L’aspect lamentable de l’ensemble est renforcé par l’état très dangereux de la sacristie – en voie d’effondrement – mais aussi de la plupart des plafonds et des planchers. Des sondages ont aussi été pratiqués alors tant pour les travaux à venir – le revêtement de certains murs était en partie retiré, il y avait des trous dans les planchers, les sols etc. Enfin, la décrépitude de toutes les façades – et des encadrements des ouvertures, ainsi que des linteaux en tuffeau – ajoutait à l’immense tristesse qui se dégageait du logis abandonné dans son état pitoyable.
Plusieurs millions d’€ de travaux ?
Bien que les marchés publics n’aient pas encore été votés par le conseil municipal, ni rendus publics par la Société d’Equipement de Loire-Atlantique (SELA) qui assure la maîtrise d’ouvrage, c’est une somme à plusieurs millions d’euros qui semble se dessiner pour la remise en état du château. Près de 4.2 millions d’€, d’après l’opposition municipale. Six millions, dit-on sur le chantier. Quoi qu’il en soit, au conseil municipal du 4 février 2013, l’on peut lire la délibération n° 004-2013 : « Monsieur le Directeur Régional des Affaires Culturelles propose d’inscrire au programme 2013 de restauration des MH classés les travaux de restauration générale (2e tranche sur 3) du logis Renaissance du château. La participation du Ministère se fera sous forme d’une subvention de 33 % […] de 1.200.000€ HTsoit 336.000€. ». Les vingt-six conseillers municipaux présents ce soir adoptent la proposition et mandent le maire de demander des subventions au conseil régional et au département.
Par ailleurs, au conseil municipal du 10 octobre 2012, une ligne budgétaire de 300.000 € a été ouverte en sus pour le château – et reprise sur le budget alloué aux Ursulines. Au Conseil Municipal du 24 septembre 2012 on trouve parmi les décisions du maire une série d’attribution de missions d’évaluation et de contrôle pour le futur chantier du château : « n°499-12 [attribué à la société SICLI] diagnostics Logis Renaissance lots 1 à 5 pour un montant de31 229,29€ TTC », correspondant à un avis de marché public publié le 12 avril 2012 et passé par la SELA pour le compte de la mairie ; « n°500-12 APAVE : Logis Renaissance, mission de contrôle technique pour la mission de coordination en matière de sécurité et de protection de la santé des travailleurs [SPS] pour 28 904,93€ TTC » ; « n°502-12 SOCOTEC diagnostic amiante et plomb au logis Renaissance pour 2152,80€ TTC » et enfin « n°504-12 : société AUDATIS, mission de coordination [SPS] pour 1770,08€ TTC ». Ces derniers marchés ont aussi été passés de même, mais lancés bien plus tôt, fin octobre 2011. Le conseil municipal réuni le même jour accepte, par la délibération n°101-2012 une proposition de subvention de la DRAC pour la restauration d’un ensemble de plaques foyères classé en 2011 – qui ne figure pas sur l’inventaire en ligne de la Base Mérimée, assez mal tenu du reste pour ce qui concerne la Loire-Atlantique – à raison de « 30% sur 9280€ HT donc 2784€ ». L’ensemble des marchés publics liés aux travaux devraient être votés en Conseil prochainement.
Des travaux lourds sur près de deux ans
Au vu de l’état du logis, ce sont des travaux très lourds qui sont prévus, sur une durée de deux ans, jusque mi-2015. BreizhJournal a visité le chantier.
Découvrir les travaux à venir au Logis Renaissance d’Ancenis.
A l’extérieur du logis, des fouilles sont conduites en ce moment même. Elles ont mis au jour, d’après Maël et Sophie, les deux archéologues présents sur les lieux, « le niveau rocheux, dégagé par d’importants terrassements lors de la construction du logis », ainsi que des « canalisations d’époque », le château ayant déjà le tout à l’égout, ou plutôt le tout à la Loire. Vers la fin du mois de mai, les fouilles quitteront le côté cour pour passer du côté de la rue des deux Ponts, à l’ouest et au nord du logis.
