Cela ne s’arrête pas, se multiplie dans les villes et les Sahara, prend de la voix et hurle puis tue et vous prend à la gorge, détruit les Bouddhas géants et les corps et avance comme un désert qui assèche même le désert : le salafisme/islamisme/intégrisme/maladie du siècle et de la peau du monde et de l’envie de vivre.
Et cela n’obéit plus aux anciennes formules de la menace : ce n’est plus une brigade, un groupe ou un front, mais une sorte de tumeur : cela peut faire irruption sous l’aisselle ou dans une rue de Londres, tue puis on arrête l’homme mais pas la maladie.
On tue le preneur d’otage mais pas la cellule maligne. Et cela a un drapeau, comme une peau de ténèbres qu’on agite dans le vent sec et mort de l’infini théologique. Partout, comme une ligne qui va comme un barbelé sur une peau nue.
Partout, le même mort-vivant qui explique: «C’est Allah qui a dit qu’il faut appliquer la Chariâa ». Puis « La démocratie n’est pas dans l’Islam car cela veut dire que l’on donne aux gens le droit de contester Allah et de décider à sa place. C’est inadmissible et on ne laissera pas faire cette hérésie, que Dieu nous protège !».
Qui parle ? Une cellule morte convaincue que Dieu lui a parlé à elle et qu’elle a droit d’infecter le monde qui brille par un monde qui tue.
Invraisemblable : au début, on peut croire que l’islamisme est une idéologie, une politique, une pensée.
Point de vue simple, à travers la grille du « politique », de la doxa et des idées.
Non, il faut aussi voir du point de vue de la biologie : c’est une maladie qui veut manger le monde, pas un choix de foi et de croyance.
L’homme salafiste ne cherche pas Dieu, mais cherche votre cou, dans le noir. Il croit que le monde doit croire comme lui et si le monde ne le fait pas, c’est que le monde est « malade » et doit être ramené au bon chemin. Par les oreilles ou par le sang.
Le salafiste trouve incroyable que l’on ne croit pas comme lui ! Il éprouve la différence comme une attaque personnelle. Il s’étonne que le monde ne soit pas musulman et va le corriger.
Du coup, il faut cesser de parler d’idées: c’est une maladie comme au Moyen-Age, les pestes. Un mal du siècle, mais sans poésie.
Une pathologie contre la civilisation. Cette maladie ne cessera que lorsque le monde sera une tumeur totale.
C’est ce qui menace le plus l’avenir et qui fait peur au ventre : ce qui arrive ce sont des guerres, des massacres et des tueries contre nos enfants qui vont faire la guerre de survie contre ce drapeau noir qui ne signifie pas une « nation » mais la fin des pays et de la terre.
Car, ils sont semblables comme le sont les cadavres en général : du Yémen à la Mauritanie, de Londres à l’Australie.
Même air hirsute, mêmes yeux de fou, même argumentaire surréaliste, mêmes signes et rages et mêmes tressautements du corps habité par un démon d’encre et de versets.
Et cela remonte du sud vers le nord, du voisin vers vous. Partout ce drapeau maudit qui veut faire plier l’homme, front contre terre, et qui explique qu’il a raison, que Dieu a parlé, que la terre est le butin du ciel.
Un monde terrible et assassin et qui veut nous tuer tous, nous, nos enfants, la clarté et l’art et l’espoir et la liberté et la dignité de nos interrogations.
Ce n’est pas une vision pessimiste mais juste un coup d’œil sur ce qui s’annonce : le salafisme/islamisme/djihadisme est une maladie qui veut détruire le monde. Il faut le voir et le traiter comme tel.
Le drapeau noir est le bubon sous l’aisselle des pestiférés.
Signe du trépas.
Source : Le quotidien d'Oran, mai 2013.