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SYRIE: LA TROISIÈME ARMÉE , L' OCCIDENT À ENCORE FOUTU LA M.... !

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Le Point.fr - Publié le 10/10/2012 à 13:52 - Modifié le 10/10/2012 à 23:56

Outre les soldats de Bachar el-Assad et les déserteurs de l'ASL, une troisième force se bat actuellement en Syrie. Analyse.

Le double attentat de Damas a été revendiqué lundi soir par le Front al-Nosra (Front de défense du peuple syrien), un groupe djihadiste lié à al-Qaida.

Le double attentat de Damas a été revendiqué lundi soir par le Front al-Nosra (Front de défense du peuple syrien), un groupe djihadiste lié à al-Qaida. © DR

 
 

Des dizaines de corps brûlés dans un double attentat-suicide à la voiture piégée, devant le siège des services de sécurité de l'armée de l'air, près de Damas.

La veille, c'était le quartier général de la police qui était visé par une attaque.

 Les images de ces attentats, devenus presque quotidiens en Syrie, ne sont pas sans rappeler la tragédie irakienne.

Le régime syrien, qui ne cesse depuis le début de la révolte populaire d'accuser des "groupes terroristes" de vouloir semer le chaos dans le pays, aurait-il raison ?

Ces attaques ne seraient pourtant pas l'oeuvre des déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL), engagée depuis un an dans une lutte sans merci contre le pouvoir syrien.

Le double attentat de Damas a été revendiqué lundi soir par le Front al-Nosra (Front de défense du peuple syrien), un groupe djihadiste lié à al-Qaida, qui affirme être derrière la majorité des attaques ciblant depuis un an les intérêts du régime.

Selon le communiqué du groupe, publié sur Facebook, "un véhicule bourré de neuf tonnes d'explosifs [...] a détruit l'immeuble" des services de renseignements, puis un autre kamikaze "a fait sauter [une] ambulance transportant une tonne d'explosifs qu'il conduisait pour détruire le reste de ce siège et tuer les survivants". 

Opérations-suicides

Fondée en septembre 2011, juste après le massacre de Hama, l'organisation réunit exclusivement des Syriens qui se réclament de la mouvance salafiste djihadiste. "Spécialisée dans les opérations-suicides, elle se focalise sur la colonne vertébrale du régime syrien : les renseignements militaires", souligne au Point.fr l'islamologue Mathieu Guidère (1).

Le groupe, qui ne compterait pas plus de quelques centaines de membres, se démarque en ce sens des autres déserteurs de l'Armée syrienne libre, dont il fustige l'inefficacité. 

"S'ils visent systématiquement des cibles militaires, ils frappent des zones habitées et infligent d'importants dommages collatéraux chez les populations civiles", précise au Point.fr Thomas Pierret (2), maître de conférences de l'islam contemporain à l'université d'Édimbourg.

"Contrairement aux autres groupes, ils n'arborent pas le drapeau de la révolution syrienne, mais le noir à calligraphies blanches, symbole du djihadisme mondial.

Ce genre d'attaques-suicides leur apporte une certaine visibilité ainsi qu'un prestige, plus important que leur force réelle", ajoute le spécialiste

"Pas peur de mourir"

Face à l'absence de réponse internationale au drame syrien, cette aide inespérée apportée à la révolution syrienne impressionne. "Ainsi, le Front al-Nosra peut espérer recruter d'autres combattants au sein de la population", note Thomas Pierret. "Leur grande force, c'est qu'ils n'ont pas peur de mourir", assure à l'AFP Jamal Addine Ibrahim, chef d'une brigade de l'ASL à Alep. "L'autre jour, nous étions sous le feu d'un sniper. Un moudjahid a foncé à découvert jusqu'au pied de l'immeuble, est entré et l'a abattu.

Aucun de mes hommes ne peut faire ça. Je viens ici pour mourir, a-t-il dit en riant", ajoute le responsable rebelle.

