenue une partie du système militaire iranien dans la région ainsi qu’un instrument aux mains d’un régime qui tue son peuple et détruit son pays”, a-t-il affirmé.
ET AUSSI
Il y aurait près de 200 jihadistes russes en Syrie
7 juin 2013 – 17:47
Etant donné que la Syrie est la destination privilégiée du jihadisme international, il n’est guère étonnant de trouver des combattants d’origine russe dans les rangs des groupes rebelles proches de l’idéologie salafiste, voire même ayant fait allégeance à al-Qaïda, comme le Front al-Nosra.
D’ailleurs, en août dernier, le site islamiste tchétchène Kavkazcenter avait annoncé la mort, aux côtés d’insurgés syriens, de Roustam Guelaïev, fils d’un ancien chef de guerre rebelle lors des guerres de Tchétchénie.
Et si la situation dans le Caucase russe est rarement évoquée, il n’en reste pas moins qu’elle est toujours marquée par une rébellion très active, notamment au Daguestan, république voisine de la Tchétchénie.
Régulièrement, des attentats y sont commis, comme celui perpetré le 20 mai dernier devant le siège du service des huissiers de justice à Makhatchkala, la capitale, là-même où vivent les parents des frères Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, impliqués dans les attentats de Boston qui ont fait trois morts et plus de 200 blessés le 15 avril.
Le même jour, le FSB, le service russe de renseignement intérieur, a annoncé avoir déjoué une tentative d’attentat à Moscou, avec l’arrestation de trois “des citoyens russes venus d’Afghanistan et du Pakistan” où ils auraient été entraînés.
La capitale russe a été la cible de deux attaques d’ampleur au cours de ces trois dernières années, à l’aéroport Domodedovo en janvier 2011 (37 tués) et dans le métro en 2010 (40 tués).
Donc, a priori, que des islamistes russes aient fait le voyage en Syrie n’a rien de surprenant. D’après Alexandre Bortnikov, le chef FSB, il y aurait “près de 200 rebelles de ‘l’Emirat du Caucase” qui combattraient “sous le drapeau d’al-Qaïda et d’autres structures affiliés” contre le régime de Bachar el-Assad.
“Nous assistons actuellement à un processus d’intensification des activités des combattants qui se rendent là-bas, en Syrie”, a-t-il ajouté, à l’issue d’une réunion avec des responsables des services de sécurité à Kazan, la capitale du Tatarstan. “Ce qui est dangereux, c’est que ces terroristes vont revenir dans leurs pays d’origine.
Que devons-nous faire, quelle barrière créer (…), ce sont des questions qui ont été soulevées pendant la réunion”, a encore expliqué M. Bortnikov.
Toujours selon lui, cees jihadistes posent une “menace très sérieuse pour tous les Etats, pas seulement pour la Russie et les pays de la CEI (Communauté des Etats Indépendants, ex-URSS moins les pays baltes et la Géorgie), mais aussi pour les Etats européens et le continent américain.”
Pour rappel, l’Emirat du Caucase est une organisation dirigée par le chef rebelle tchétchène Dokou Oumarov. Son objectif est d’instaurer la charia (loi islamique) à l’ensemble du Caucase russe.
Source et publication: http://www.opex360.com/