Au rez-de-chaussée, les huisseries anciennes (portes XVIe et XVIIe, fenêtres à petits bois XVIIIe) seront conservées. Le carrelage herminé sera démonté et remplacé par des dalles ou des tomettes. Les plafonds, en partie fléchis, seront restitués dans leur état du XVIe, de même pour les murs. L’escalier en bois dans sa cage en planches, tout à l’est, en très mauvais état et de toute façon postérieur au logis dans son état historique, a été démonté l’après-midi du 29 avril par les ouvriers. Dans l’escalier à vis, les huisseries remarquables – dont une porte cintrée dans le sens de la courbure de l’escalier – seront conservées.
Au premier étage, les carreaux de 5×5 cm sur lit de ciment sont démontés au marteau piqueur, les tomettes en état récupérées – près de 750 m² de planchers seront recouverts par des tomettes carrées en terre cuite. Toutes les poutres ou quasi, à commencer par celle qui a cassé en 1999, seront remplacées, ainsi que de nombreuses solives. Le but est de restituer l’état du XVIe siècle. Au second, le retable en plâtre de la chapelle va être déposé et conservé à l’abri, « mais nous ne savons pas s’il va être remonté à cet emplacement », nous expliquent les ouvriers, pour lesquels le démontage de ce retable en plâtre du XIXe, accolé au mur d’une peu solide sacristie, est « un vrai casse-tête ». La voûte de la chapelle sera reconstituée à l’identique, la terrasse sur laquelle ouvre la petite porte dans le mur nord de la chapelle débarrassée de son lierre, consolidée et sécurisée puisque seul un garde-corps rouillé et probablement assez postérieur à la construction protège les – rares – visiteurs du vide.
Au second étage toujours, toutes les cloisons du XIXe seront abattues, puisque là encore le but est de reconstituer l’espace tel qu’il était au XVIe et au XVIIe. Plusieurs portes d’intercommunication antérieures au XIXe seront récupérées et replacées ailleurs dans le château ; l’imposte de la première pièce en arrivant depuis l’escalier à vis sera replacée sur une fenêtre à meneaux neuve, garnie de vitraux blancs. Le plâtre des murs sera piqué et remplacé par un revêtement à la chaux, celui des plafonds sera restitué. Le plancher du comble, les charpentes, le haut des maçonneries, la toiture seront refaits à neuf.
A l’extérieur, la sacristie ajoutée entre 1850 et 1860 et au bord de la ruine sera abattue. L’escalier en pierre qui y donne accès par l’extérieur sera donc probablement démonté. La « maison des Rosiers » située au nord-est du site près du portail en pierre (et du massif bâtiment du Conseil Général) sera conservée bien qu’elle est postérieure à la construction. Comme elle n’est pas classée, l’architecte du projet – Pascal Prunet – le même que celui du bâtiment cubique du CG44 soit dit en passant, son métier étant normalement de restaurer les Monuments Historiques et non de les massacrer à la bétonneuse, a trouvé bon d’y mettre l’accueil, les sanitaires et la chaufferie.
Musée or not musée ?
Lorsque les avis de marchés publics de diagnostics ont été publiés fin octobre 2011, il était alors prévu de restaurer alors le château pour en faire « des salles de réceptions et de réunions ouvertes au public ». Finalement c’est un musée qui sera aménagé, tout au moins au premier étage du château, et même sans doute au second, d’après les explications que nous avons reçu sur le chantier. Thèse qu’accrédite l’installation d’un accueil pour les visiteurs et de sanitaires dans la maison ditedes Rosiers.
Cependant, tout musée nécessite de nos jours un ascenseur pour handicapés. M. Prunet se caractérise dans ses réalisations architecturales par des choix délibérément modernes et bien souvent cubiques, accolés avec plus ou moins de bonheur sur les éléments historiques. Il sera donc très utile de vérifier où et comment ces choix architecturaux sont faits dans le projet : le site du château, monument historique qui appartient à l’ensemble du peuple Breton, a déjà été assez altéré comme ça par les affres du temps et les ajouts architecturaux des XIXe et XXIe siècles.