Un sponsor poserait problème à des joueurs musulmans
Par Guillaume ErrardMis à jour le 12/10/2012 à 22:23 | publié le 12/10/2012 à 18:31 c
Le footballeur français de Newcastle, Hatem Ben Arfa.
Plusieurs joueurs musulmans du club anglais de Newcastle pourraient refuser de porter sur leur maillot avec le nom de la société de crédit Wonga, au nom de la loi islamique qui interdit les emprunts à crédit.
Wonga. Ce nom ne dit sans doute pas grand-chose aux Français mais en Angleterre, et notamment à Newcastle, il fait beaucoup parler.
Cette société de crédit vient de signer un contrat de quatre ans moyennant 24 millions de livres (près de 30 millions d'euros) avec le club anglais de football de Newcastle, actuel dixième du championnat.
Dans un premier temps, ce sont les supporteurs qui n'ont pas vu d'un très bon œil un tel partenariat avec une société qui représente pour eux «la culture du profit à tout prix».
Puis, certains joueurs du club de confession musulmane, parmi eux le Français Hatem Ben Arfa, auraient exprimé leur refus d'arborer le nom du sponsor sur leur maillot, selon le Daily Mail .
La Charia, la loi islamique, interdit en effet l'emprunt à crédit, dont la société Wonga est experte.
Il y a cinq ans, un club espagnol de football, le FC Séville, a connu la même situation avec le Français Frédéric Kanouté. Le joueur a refusé de porter le maillot de son équipe qui était sponsorisée par la société de paris sportifs 888.com.
La société l'a excusé mais lui a demandé en retour de porter le T-shirt avec le logo à l'entraînement… «Peut-on accepter qu'un sportif refuse de porter le logo d'un sponsor sur son maillot au nom de la religion et dans le même temps refuser qu'un autre arbore des signes religieux?, s'interroge Fabrice Lorvo, avocat spécialiste du marketing sportif.
Au nom de la religion, un sportif pourrait alors refuser de jouer le samedi ou le dimanche. Il faut faire attention à ce que les problématiques religieuses ne se transforment pas en interprétations personnelles.» `
Et ce d'autant plus que le sponsor que Wonga remplacera à partir de la saison 2013-2014 sur le devant du maillot est une société de services financiers...
Près de 150 millions de recettes sponsoring en 2011-2012 en Angleterre
Aucun cas n'est à signaler à ce jour dans le championnat français. L'Olympique de Marseille, qui comptait l'an passé plusieurs joueurs musulmans dans son effectif, était sponsorisé par la société de paris sportifs Betclic.
Si les footballeurs concernés de Newcastle refusaient de porter leur maillot avec le nom de Wonga, la société pourrait soit trouver un accord à l'amiable avec les joueurs, comme avec Frédéric Kanouté. Ou bien demander des dommages et intérêts au club anglais pour «inexécution du contrat».
Selon l'avocat, ce dernier pourrait par la suite résilier le contrat qui le lie avec les footballeurs en question pour faute grave. «Cette affaire, si elle se confirmait, pourrait donner des idées à d'autres, ajoute Fabrice Lorvo. Et écorner un peu plus le principe de laïcité dans le sport.»
Surtout, cette nouvelle affaire mettrait en lumière la relation difficile qu'entretiennent les joueurs avec les sociétés partenaires des clubs. «Les joueurs de football ont-ils le droit de revendiquer le choix des sponsors du club?», conclut Fabrice Lorvo.
Quoi qu'il en soit, il s'agirait d'une mauvaise nouvelle pour le championnat britannique alors que les recettes sponsoring, en Angleterre, sont les plus élevées en Europe avec près de 150 millions d'euros en 2011-2012, selon le cabinet Sport+Markt.
Source et publication: Le Figaro.fr