Engagée dans une lutte sans relâche contre le trafic de drogue aux Izards, la police toulousaine perturbe le trafic.

Une présence contestée par une frange de la population de cette cité.Depuis plusieurs semaines, la police toulousaine mène des opérations de contrôle dans le quartier des Izards.

 

Une cité sensible classée en zone de sécurité prioritaire où le trafic de drogue est durement ancré aux pieds de ces barres d'immeuble en cours de démolition.

Ces opérations donnent lieu à des saisies quotidiennes de résine de cannabis, en petite quantité.

La Bac ou le groupe civil de la compagnie de sécurisation et d'intervention agissent souvent dans le cadre d'un flagrant délit suite à des surveillances.

Engagés dans un travail de fond, les enquêteurs de la sûreté départementale, brigade des stups, n'hésitent pas eux aussi à taper un grand coup dans la fourmilière de l'économie souterraine.

Une présence policière qui se solde aussi par des interpellations dans une ambiance parfois électrique, comme vendredi dernier où les forces de l'ordre ont été confrontées à l'hostilité de certains habitants.

Dans ce contexte, les témoignages se multiplient parmi une frange de la population de cette cité mettant directement en cause l'intervention «musclée» des policiers.

D'un côté, la présence policière qui perturbe le travail des trafiquants et de l'autre, quelques habitants qui tiennent les forces de l'ordre responsables de la détérioration du climat social.

 

Des récits relayés par l'un des avocats d'une famille, Me Etelin, vont même jusqu'à évoquer des «dérapages» en tout genre, «des arrestations violentes» et des «sommes d'argent confisquées à des jeunes, en dehors de toute procédure», rapporte l'avocat pénaliste.

Des assertions graves si elles sont avérées.

Hier, l'état-major de la police nationale a réfuté toute forme d'accusation précisant que la présence des forces de l'ordre s'inscrit dans la lutte contre les trafiquants de drogue.

 

«On peut se demander si l'action policière menée régulièrement et qui dérange n'est pas de nature à inciter les délinquants à mettre en cause les policiers», relève le procureur de la République, Michel Valet, garant du comportement des forces de l'ordre et qui sort aujourd'hui de sa réserve.

 

Le procureur Valet : «Des preuves, et j'engagerai des poursuites»

Comment réagissez-vous aux déclarations de l'avocat Me Etelin qui pointait du doigt, hier dans nos colonnes, l'attitude de la police dans le quartier des Izards, à Toulouse ?

 

Dans ses propos, Me Etelin lance de graves accusations à l'égard de policiers non désignés sous forme d'insinuation laissant penser qu'il existerait une pratique chez ces fonctionnaires consistant, à l'issue d'interpellations, de s'approprier des sommes d'argent ou produits stupéfiants hors de tout cadre juridique.

 

Ces accusations sont d'une extrême gravité. Ma réaction est d'inviter Me Etelin, ou tout autre avocat, s'ils disposent d'informations accréditant ces accusations, de les porter à ma connaissance.

Je n'hésiterais pas, si les éléments en ma possession sont suffisamment étayés, à poursuivre s'il le faut.

 

Jugez-vous ces déclarations surprenantes ?

Toute mise en cause d'un policier ou d'un gendarme pour des comportements contraires à la loi fait systématiquement l'objet d'une enquête.

 


Depuis 5 ans, j'ai saisi des dizaines de fois les services de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) ou de l'IGGN (Inspection de la gendarmerie nationale).

 

Dans quelques cas, ces enquêtes ont abouti à des poursuites pénales ou disciplinaires.

Mais dans l'immense majorité, les fonctionnaires de police (NDLR, près de 2 000 à Toulouse) font honnêtement leur travail.

 

Et ils ne méritent pas les soupçons que laissent planer sur eux les propos de Me Etelin.

 

Dans quelles mesures ces témoignages relayés par l'avocat pourraient-ils apparaître crédibles à vos yeux ?

Si Me Etelin, ou d'autres de ses confrères ont des éléments sur ces affaires qu'ils n'hésitent pas à me saisir.

Mais je remarque que lorsque les policiers perturbent par leurs interventions le trafic de drogue, il peut être tentant pour certains mis en cause dérangés, de jeter le discrédit sur les policiers.

 

 

L'affaire de la Bac Marseille et ces policiers mis en examen pour avoir racketté des jeunes a laissé des traces dans les cités….

Les jours qui ont suivi l'affaire de la Bac de Marseille, j'ai reçu des courriers anonymes dénonçant des pratiques comparables à celles de ces policiers, laissant entendre que certains policiers à Toulouse s'étaient comportés de manière abusive.

À chaque fois, j'ai ordonné une enquête et à ce jour je ne dispose pas d'informations permettant d'accréditer ces accusations.

C'est pareil pour les faits de violence. Je suis saisi régulièrement de plaintes ou de réclamations mettant en cause les forces de l'ordre.

 

Ces dénonciations font l'objet d'une enquête. Je n'ai jamais laissé sans réponse une telle démarche.

Recueilli par F.Ab

SOURCE : LA DÉPÊCHE