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TRIBUNE LIBRE A PHILIPPE BILGER ( JUSTICE AU SINGULIER )

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J’ai commis le crime de lèse-Taubira: la réponse de Philippe Bilger aux propos de la garde des Sceaux

Christiane Taubira n'aime décidément pas la critique de son (in)action à la tête du ministère de la Justice.

Pourtant, derrière ses envolées à l'Assemblée nationale, le bilan après un an est plutôt maigre.

Critique interdite

Publié le 6 mai 2013
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Christiane taubira a remplacé depuis un an Rachida Dati au ministère de la Justice .

Christiane taubira a remplacé depuis un an Rachida Dati au ministère de la Justice . Crédit Reuters

 

Je suis partagé.

Entre l'honneur d'être attaqué par Christiane Taubira qui me consacre un billet sur le Huffington Post et la déception devant la pauvreté de son argumentation où je retrouve toujours la même tonalité : le cœur, puis le cœur et le cœur enfin.

Des mots sans substance d'où l'humanisme formel dégouline. Un aveu d'impuissance.

Elle ne devrait pas me mépriser au prétexte que je ne serais qu'un ouvrier de la vingt-cinquième heure.

Est-ce si vrai, d'ailleurs ?

Il ne m'a pas fallu longtemps, après l'éblouissante et trompeuse campagne de 2007 pour percevoir que Nicolas Sarkozy ne serait jamais à la hauteur des espérances qu'il avait fait naître.

Durant cinq ans, à ma manière, je n'ai cessé de dénoncer les ombres, inélégances et turpitudes d'une politique qui parvenait à faire de la droite honorable seulement un regret, une nostalgie.

Ce n'est pas ma faute si devant le désastre de 2012 je n'ai pas eu d'autre choix, une fois écarté le lucide et courageux François Bayrou, que d'apporter ma voix à François Hollande. Je n'ai pas été le seul à adopter cette démarche, d'ailleurs, puisqu'une majorité d'électeurs, que le socialisme n'attirait pas, s'est portée sur lui parce qu'il allait permettre la relève et faire place nette dans notre République. Sans eux, sans moi, celui qui vous a nommée n'aurait pas eu cette opportunité.

Par ailleurs si peu ouvrier de la vingt-cinquième heure que, loin de succomber à une adhésion béate ce qui est le propre des soutiens tardifs, je me suis autorisé des critiques, le droit de blâmer, la joie d'approuver et que je ne juge pas incompatible mon vote du mois de mai 2012 avec des réserves sur votre conception de la Justice, vos projets et vos discours. Au fond vous auriez aimé que je vote à gauche mais en étant assurée de mon inconditionnalité à votre égard.

Je reçois cependant comme un hommage votre souci de vous en prendre à moi parce que, pour vous qui n'êtes pas étrangère au sectarisme qui facilite le confort de votre pensée, il démontre que je ne suis pas complètement perdu pour votre cause, que je suis peut-être récupérable.

Comment oublier aussi que vous avez été nommée ministre à cause d'une conception intégriste et ridicule de la parité ? Vous n'étiez pas programmée pour la Chancellerie mais le hasard d'une composition de gouvernement - plus erratique et politicienne qu'on nous l'avait promis - vous a propulsée à ce poste. Rien que cette ironie de votre destin devrait vous conduire à plus de mansuétude et de relativisme.

Mais, à l'évidence, vous ne raffolez que de vos propres dénonciations et ne tolérez guère qu'on prenne au mot votre républicanisme affiché et proclamé.

Je n'aurais pas l'impudence de m'égarer à votre sujet dans les détails alors que l'essentiel est sujet à caution.

Mais, tout de même, permettez-moi de sourire devant votre armada vélocipédique où la modestie de votre engin, avec une simplicité ostensible, est compensée par l'importance de l'appareil qui vous entoure.

Souffrez - et c'est plus sérieux - que je m'interroge sur la gestion de votre cabinet, votre propre comportement dont la cohérence et le sens de l'organisation ne sont pas le fort, la fuite de certains de vos collaborateurs et le départ de votre premier et remarquable Directeur de cabinet. J'ose à peine évoquer les troubles liées à une présence qui mêlant l'intime avec le professionnel crée plus de malaise que de sérénité, en tout cas pour ceux qui vous entourent.

 

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