"Le Front al-Nosra est fabriqué par le régime syrien lui-même, pour diaboliser l'Armée syrienne libre", assure, au contraire, au Point.fr, Fahad al-Masri, porte-parole du commandement conjoint de l'Armée syrienne libre de l'intérieur. "Le régime syrien a libéré 500 prisonniers, en majorité des membres d'al-Qaida et du parti Al-Tahrir, à condition de collaborer avec lui", ajoute le porte-parole.

De là à viser ses propres services de sécurité ? "Déjà affaibli, ce régime est prêt à tout pour diaboliser la révolution", souligne Fahad al-Masri.

Outre le Front al-Nosra, les Syriens ont récemment vu émerger d'autres combattants, cette fois étrangers. 

Combattants étrangers

"Des salafistes armés sont arrivés en provenance du Maghreb, du Pakistan et de l'Afghanistan, pour mener le djihad", affirme Mathieu Guidère.

Parmi eux figureraient également des djihadistes français. Réunis par nation au sein de "sections" d'environ 80 personnes, ils seraient aujourd'hui 3 000.

Un nombre toutefois minime face aux 350 000 soldats de l'armée syrienne et aux 30 000 combattants de l'ASL.

Si les déserteurs bénéficient de livraisons limitées d'armes, de la part du Qatar et de l'Arabie saoudite, ce n'est pas le cas des djihadistes. 

"L'Arabie saoudite ne soutient que ceux qui s'inscrivent dans un cadre national syrien, souligne Thomas Pierret. Le rêve saoudien serait de favoriser en Syrie l'émergence d'un régime militaire, sunnite et conservateur, pour ainsi garantir le statu quo dans la région."

Le royaume des Saoud n'a pas oublié qu'il y a dix ans à peine il était secoué par la menace djihadiste. "Le royaume craint que, s'il renaît en Syrie, le djihad global n'atteigne vite Riyad." "Le cas Ben Laden leur a servi de leçon", renchérit de son côté Mathieu Guidère.

Toutefois, d'après l'islamologue, l'intérêt de l'Arabie saoudite se situerait surtout dans la guerre par procuration qu'elle mène contre l'Iran. 

Menaces

"L'axe sunnite Arabie saoudite-Qatar-Turquie affronte en Syrie l'axe chiite composé par l'Iran, la Syrie et le Hezbollah, explique l'islamologue. Le but de Riyad est d'attirer ses adversaires en territoire syrien." Et cela fonctionne.

Le soutien total de Téhéran à son seul allié arabe de la région ne fait plus aucun doute. Livraisons massives d'armes, envoi de forces terrestres, soutien logistique et formation des soldats, la République islamique met tout en oeuvre pour ne pas voir se briser trente ans de politique étrangère.

Elle a récemment enregistré le soutien de combattants chiites en provenance du Liban.

"Nous avons capturé 13 soldats libanais du Hezbollah à Homs, affirme Fahad al-Masri. Ils ont été profondément embrigadés et croient réellement à un complot en Syrie."

D'autre part, l'ASL détient toujours les 48 officiers iraniens appartenant à la brigade al-Qods des Gardiens de la révolution (armée idéologique de Téhéran, NDLR), qu'elle avait capturés en août à Damas. "Nous refusons de libérer ces Iraniens avant de définir nos conditions, prévient le porte-parole de l'ASL.

Si les Iraniens ne les appliquent pas, certains de leurs compatriotes, qui assassinent notre peuple, vont bientôt décrocher leur passeport pour l'enfer."

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Par 

 

(1) Mathieu Guidère, professeur d'islamologie à l'université de Toulouse-II, auteur de Printemps islamiste (éditions Ellipses). 

(2) Thomas Pierret, auteur de Baas et islam en Syrie. La dynastie Assad face aux oulémas (PUF, 2011).

 

Source et publication:  http://www.lepoint.fr/monde/syrie-la-troisieme-armee-10-10-2012-1515337_24.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20121011


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